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Réindustrialisation, ENR, mobilité : les priorités d’Etienne Guyot en Nouvelle-Aquitaine

Écosystème
jeudi 28 septembre 2023

Un comité régional de l'énergie, coprésidé par Etienne Guyot (préfet de région) et Alain Rousset (président du Conseil régional) sera créé en Nouvelle-Aquitaine. Photo d'illustration : Adobe Stock Engel.Ac

Le préfet de Nouvelle-Aquitaine Etienne Guyot a présenté les différentes orientations de la politique de l’Etat, en région, pour les mois à venir. Entre un soutien à la réindustrialisation via le programme France 2030, une accélération des énergies renouvelables, et une enveloppe revue à la hausse pour soutenir les mobilités. Décryptage.

C’est avec plusieurs priorités gouvernementales, déclinées en Région, que le préfet de Nouvelle-Aquitaine Etienne Guyot a tenu sa première conférence de rentrée depuis sa nomination, en janvier dernier. Parmi elle, le plein-emploi et la réindustrialisation, et la transition écologique. « Il faut tenir le cap des indicateurs économiques, et travailler en profondeur pour améliorer ceux qui sont moins dynamiques », a affirmé le préfet en préambule. À date, il note qu’une hausse moyenne de 9% du chiffre d’affaires des entreprises se fait sentir en Nouvelle-Aquitaine, et que le chômage se maintient à un niveau « historiquement faible » : 6,2% dans la région, soit un point en dessous de la moyenne nationale. Pour autant, « lorsque je rencontre des entreprises, le premier sujet qu’elles abordent même s’il est peut-être plus nuancé qu’avant, c’est la difficulté de pourvoir des postes. Les entreprises ont peut-être moins de visibilité dans un contexte d’inflation, qui impacte leur activité comme le budget des ménages », a déroulé le préfet. Qui ajoute avoir à l’esprit « un certain nombre de secteurs pour lesquels on a des signaux faibles » : les transports, la construction ou l’industrie alimentaire notamment. Etienne Guyot est également revenu sur l’annonce du gouvernement de supprimer progressivement, d’ici à 2027, la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), applicable aux sociétés qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 500.000 euros. « Cela va se traduire par une baisse des prélèvements d’un milliard d’euros dès 2024 », a noté le préfet.

Autre enjeu du préfet de région : la déclinaison territoriale du plan France 2030, un programme de 54 milliards d’euros pour soutenir dix secteurs de l’économie française. « Cela fonctionne au moyen d’appels à projets locaux ou nationaux. [...] Et dans ce cadre, la dimension industrielle est tout à fait importante », a souligné Etienne Guyot. Qui rappelle qu’en 50 ans, la part de l’industrie dans le PIB national est passé de 22 à 11%, et que 2,5 millions d’emplois ont été supprimés dans cette période. Il évoque ainsi « plusieurs challenges » : mieux produire, en développant l’hydrogène vert, les énergies renouvelables, et programmer les futurs EPR prévus en France d’ici 2042. À ce titre, Etienne Guyot a dit « pousser » pour que la centrale nucléaire du Blayais en accueille un.

Mettre l’accent sur les ENR…

Concernant la transition écologique, le budget 2024 de la France sera doté de 10 milliards d’euros supplémentaires, « qui se retrouveront dans les différentes régions ». Parmi les enjeux concernés, l’eau et le plan idoine dévoilé il y a quelques mois. Sur le territoire néoaquitain, il se déclinera en sept axes, parmi lesquels la sobriété des usages, l’un des enjeux prioritaires. Car sur les 12 départements, « 75% du territoire présente un déficit structurel, hormis la Gironde qui bénéficie d’un phénomène de nappes d’eau souterraine de très grande qualité », a précisé Etienne Guyot. Second axe majeur : la protection des captages d’eau potable, car sur le presque 3.000 captages néoaquitains, environ 250 sont concernés par une dégradation de la qualité de la ressource.

Le préfet a ensuite abordé la question des énergies renouvelables, rappelant au passage que « la Nouvelle-Aquitaine est la première région de France pour le photovoltaïque », et dispose de parcs éoliens en activité, et de projets d’éolien flottant. Pour autant, la part des énergies fossiles dans la consommation finale d’énergie s’élève, en région, à 55%. « La loi sur l’accélération des énergies renouvelables prévoit que les communes soient à la manœuvre, pour qu’elles fassent des propositions d’implantation d’énergies renouvelables. On a arrêté en juin une stratégie de l’Etat, de façon à indiquer comment nous pensons qu’il y a des développements possibles, puis les décisions sont prises localement. » Dans les faits, une nouvelle instance va faire son apparition : le Comité régional de l’énergie, coprésidé par Etienne Guyot et Alain Rousset. Composé de différents acteurs du secteur, il étudiera les projets portés par les collectivités « pour ensuite les laisser vivre leur vie ».

… et sur le ferroviaire

Sur le plan de la mobilité, Etienne Guyot a réaffirmé une hausse du soutien de l’Etat dans le cadre du contrat plan 2023-2027 : 150 millions d’euros par an, contre 90 millions d’euros sur la période 2015-2022. Une enveloppe « principalement fléchée vers le ferroviaire », mais aussi sur les besoins routiers. Rien que pour les RER métropolitains, les « SERM » (services express régionaux métropolitains) voulus par l’Etat, 150 millions d’euros seront alloués sur les quatre ans à venir. « Ce sera même peut-être plus, a esquissé le préfet. Ce sont des discussions que nous allons mener avec les collectivités. » Sont concernées en Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux, Bayonne, Pau et La Rochelle.

En Gironde plus particulièrement, un comité des mobilités prendra bientôt place à la Région, au Département, à la Métropole et à la Ville de Bordeaux. « En partant du principe que pour ce qui concerne l’agglomération bordelaise au sens large, on a de très gros sujets de déplacement. J’ai proposé aux collectivités qu’on mène un dispositif permettant de tomber d’accord sur les priorités que nous voulons déployer dans le temps, et sur le moyen de les financer », a affirmé Etienne Guyot, précisant qu’il souhaite une feuille de route à cinq ans.

À propos du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), Etienne Guyot a rappelé son « utilité publique » malgré un avis défavorable de l’autorité environnementale qui a récemment émis « de fortes réserves ». Il a également précisé que SNCF, qui est le maître d’ouvrage du projet, « est en train de regarder » cet avis.

Un soutien aux viticulteurs

Sans s’avancer sur le bilan des vendanges 2023, Etienne Guyot a terminé son propos par un mot sur la situation des viticulteurs, confrontés sévèrement, pour certains, au mildiou. « Pour les exploitations qui perdront plus de 30% de leurs récoltes par rapport à l’an dernier, il sera possible de demander une exonération de la taxe foncière sur les propriétés non bâties », a-t-il ainsi annoncé. Dressant au passage un bilan des dispositifs de distillation d’urgence et d’arrachage : 20% des volumes d’AOC en Gironde ont été concernés par la première phase de distillation (deuxième phase en fin d’année et troisième en 2024) ; et l'arrachage pourrait démarrer en novembre, avec « des premières indemnités qui pourraient être versées à la fin de l’année ».