Maladies rares : SimforHealth veut former à la « culture du doute » - Premium

Une plateforme de simulation numérique pour former les professionnels de santé non-spécialistes des maladies rares. Telle est l’ambition de SimforHealth, qui vient de remporter un appel à projets porté par le consortium Coalition Next. « Ce consortium est composé d’acteurs privés et publics de la santé, présente Jérôme Leleu, CEO de l’entreprise. On retrouve Novartis, Ipsen, Pfizer et Takeda. » L’appel à projets, lui a pour but d’améliorer le dépistage et le retard de diagnostics. « Les maladies rares sont un sujet qui intéresse beaucoup en France, précise Emmanuelle Gouot, responsable coordination scientifique chez SimforHealth. Entre 7.000 et 8.000 pathologies sont aujourd’hui identifiées mais la majorité des professionnels de soins dits "primaires", c’est-à-dire les médecins généralistes, les personnes qu’on va voir en premier lieu, ne sont pas forcément confrontés à ces pathologies. » Conséquence : seule une personne sur deux atteintes d’une maladie rare bénéficie d’un diagnostic précis ; et pour un quart des patients, ce diagnostic n’est posé qu’au bout de cinq ans d’errance, en moyenne. De plus, la complexité de ces maladies, multi-symptomatiques et variables d’un patient à l’autre, ne facilite pas leur détection. « Notre idée, c’est de développer un outil pour cibler ce problème d’acculturation des professionnels, reprend Emmanuelle Douot. En créant ce premier simulateur, on se focalise sur la "culture du doute". On ne pourra jamais livrer des connaissances approfondies sur l’entièreté des pathologies aux soins primaires, mais on peut sensibiliser les professionnels au réflexe de se dire "et si c’était une maladie rare ?" »Rester gratuit pour les professionnels Pour l’instant, SimforHealth n’a pas de calendrier précis quant au lancement de sa plateforme. Pour la développer, les équipes de la société bordelaise travaillent avec plusieurs experts, confrontés chaque jour à ces maladies rares. « Surtout, le fait que quatre laboratoires se mobilisent auprès d’une société innovante comme la nôtre est assez unique, souligne Jérôme Leleu. Ce projet nous tient à cœur depuis deux ou trois ans, et les acteurs de l’écosystème des maladies rares que l’on a rencontrés nous disaient "on a envie de le faire, mais on n’a pas les moyens". Le consortium qui nous suit me semble intéressant, car son appel à projets est un sujet de santé publique, mais à un moment, le prisme financier entre aussi en compte. Si les acteurs ne se mobilisent pas, on ne peut pas avancer. » Si SimforHealth ne communique pas sur le montant alloué par Coalition Next, son CEO l’assure, « aucun des laboratoires n’intervient sur le contenu de ce module ». Une fois terminé, le simulateur devra encore être déployé auprès de son public : les 100.000 médecins généralistes installés sur l’Hexagone, ou encore les pédiatres. « Nous travaillons sur différents partenariats pour adresser ces professionnels, et nous travaillerons aussi sur l’accompagnement des différentes filières, de tout cet écosystème des maladies rares. L'un de nos piliers, c’est la gratuité de ce simulateur pour l’ensemble des professionnels de santé. Ça le restera, par le déploiement d’autres simulateurs – payants, eux -, sur la plateforme », explique le CEO de SimforHealth.Former par la simulation Car la raison d’être de SimforHealth ne s’arrête pas à leur projet sur les maladies rares. Lorsque l’entreprise se lance en 2016, avec une levée de fonds de 5 millions d’euros pour amorcer le projet, l’objectif est de démocratiser l’usage de simulateurs dans tous les domaines de la santé. « On s’intéressait à la formation pour les professionnels du secteur, se remémore Jérôme Leleu. On a développé une plateforme, MedicActiv, qui regroupe l’ensemble de nos simulateurs. » Ces derniers recréent des situations cliniques avec un même leitmotiv : pour assurer la meilleure prise en charge, « ne jamais réaliser le premier soin sur le patient ». Une notion portée par la Haute Autorité de Santé depuis une dizaine d’année. « En formation initiale ou continue, le but est d’avoir une approche la plus éthique possible. On peut faire une erreur sur un patient virtuel, pour ne pas la refaire sur un patient réel », résume le CEO de SimforHealth. Depuis sa création, la société multiplie les partenariats avec des prestigieux noms comme l’Inria, le CHU de Bordeaux ou l’IHU Liryc, notamment dans le domaine de l’insuffisance cardiaque. Via un financement de la Région Nouvelle-Aquitaine, les équipes de Jérôme Leleu ont ainsi pu développer 9 simulateurs à destination des futurs infirmiers. Une boîte d’outils aujourd’hui déployée dans une soixantaine de structures en Nouvelle-Aquitaine, par la Croix-Rouge et même à l'étranger à l’étranger. SimforHealthBasée à la Cité Numérique (Bègles)20 salariésCA : n. c.

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