Le plan de bataille d’Exoès / e-Mersiv - Premium

Puissance invitante autant qu’illustrante, Exoès servaient d’écrin il y a quelques semaines à la présentation officielle du dispositif 360 Export, destiné à booster l’accompagnement des entreprises à l’international. Une sortie hors des frontières qui s’impose fortement dans la stratégie de cette PME, initialement spécialisée dans les systèmes de management thermique, notamment pour le monde des transports et qui, avec sa société sœur e-Mersiv, se trouve par nature lancée à la conquête de marchés internationaux. Pour rappel, cette structure ambitionne pour sa part de développer des batteries hautes performances, par intégration d’une technologie dite « immersion cooling », promettant notamment une charge rapide en 10 minutes et pouvant potentiellement adresser toutes sortes de véhicules électriques, de la voiture de sport à l’hybride premium en passant par les solutions sur mesure. Aujourd’hui, l'ensemble mène de front trois chantiers cruciaux pour son avenir.Devenir une ETIGravitant dans la galaxie des PME, l’industriel veut basculer dans la dimension des ETI. Première étape : la création d’une structure holding, qui va venir chapeauter les sociétés Exoès et e-Mersiv. « Ce sera effectif au premier trimestre 2024 et ça supposera de restructurer et d’augmenter le capital », annonce Arnaud Desrentes, qui maintient une chape de plomb sur la levée de fonds en cours de réalisation, qu’il s’agisse du montant ou des partenaires qu’elle mobilise. Il se montre plus disert quant aux raisons : « Cela va nous permettre de mieux structurer l’organisation des deux entités, ainsi que d’Exoes UK », structure qui a vu le jour au printemps dernier. Au menu : management intermédiaire, comité de direction, comité exécutif. En parallèle, un « chantier de fond sur la qualité sera mené, ça va supposer un gros travail de traçabilité, de la documentation renforcée, pour les sites et les produits ».Deuxième étape : poursuivre le maillage international, ce qui induira un volet RH ouvrant de nouvelles perspectives à l’effectif existant : « On va développer des parcours de filière et de mobilité avec nos sites à l’étranger », confirme le dirigeant. « Aux USA et en Corée nous allons faire un copier/coller de Gradignan, en plus petit mais il y aura l’ensemble des compétences métiers, la conception, la simulation, le prototypage, les moyens d’essais et les bancs d’essais en exploitation. » Concernant l’Allemagne, c’est toujours la piste de la croissance externe qui tient la corde. « Ça serait très dur en partant de zéro, nous sommes en phase amont de prospection et de rencontre. Au deuxième trimestre 2024, on devrait avoir identifié une short list, pour boucler l'acquisition en fin d’année ». Concernant le Royaume-Uni, « c’est ouvert, on va accélérer par du commerce et muscler l’équipe dédiée pour ça. On va aussi basculer les clients anglais qu’on a déjà, aujourd’hui pilotés depuis la France, vers l’entité anglaise d’ici fin 2024. » En matière de timing, les USA devrait ouvrir en 2025 - cinq clients seraient déjà sécurisés - et la Corée en 2026. Au global, l’effectif cumulé devrait passer de 50 à quelque 250 personnes dans ce cadre.Création d’une ligne pilote à multiplierEnjeu industriel majeur pour la suite des évènements : la création d’une ligne pilote dédiée à la fabrication de batteries de haute performance, qui verra le jour sur le site de Gradignan, au niveau du siège social. Le chantier est en cours car le temps presse, en vue d’une réception des travaux en septembre prochain et d’une mise en service avant décembre 2024. Quelque 2,5 millions d’euros doivent être engagés dans cette réalisation, pour laquelle l’entreprise sollicite l’aide du Conseil régional. A la clef : une vingtaine d’emplois supplémentaires et un gros enjeu : « valider le modèle industriel en tant que brique élémentaire, rigidifiée, qui peut être dupliquée et l’exporter dans les différents centres mondiaux de l’entreprise. Le but derrière, ce sont des usines de 5.000 à 10.000 m² ». En phase de déploiement industriel, « on ira mettre une base en Amérique du Nord pour bénéficier de l’Inflation Reduction Act, qui subventionne très fortement et très généreusement la fabrication de packs de batteries aux Etats-Unis, mais pour lequel le Canada est en train de s’organiser pour avoir un dispositif suiveur », déroule Arnaud Desrentes.Lequel n’écarte pas d’être sur un modèle de licence de technologie aux USA, « pour ne pas supporter l’ensemble des CAPEX ni assumer seul tous les risques sur un continent où on maîtrise un peu moins les enjeux juridiques, administratifs et financiers ». Sur ce dernier point, la levée de fonds devrait assurer l’essentiel des besoins d’ici la fin de la décennie pour Exoès, mais ne couvrir ceux d’e-Mersiv que pendant un an environ. « Il y a aura alors une autre levée de fonds très nettement supérieure, courant 2025 », confirme le dirigeantUne plateforme d’essais unique en EuropeS’il s’agissait de tarot, Arnaud Desrentes sortirait cette carte comme s’il avait un 22 d’atout dans la manche. « Là, on va apporter vraiment une valeur ajoutée unique au marché, avec la création d’une plateforme d’essais unique en Europe. On sera la seule société à être verticalement intégrée dans toute la phase, dès l’expression du besoin. Quel est le bon chemin pour y arriver entre la conception, la simulation, la fabrication réelle des prototypes, les essais de ceux-ci… Quand on est sur une phase exploratoire, on n’a aucun standard. C’est ce qu’on apporte comme plus-value, on est capable de définir les essais qui vont permettre de valider ou non une technologie. C’est aussi l’objet de cette levée de fonds, pour Exoès, avoir une plateforme qui adresse tous les composants critiques d’un véhicule électrique. Qui va permettre aussi d’en réduire la taille, donc leur coût, leur masse et l’empreinte carbone liée. Et d’ajouter une couche système d’intelligence qui va réguler l’ensemble, pour en augmenter la durée de vie de 10 à 40% suivant les cas, en assurant une meilleure gestion thermique », s’enthousiasme le dirigeant. Qui table sur une mise en service de cette plateforme complète avant fin 2024, à Gradignan.

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