ETM largue les amarres vers le secteur de la plaisance - Premium

Depuis sa création en 2003, lovée discrètement au milieu des chantiers de réparation navale et des cabanes ostréicoles, la société ETM a pris ses marques à l’entrée du petit port de la Barbotière de Gujan-Mestras, à deux pas du Lycée de la Mer. Fondée par Laurent Descos, ingénieur « passionné de mer et d’ouvrages d’art », elle s’est imposée au fil des ans sur un segment de marché très spécifique : le calcul et la conception de systèmes d’amarrage et d’accostage. « Aux débuts des années 2000, en France, l’horizon était vierge sur ce secteur. Le fabricant d’amarrages japonais Sumitomo n’avait plus de représentant en France. Nous avions identifié de forts besoins. En 20 ans, les tailles de navires de marine marchande, notamment des porte-conteneurs, ont quasiment doublé, ce qui rendait les structures d’amarrage obsolètes », explique le dirigeant d’ETM dont le cœur d’activité réside avant tout dans du conseil en ingénierie. ETM, sous-traitant de la filière génie civil « Nous réalisons en effet des calculs sur l’énergie d’accostage des navires et la résistance des structures de génie civil. A l’aide d’une cellule dynamométrique, nous captons la tension dans les amarres en croisant ces données avec celle du vent et du courant afin de déterminer la configuration d’amarrage nécessaire selon les navires », décrit Laurent Descos. Leurs premiers clients sont principalement les sociétés de génie civil (Bouygues, Vinci, Eiffage…), ayant postulé aux appels d’offres des ports de marine marchande, même si ETM traite parfois directement avec des armateurs ou sociétés privées disposant de leurs propres infrastructures maritimes tels que DPA en Gironde. Suite au diagnostic d’ingénierie, la fabrication des défenses de quais est ensuite sous-traitée à des entreprises japonaises ou hollandaises. Près 70% de leur chiffre d’affaires est ainsi généré par le marché français et 30% à l’international. Une première innovation : des corps-morts supprimant les effets de ragage Ayant réussi à s’imposer sur un segment de marché qui ne compte en France que très peu d’acteurs, ETM a pris cependant depuis 2017 le virage de la diversification réorientant sa stratégie vers une R&D intensive. « Nous avons été sollicités, à cette époque, par le Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon pour concevoir des infrastructures de mouillage plus respectueuses de l’environnement. Le système actuel des corps-morts est en effet constitué d’un bloc de béton et d’une chaîne, qui a marée basse, touche le sol et endommage par ses mouvements les fonds marins sur 8 à 10 m2, produisant un phénomène de ragage », pose Laurent Descos, qui, de fait, a conçu une première innovation, pour répondre à cette demande, soit un système de câbles coulissants rattaché aux corps-morts, supprimant ainsi tout effet de ragage. « Cette première innovation nous a amenés à nous interroger sur la question de l’usage de ces bouées », poursuit l’ingénieur. « Beaucoup, louées à la saison, sont très peu utilisées, parfois juste une quinzaine de jours. L’idée a donc surgi de réfléchir à une mutualisation entre différents propriétaires de bateaux de plaisance ». Des bouées réservables en ligne Epaulée par la Région, ADI-NA, la Chambre des métiers et la CCI, la société ETM a dès lors donné naissance à une seconde innovation : des bouées connectées, dotées d’une intelligence embarquée, soit un boîtier capable de détecter la présence ou l’absence au mouillage du bateau. L’algorithme permet aussi de déterminer si le bateau accosté est bel et bien celui du loueur, - un boîtier étant de même installé sur le bateau- ou d’un fraudeur. L’entreprise a dès lors déposé deux autres brevets, l’un sur les bouées connectées, l’autre sur des tiges spéciales d’amarrage. « Reliées à un système de réservation en ligne, ces bouées peuvent dès lors être louées selon les besoins, à la journée, quelques semaines ou à la saison. Les gestionnaires de mouillage (Villes, ports, syndicats mixtes) peuvent de même détenir via ce portail une cartographie des bouées occupées et des données de gestion. Cette mutualisation est également le moyen de réduire leur nombre de pour un meilleur respect environnemental des fonds marins », liste Laurent Descos. De premiers contrats avec des ports de plaisance en Méditerranée Bien que portée par les acteurs régionaux dans cette phase de recherche, ETM n’a pu pour l’instant concrétiser des ventes sur le Bassin d'Arcachon, la crise du Covid ayant mis un coup de ralenti à ses ambitions. « Une première commande va cependant aboutir en Corse pour 200 mouillages. D’autres contrats devraient suivre avec des ports de Méditerranée », annonce le fondateur d’ETM, qui indique qu’un partenariat de distribution a été établi avec Mobilis, basée à Aix-en-Provence. Pour anticiper cette montée en puissance, ETM prévoit ainsi en 2021 le recrutement de trois salariés (ingénieur, technicien, commercial) et un investissement de 300 000 à 400 000€ pour la construction en 2022 d’un nouveau siège sur le Bassin d’Arcachon. ETM Équipements MaritimesGujan-Mestras6/8 salariés CA : 1 à 1,5 M€ selon les années 05 57 52 05 77www.etm-marine.com

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