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Mobilité du futur : « La Nouvelle-Aquitaine est un territoire de R&D » - Premium

Demain
vendredi 10 juin 2022

Jean-Patrick Teyssaire, président du salon Electric-Road. Crédits : Jean-Patrick Teyssaire

Le congrès dédié à la mobilité de demain, Electric-Road, se tiendra au Palais des congrès de Bordeaux du 29 juin au 1er juillet 2022. Professionnels et experts s’y retrouveront pour aborder les enjeux à court, moyen et long terme. Pour Placéco, le président de l’événement Jean-Patrick Teyssaire, revient sur ces défis, et la place de la Nouvelle-Aquitaine.

L’année dernière, les deux thématiques principales du salon Electric-Road étaient les bornes de charge et les batteries. Quels seront les défis abordés, cette année ?
Il faut évidemment se remettre en question et innover. Nous serons moins axés sur le marché des voitures particulières, car je considère que de ce côté-là, les constructeurs automobiles ont joué le jeu. Le Parlement européen a voté ce mercredi 8 juin l’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2035, les constructeurs ont développé des voitures qui sont certes encore chères – ce sera un élément dont on parlera durant le congrès -, mais il n’y a plus grand-chose à dire sur le plan technique. Les voitures sont sûres, confortables, ont 500 kilomètres d’autonomie… On ne va pas s’appesantir là-dessus. Maintenant, il est temps de se préoccuper de ce qui entoure la voiture, c’est-à-dire les infrastructures. Que ce soit en ville, dans les milieux ruraux ou sur autoroute ; c’est pour ça que cette édition se nomme « Les assises des rues et des routes du futur ».

La thématique des infrastructures regroupe beaucoup d’éléments. Sur quoi vous concentrerez-vous ?
Il y aura beaucoup de transformations dans ce qui entoure cette nouvelle mobilité, à commencer par les bornes de charges. On entend Emmanuel Macron dire « on veut une borne de charge tous les 60 kilomètres », mais on a chiffré le coût de telles installations à 300 milliards d’euros, donc ce n’est pas simple. En même temps, on sait que si un automobiliste n’a pas de borne de charge près de son véhicule, il ne se sentira pas en sécurité. Ensuite, nous parlerons beaucoup de digital car ça fait partie de toute cette grande transformation. Un jour nous verrons des voitures avec un certain degré d’automatisation – sans aller jusqu’à la voiture complètement autonome, parce qu’on n'y arrivera mais peut-être pas demain matin. Enfin, on parlera de l’alimentation en énergie des routes, qui seront nécessaires pour peut-être recharger les voitures de manière dynamique, sur ces routes. C’est un élément phare de ce qu’on connaît, et nous avons réuni tous les spécialistes de ces nouvelles technologies qui arrivent, à l’échelle européenne.

« L'autoroute connectée est un sujet mondial »

Pouvoir recharger des véhicules via une route paraît très futuriste… Selon vous, cela arrivera dans un avenir plus ou moins proche ?
Oui, ça fait l’objet de beaucoup d’études. La dernière réunion a eu lieu en octobre 2021 devant Jean-Baptiste Djebbari [NDLR, alors Ministre délégué chargé des transports], durant laquelle il y a eu un certain nombre de décisions prises. Et notamment, consacrer un budget au développement de ces technologies. Il y en a, pour résumer, trois ou quatre dont certaines sont déjà mises en œuvre en Suède et en Allemagne ; et l’une de ces technologies prendra le dessus et permettra d’avoir des véhicules avec des batteries peut-être moins importantes. Je parle notamment des camions, car le problème de leur électrification sera évident. 90% des marchandises sont transportées par la route, et les poids lourds sont très polluants. On ne peut pas dire aux automobilistes de rouler en électrique, et dire aux transporteurs de rouler au gasoil. Si on veut électrifier un camion de 40 tonnes, il faut mettre 7 tonnes de batterie… C’est quasiment impossible. La seule solution sera de l’alimenter pendant qu’il roule. De même, sur les voitures, si on allège la batterie, on peut diminuer leur prix et enfin accéder au marché de masse.

Comment se positionne la Nouvelle-Aquitaine sur ces marchés, aujourd’hui ?
Ce n’est pas une région de constructeurs à proprement parler – surtout après la fermeture de l’usine Ford à Blanquefort -, et aujourd’hui c’est plus un territoire de R&D notamment en termes de batteries, c’est pour ça qu’on en parlera de nouveau cette année. Ce n’est certes pas la première région française concernant la mobilité électrique, mais la volonté de son président Alain Rousset est de faire d’Electric-Road un congrès phare dans un domaine bien particulier. C’est pour cela que j’ai choisi les rues et les routes, car à ma connaissance il n’y a pas encore d’événementiel qui parle de ce sujet. Electric-Road, ce n’est pas seulement une vitrine d’exposition, c’est surtout un laboratoire, un carrefour où les professionnels aiment se retrouver pour bâtir ensemble des voies nouvelles.

Dans la région, l’autoroute A63 fait elle-même office de laboratoire, pour les routes connectées du futur…
Oui, Olivier Quoy [NDLR, directeur général d’Atlandes, gestionnaire de l’autoroute] souhaite participer à des expérimentations. C’est quelque chose qui serait supporté par la Nouvelle-Aquitaine, et Alain Rousset a acquiescé à ma demande de faire des expérimentations sur le territoire. À partir du moment où on n’a pas d’usine de voiture en Nouvelle-Aquitaine, il faut regarder ce qu’on a d’autres. L’autoroute connectée, c’est un sujet mondial et c’est aussi ça qui est intéressant : sortir de la région, avoir un congrès qui est évidemment aquitain mais qui intéresse l’Europe voire le monde entier.

En 2035, « des milliers d’emplois à réorienter »

Une journée sera également consacrée à l’emploi. Est-ce un sujet qui soulève des inquiétudes, pour vous ?
C’est important car il n’y a pas, aujourd’hui, de congrès consacré à l’emploi dans la filière des nouvelles mobilités. Il y a un problème extrêmement urgent d’embauche sur toute la France, également dans cette filière car toutes les nouvelles entreprises cherchent à embaucher et ont beaucoup de mal. Mais il y a un second problème. On a à peu près 100.000 emplois dans l’automobile traditionnelle – jusqu’au petit mécanicien de quartier -, or dans une voiture électrique il n’y a plus de courroie, de vidange, plus rien. Le travail de maintenance sera ainsi réduit, en 2035, à sa plus simple expression. On aura des dizaines de milliers d’emplois à réorienter. Cette journée dédiée à l’emploi sera donc animée par des conférences d’experts, des startups pourront rencontrer des financeurs et il y aura enfin un forum où les entreprises qui souhaitent rencontrer les jeunes pourront pitcher leurs besoins.

Plus d'informations sur Electric-Road

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