Escape game, boîtier connecté : 2 approches innovantes de la prévention des risques

Avec une fréquence estimée à 33,5 sinistres pour 1000 salariés en 2019 selon l’Assurance Maladie, la réduction du nombre d’accidents professionnels constitue toujours un double enjeu de responsabilité sociale et de performance, souligné par les différentes obligations réglementaires de prévention des risques. À Bordeaux, le sujet mobilise deux startups accompagnées par la technopole Bordeaux Technowest au sein de la Place, le plus récent de ses incubateurs pépinières : Coven et Hestiam innovent respectivement sur le terrain de la formation et sur celui de la détection des risques.

Coven : prévention des risques et team building

« La prévention des risques est souvent vécue par les équipes comme un exercice rébarbatif », introduit Julie Cutillas, cofondatrice de Coven. Avec son associée toulousaine Claire Malanot, elle imagine des séances de formation déclinées sous forme d’escape game. Les parties, organisées comme une succession d’énigmes à résoudre en équipe, prennent place à l’arrière d’un camion dont la remorque a été aménagée comme un chantier de construction. À bord, les participants se voient remettre un scénario adapté à un risque métier spécifique : consignation électrique, travail en hauteur, manipulation de produits chimiques, etc. La progression dans l’histoire se fait grâce à la mise en œuvre des grands principes de prévention associés à l’exercice retenu.

« Deux tiers des accidents sont dus au facteur humain. Il est donc primordial d’obtenir l’adhésion aux messages de prévention, mais ça n’est pas évident avec des formations théoriques sous forme de Powerpoint. A l’inverse, l’escape game permet aux participants de devenir acteurs de la formation. En pratiquant, on retient mieux, explique Julie Cutillas. Créée début 2019, la startup a déjà organisé près d’une centaine de journées de formation dans des entreprises de secteurs très divers. « Nos formations visent particulièrement le BTP et l’industrie, mais elles intéressent aussi des secteurs comme la logistique, la maintenance ou les services techniques de collectivités, tous très exposés à des risques métier plutôt physiques », précise la cofondatrice de Coven.

Développement national sous licence

Une journée, facturée aux alentours de 2300 euros HT, permet d’organiser des sessions pour 50 à 80 collaborateurs, avec des équipes combinant jusqu’à six personnes. Chaque séance est suivie d’un débrief permettant de revenir sur les procédures mises en œuvre, approfondir les questions en suspens et faire passer les éventuels messages spécifiques de l’entreprise quant à la sécurité. Outre cet espace game, organisé à bord de camions mobiles sur toute la France, Coven dispose par ailleurs d’un catalogue de formations plus conventionnelles, organisées en présentiel ou à distance et toujours basées sur une participation active des personnels concernés. La société, qui compte aujourd’hui cinq salariés, ambitionne de développer sa présence à l’échelle nationale grâce à un système de licences, avec deux accords déjà en place à Rouen et à la Réunion.

Hestiam : un boîtier IoT pour prévenir les risques de chute, de gaz ou de collision

Fondée en 2016 par Maxime Agulhon et Anthony Jubien, Hestiam travaille de son côté à l’élaboration d’une solution matérielle de prévention contre les chutes ou l’exposition au gaz. Baptisée Helios, elle prend la forme d’un boîtier connecté qui déclenche automatiquement une alerte si ses capteurs détectent une situation d’urgence. Le signal est alors instantanément redirigé vers les bons interlocuteurs au sein de l’entreprise de façon à procéder le plus rapidement possible à la levée de doute. Il transite par une plateforme Web qui permet à l’entreprise d’administrer son parc de boîtiers, gérer les alertes et agréger des statistiques.

« Notre solution s’inscrit dans le prolongement logique des équipements de protection individuels, dont l’usage est désormais bien intégré. Il permet d’entrer dans une logique de sécurité active, avec une fiabilité bien supérieure à celle des équipements traditionnels », explique Maxime Agulhon, qui revendique jusqu’à 90% de fausses alertes éliminées grâce à la couche logicielle développée par Hestiam.

La société conçoit son propre hardware et en sous-traite la fabrication à deux entreprises françaises, dont EMS Proto à Martillac. Le boîtier est configuré à la demande en fonction des risques identifiés par l’entreprise. « Nous pouvons par exemple mesurer l’exposition à 40 gaz différents », précise le cofondateur d’Hestiam. La société développe en ce moment les fonctionnalités nécessaires à la prévention des collisions, en associant son boîtier à des balises placées sur les engins de chantier ou les appareils de manutention, avec une précision de l’ordre du centimètre. La remontée des alertes se fait par l’intermédiaire des réseaux IoT (Internet des Objets) Sigfox et LoRa, de façon à ne pas dépendre de la couverture des opérateurs mobiles.

DATI un boîtier pour les travailleurs isolés

D’abord pensée pour l’industrie, la solution trouve aujourd’hui des applications dans des secteurs très divers. « La crise sanitaire fait que les techniciens sont maintenant envoyés seuls sur des interventions où ils avaient l’habitude de partir à deux », fait remarquer Maxime Agulhon. Hestiam positionne donc son boîtier Helios comme un Dispositif d'Alarme pour Travailleurs Isolés (DATI), destiné aussi bien aux chantiers du BTP qu’aux métiers du second œuvre, de la maintenance ou de la sécurité. Commercialisée depuis le début d’année, la solution est progressivement référencée chez les distributeurs spécialisés, avec un double modèle d’achat comptant ou de location au mois.

Lauréate du Réseau Entreprendre, Hestiam a bénéficié pour son développement d’aides de la région ainsi que de fonds apportés par BPI France et Techno'Start, le fonds opéré par Bordeaux Technowest. La société ambitionne de réaliser un nouveau tour de table dans les prochains mois de façon à stabiliser sa production et poursuivre sa recherche et développement.

Coven France
Fondé en 2019
5 salariés

Hestiam
Fondé en 2016
6 salariés