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A Bordeaux, un Comptoir pour les adeptes du Bitcoin

Innovation
jeudi 28 janvier 2021

François Miquel et Baptiste Lac - photo AL

Le Comptoir des Cybermonnaies de Bordeaux est l’unique magasin physique enregistré comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers. Les amateurs de cryptomonnaies attirés par la spectaculaire envolée du cours du bitcoin viennent y chercher conseils, formations et transactions sécurisées.

Le rendez-vous est pris le 7 janvier, un peu avant l’ouverture du Comptoir des cybermonnaies, installé cours d’Alsace-Lorraine à Bordeaux. Au téléphone, François Miquel, son cofondateur, prévient : « on risque d’avoir un peu de passage, c’est une période de forte activité pour nous ». Le cours du bitcoin, première des cybermonnaies par sa capitalisation, est alors à 24 heures de son plus haut historique, à près de 42.000 dollars. Du jamais vu pour cette incarnation monétaire de la technologie Blockchain, longtemps présentée dans les médias généralistes comme un outil de paiement mis au service des trafiquants à l’œuvre sur le darkweb.

Bien que le sujet reste éminemment complexe, il est désormais sur toutes les lèvres, et suscite un débat polarisé entre ses détracteurs qui crient à la pyramide de Ponzi et ceux qui croient à l’avenir durable d’un actif à la fois immatériel et décentralisé. Début 2021, on oppose par exemple les déclarations d’un Jean-Claude Trichet, ex-président de la Banque Centrale Européenne, qui dénonce un pur instrument de spéculation, et les prévisions de la banque américaine JP Morgan qui pronostique un bitcoin à 146.000 dollars d’ici quelques années, devenu une alternative à l'or comme valeur refuge. 

Un changement de paradigme

Au Comptoir des cybermonnaies, où un écran affiche en permanence l’évolution des cours du bitcoin ou de l’Ethereum, la question passionne, forcément, même si la boutique ne fournit pas de conseil en investissement. « C’est d’abord l’innovation technique qui nous a attirés, se souvient Baptiste Lac, l’autre cofondateur. Les cryptomonnaies créent un changement de paradigme, d’un point de vue informatique et mathématique, puisque pour la première fois on accède à de la rareté numérique, c’est-à-dire un actif immatériel que l’on ne peut pas copier ».

Les deux associés commencent à mûrir leur projet de boutique fin 2017, avec dès le départ l’idée d’accompagner les néophytes ou les investisseurs peu portés sur les aspects techniques du sujet dans le vaste monde des cybermonnaies, où fleurissent aussi les arnaques et les intermédiaires peu scrupuleux. Le Comptoir voit le jour le 31 octobre 2018, une date symbolique puisqu’elle correspond aux dix ans de la parution du livre blanc posant les bases de ce que deviendra le Bitcoin.

Un tiers de confiance pédagogue

« L’idée de notre boutique, c’est que les gens puissent acheter des cryptoactifs par notre intermédiaire pour ensuite les conserver eux-mêmes. Ils restent ainsi libres et indépendants dans la gestion de leurs actifs, ce qui correspond à la philosophie des cryptomonnaies. Nous ne faisons donc pas de conservation, en revanche, on accompagne nos clients dans la création de leur portefeuille électronique et les opérations de sécurisation associées », explique François Miquel.

Les deux associés font ensuite office de tiers de confiance avec une activité de bureau de change qui constitue le cœur de leur modèle économique. Ils passent les ordres d’achat et de vente pour le compte de leurs clients, qui ont ainsi la garantie de traiter avec un organisme dûment enregistré, répondant aux exigences de conformité et capable d’émettre des factures utiles pour justifier la provenance des fonds sortants auprès d’une banque ou de l’administration fiscale. Le Comptoir se rémunère à la commission, avec des frais fixes de 9,90 euros par transaction puis un taux variable compris entre 2,99% et 4,49% du montant de la transaction.

La boutique attire des profils très divers. « Notre clientèle va du jeune de 18 ans qui vient réaliser une petite transaction par carte bancaire, à des personnes plus senior qui disposent d’un patrimoine plus conséquent, avec plusieurs types de démarche. Certains viennent au bitcoin pour diversifier leurs actifs et se protéger des effets de bord de la crise économique. Ceux-là sont moins dans une logique de profit à court terme que dans une logique de défiance vis-à-vis des outils d’investissement traditionnels, exactement comme commencent à le faire certains institutionnels. Et après, il y a des gens qui ont moins peur du risque et viennent vraiment pour spéculer », décrit Baptiste Lac. À ceux qui souhaitent investir sur le long terme sans tenir compte de l’importante volatilité des cours, le Comptoir propose une logique de rentrée prudente, avec un service d’achat mensualisé sans engagement.

Une révolution inéluctable ?

Les deux fondateurs proposent également une activité de formation, avec une série de modules destinés à l’apprentissage des fondamentaux de la blockchain et des marchés financiers. En parallèle, ils envisagent leur développement, avec un premier recrutement devant leur permettre de dégager du temps pour imaginer de nouveaux services, mettre en place une offre éditoriale en direction de leurs clients et, pourquoi pas, étudier l’ouverture de nouvelles boutiques de façon à étendre leur maillage territorial. Si leur pas de porte bordelais connaît une affluence grandissante, l’activité reste soumise à une certaine saisonnalité, dictée par l’évolution des cours des cryptomonnaies, bitcoin en tête. L’univers des cryptomonnaies suscite par ailleurs toujours le scepticisme du monde bancaire traditionnel, ce qui limite les leviers financiers disponibles.

Pour les deux associés, l’avenir des cryptoactifs ne fait cependant aucun doute, qu’il s’agisse de la pérennité de l’écosystème - encore en pleine construction - entourant le bitcoin ou de sa valorisation. « C’est une révolution inéluctable. Elle peut être freinée ou ralentie, mais une fois qu’on a acquis la conviction qu’elle ne peut pas être arrêtée et quand on sait que le bitcoin est émis en quantités limitées, la loi de l’offre et de la demande étant ce qu’elle est, on en arrive à la conclusion qu’il y aura une appréciation de valeur conséquente », estime François Miquel. 

Le Comptoir des cybermonnaies
37 Cours d’Alsace et Lorraine, Bordeaux

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