Région : un protocole expérimental pour rouvrir les lieux de culture

« Le président de Région que je suis connaît bien ses marges de manœuvre et ses compétences », a déclaré en préambule Alain Rousset lors d’une conférence de presse ce jeudi 4 février. Dans le cadre de ses compétences, la Nouvelle-Aquitaine et plusieurs acteurs du monde de la culture ont décidé de coconstruire une stratégie de réouverture des lieux culturels, « en garantissant la sécurité sanitaire ».

Le Conseil régional a d’ores et déjà fait parvenir un courrier au Premier Ministre Jean Castex ainsi qu’à la Ministre de la culture Roselyne Bachelot. « Il faut prendre en compte que nous allons vivre avec le virus », a martelé Alain Rousset.

Nom de code : Opéra

Cette proposition d’expérimentation est née d’un partenariat avec l’ITEMM (Institut technologique européen des métiers de la musique). Elle se base sur un outil développé depuis la rentrée 2020, et baptisé OPERA pour outil probabilistique pour l’évaluation du risque par aérosols. En clair, ce modèle prend en compte 30 paramètres qui permettent, ensemble, d’évaluer la probabilité de transmission par aérosols du Covid-19. Parmi ces paramètres ont retrouve la circulation du virus, les réglementations VMC de renouvellement d’air, la jauge des lieux ou encore la durée des spectacles. « OPERA permet d’encadrer le risque, développe la directrice de l’ITEMM Carole Le Rendu. Il ne s’agit pas d’un modèle prédictif, et l’outil s’applique à des situations avec usages de masques. Cela nous permet de déterminer les probabilités de contagion, par exemple en réduisant la durée d’un spectacle. »

Autre avantage, OPERA permet d’adapter les stratégies de réouverture à chaque configuration de lieux, autant pour des grandes que pour des petites structures.

Un simulateur de calcul de risques

L’objectif est d’intégrer cet outil avec d’autres, notamment la modélisation des flux de personnes ou encore les protocoles de désinfection de salles. Un simulateur de calcul de risques sera accessible aux gestionnaires de salles et les décideurs publics, pour que chacun puisse évaluer le risque lié aux salles et aux spectacles.

Si cette expérimentation venait à être validée par le gouvernement, deux types d’approches seraient développés. D’abord un premier niveau d’évaluation et de comparaison serait réalisé sur un nombre important de salles grâce au simulateur ; ensuite un niveau qualitatif permettant d’optimiser les protocoles sur des salles ciblées.

300 structures intéressées

« Nous espérons que l’Etat sera à nos côtés concernant cette expérimentation, poursuit Alain Rousset. Nous devons montrer que les territoires ont les capacités d’innovation en matière de sécurité sanitaire. » Selon lui environ 300 demandes émanant de structures ont déjà été reçues par la Région pour expérimenter le protocole, et cette dernière attend le feu vert de la Ministre de la culture.

Eric Roux, directeur de la Rock School Barbey et coprésident du Réseau des indépendants de la musique, a rappelé l’importance des salles de spectacles. « Il ne s’agit pas que de lieux de diffusion mais de lieux de création également. Après presque 200 jours de fermeture nous approchons du point de rupture, et il faut que l’on travaille tous ensemble pour défendre notre secteur d’activité. »