Placéco Gironde, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Le vélotaf, grand gagnant de la crise ?

Écosystème
mercredi 09 septembre 2020

Photo David - Adobe Stock

L’utilisation du vélo pour aller travailler prend de l'ampleur dans la métropole bordelaise depuis le déconfinement. Une croissance de 194% en semaine durant juin, qui tend à se confirmer depuis la rentrée, malgré la hausse du télétravail.

« Depuis le déconfinement le vélotaf est en augmentation », se réjouit Ismaël Canoyra. Responsable du programme Au boulot à vélo pour l’association Vélo-Cité, il reste tout de même prudent. « Pour l’instant il est difficile de vraiment quantifier cette tendance car d’importantes entreprises étaient encore en télétravail cet été. Ce mois-ci nous allons voir si le vélotaf prend autant d’ampleur que nous le pensons. »

Une augmentation du trafic en semaine

L’application Geovelo, qui propose aux cyclistes de trouver les itinéraires les plus sécurisés, s’est penchée sur la pratique du vélo dans la métropole bordelaise depuis le déconfinement. « Par rapport à fin février nous avons constaté en juin une augmentation de 194% de cyclistes en semaine, détaille Antoine Laporte-Weywada, directeur du développement à Geovelo. La moyenne nationale n’était à ce moment que de 170 à 180%. Pour le week-end Bordeaux était à +65% de cyclistes, 5 points de moins qu’à l’échelle française. Cela atteste du développement du vélotaf. »

Si l’effet Covid-19 a poussé les gens à utiliser leurs vélos plutôt que les transports en commun, sur la première semaine de septembre, cette croissance semble se poursuivre. « Nous en sommes à un tiers du nombre d’utilisateurs de juin en l’espace de 9 jours seulement. A mon sens cette pratique va perdurer, encore plus avec la reprise du travail. »

Une croissance nuancée par le télétravail ?

Parmi les grandes entreprises ayant repris leur activité en présentiel, on retrouve Thalès. Le site de Mérignac compte environ 2.800 salariés pour 1.700 places de parking. Une problématique à laquelle Dany Champalou, responsable HSE (hygiène sécurité environnement), a dû réfléchir. « On avait le choix entre investir 7 à 8 millions d’euros pour construire un nouveau parking de 300 places, ou en profiter pour inciter les collaborateurs à utiliser des moyens de transport alternatifs. » Depuis l’année dernière Thalès propose un accompagnement pour ses salariés, en offrant notamment jusqu’à deux fois 200 euros par an, tous les 800 km parcourus pour aller au travail.

« On a rapidement vu les résultats, reprend Dany Champalou. En 2018 il y avait entre 100 et 150 cyclistes l’été et environ 80 l’hiver. L’année dernière nous étions à 280 par jour l’été, et pas moins de 130 en période hivernale. » Pour autant, l’arrivée du Covid-19 et le déploiement du télétravail ont changé la donne. Avant la crise 500 personnes travaillaient de chez elles un à deux jours par semaine, quand désormais elles sont entre 1.200 et 1.300. « A mon sens c’est un succès en demi-teinte pour le vélotaf. Le télétravail se généralise dans certaines entreprises, les salariés ont donc moins besoin d’un moyen de déplacement. »

Une tendance confirmée chez les revendeurs

Pour Thomas Cellier, l’un des gérants de la boutique Popins dans le centre de Bordeaux, l’augmentation du vélotaf ne fait aucun doute. « Notre magasin est ouvert depuis 2015 et en juin, nous avons réalisé notre meilleur chiffre d’affaires en cinq ans. Les gens ont eu peur des transports en commun, et les coups de pouce financiers du gouvernement et de la métropole ont également aidé. »

Constat partagé du côté de la startup Bee.Cycle, qui propose des vélos de fonction pour les entreprises. « A Bordeaux il y a une vraie filière à développer, analyse son cofondateur Jean-Christophe Melaye. Si les politiques de développement du vélo sont bien menées, je suis convaincu que la transition vers cette mobilité douce se fera naturellement. » Preuve en est, si Bee.Cycle a dû faire face à trois mois sans chiffre d’affaires durant le confinement, depuis le retour à la normale, les commandes explosent. « Nous nous apprêtons à finir notre première année avec 400.000 euros de chiffre d’affaires. Depuis juin, nous avons même gagné trois ans sur nos prévisions. »

Au début du déconfinement, entre 9.000 et 12.000 cyclistes empruntaient le pont de pierre chaque jour. « On ne peut pas connaître le taux de vélotaf, précise Ismaël Canoyra. Pour autant ces chiffres se rapprochent de ceux d’Amsterdam ou Copenhague, villes particulièrement réputées pour le cyclisme. » Vélo-Cité poursuit son travail auprès des entreprises pour les inciter à accompagner les salariés vers une mobilité douce. « C’est dans l’air du temps », conclut Ismaël Canoyra.