Le Sun Creature Studio basé à Bègles sort son premier long-métrage animé - Premium

Pour Sun Creature, studio spécialisé dans l’animation 2D, s’implanter à la Cité Numérique de Bègles n’était au départ pas une évidence. Car l’aventure démarre, en 2013, au Danemark. Six fondateurs – trois Danois et trois Français, sont à l’origine du projet. Parmi eux, Charlotte de La Gournerie, productrice. « Nous avons lancé le studio avec un projet de film de fin d’études réalisé par deux de nos partenaires danois, "The Reward", se remémore-t-elle. Ça a très bien fonctionné sur internet et grâce à ce succès, nous avons réussi à boucler deux campagnes de crowdfunding en deux ans, pour récolter un total de 300.000 dollars. » L’équipe internationale peut alors s’acheter les équipements nécessaires, et se dégager un petit salaire, pour continuer de produire la web-série. Puis les projets s’enchaînent et il y a cinq ans, Charlotte de La Gournerie produit une autre série, « The Heroic Quest of the Valiant Prince Ivandoe », comptant 10 épisodes de moins de 3 minutes. « On a été nommé aux BAFA, l’équivalent des Césars et suite à ce succès la chaîne Cartoon Networks nous a demandé de produire 40 épisodes de 11 minutes », poursuit la jeune femme. Alors, décision est prise d’ouvrir une filiale dans la métropole bordelaise, dotée d’un aéroport international et d’un certain rayonnement culturel, pour assurer toute l’animation de cette commande. Car en France, un projet cinématographique d’initiative étrangère peut obtenir un crédit d’impôt international, s’il est produit intégralement ou en partie sur le territoire. « Aujourd’hui en Europe, tous les pays ont un crédit d’impôt sauf le Danemark, qui est en retard. Cartoon Networks était d’accord pour nous suivre si l’on avait un partenariat avec une entreprise bénéficiant de ce crédit d’impôt », précise Charlotte de La Gournerie. En 2020, Sun Creature Studio pose donc ses valises à la Cité Numérique. Un avantage, car « aujourd’hui toutes les plateformes de streaming demandent ce crédit, c’est un incontournable dans le financement européen des séries ». Une cinquantaine de postes de travail sont installés, dans un espace de 700 m². Montant des travaux : 250.000 euros. « On n’est pas juste un pop-up studio, martèle la PDG de la filiale française. On a une vraie volonté de s’inscrire dans la durée. » Une pub au Superbowl Si la série pour Cartoon Network aura nécessité trois ans et demi de travail, pour 440 minutes d’animation (les épisodes seront diffusés en novembre), le studio conserve une activité diversifiée. Les équipes réalisent une dizaine de formats courts par an, allant de la publicité Coca-Cola diffusée durant le Superbowl en 2018 ; à des cinématiques de jeu vidéo, pour League of Legends par exemple. De plus, ce mercredi 31 août sort « Flee », premier long-métrage du studio. En plus d’être à l’affiche des salles obscures françaises, le film a été nommé aux Oscars 2022 dans trois catégories : meilleur long métrage international, meilleur film d’animation et meilleur film documentaire. « Nous sommes très satisfaits, car nous avons mis six ans pour le réaliser, dont quatre ans pour le financer », commente Charlotte de La Gournerie. Autre projet majeur, l’adaptation en série de « Splinter Cell » sur Netflix, un jeu vidéo du géant Ubisoft. Bordeaux, future place-forte ? Si le Sun Creature Studio revendique 70 collaborateurs, une trentaine seulement sont à Bordeaux – et six en CDI. Car ces deux dernières années ont fait exploser le recours au télétravail. « Depuis toujours, nous facilitons le travail à distance car nous sommes sur une production de très haute qualité, et nous recrutons au Japon, en Corée du Sud, en Espagne... On ne peut demander à des gens de déménager pour un projet de six mois. Mais j’ai tout de même été surprise car pour la série "Invandoe" – on est sur des contrats de plus d’un an -, je pensais qu’il y aurait plus de collaborateurs qui auraient déménagé. » Charlotte de La Gournerie explique ce constat, en partie, par l’écosystème bordelais, encore en développement. « Souvent, les gens déménagent dans des villes qui comptent un nombre assez important de studio d’animation, pour pouvoir travailler contrat après contrat. Je pense que Bordeaux a ses chances de devenir une place-forte dans ce domaine, avec notamment l’ECV dont la formation est reconnue. Mais il n’y a pas de sociétés pour absorber les étudiants par la suite, donc ils doivent partir. Il y a une demande partout, nationale comme européenne, et je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire ici, à Bordeaux » La suite de Sun Creature, elle, s’annonce dans la continuité du leitmotiv actuel : faire de la qualité, et non « devenir une usine de fabrication d’animations ». Le studio espère se consolider en coproduisant des projets avec le Danemark, et réaliser plus de longs-métrages, films comme séries.Sun Creature StudioBasé à Bègles et à CopenhagueCA : n. c. Salariés : 6 CDI à Bordeaux

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