Nicolas Patriarche : « Aujourd'hui, nous sommes soumis à des exigences contradictoires » - Premium

Comment penser le développement économique pour une commune comme Lons, qui fait partie d’une agglomération dont elle n’est pas le centre ? Faut-il réfléchir à l’échelle de la commune ou bien à celle de l’agglomération ?La compétence économique et la planification sont des compétences de l’agglomération. Concrètement, dans une collectivité comme l’agglomération paloise, les maires sont évidemment associés, ils sont les premiers concernés pour discuter du développement tel qu’ils le voient sur le territoire de leur commune. Lons est la deuxième ville du Béarn par sa taille, nous avons notre propre service d’urbanisme, ce qui nous permet d’être au plus près des besoins et de réfléchir au développement. Historiquement, la ville de Lons a la grande zone Induspal, qui a fait notre force et notre développement dans les années 1980. Ensuite, mon prédécesseur et moi-même avons réfléchi à d’autres zones d’activité, et nous avons créé au nord de la commune la zone Lonstechnord, à un endroit stratégique à la fois proche de l’autoroute et de l’aéroport. Arrive-t-il qu’il y ait des conflits entre l’intérêt de la commune et celui de l’agglomération ? Une agglomération, c’est un établissement public de coopération intercommunale. Dans le nom même, il y a le concept de coopération. La ville-centre ne régente et ne diligente pas. Par contre, il peut y avoir des visions différentes. Je me suis récemment opposé à LonsTechNord à un projet, que les services de l’agglo voyaient d’un bon œil mais qui ne me paraissaient pas en cohérence avec le fil conducteur de cette zone. Les services de l’agglomération ont respecté mon souhait, et ce projet sera mis ailleurs. Lonstechnord est la dernière zone d’activité dans le cœur d’agglomération. Nous avons une vision pour cette zone, c’est un foncier hautement valorisé par l’agglomération, l’idée est de sélectionner sélectionner des projets qui apportent un vrai plus, des projets innovants, pas de simples déplacements d’activité, et donc d’assumer une forme de portage foncier dans le temps. On y a aussi mis des prescriptions architecturales importantes, pour ne pas avoir de simples boîtes en métal, mais une image moderne et jolie. Il s’agit de montrer que l’activité, l’industrie, peuvent aussi apporter de la beauté.À lire également - À Lons, Aedifim Santé affiche ses ambitions en Pyrénées-GascogneVous dites que Lonstechnord est la dernière zone d’activité de l’agglomération. La dernière en date, ou la toute dernière ?Ce sera la toute dernière dans le cœur d’agglomération. En tout cas, à l’heure actuelle : les vérités d’aujourd’hui ne seront pas forcément celles de dans cinq ou dix ans. Aujourd’hui, nous sommes soumis à des injonctions contradictoires : il faut préserver le cadre de vie, l’environnement, les terres agricoles, mais il faut aussi être capable de développer l’activité. Un territoire qui n’a plus de foncier mobilisable pour de l'urbanisation ou de l’activité économique, c’est un territoire qui périclite.Reste-t-il du foncier disponible à Lonstechnord ? Oui, de tête il reste un peu plus de 40% de disponible, qui est en attente, il y a des discussions. Les services de l’agglomération sont sollicités pour des projets, me les présentent, on en discute… mais je revendique de dire « on a le temps », ça n’est pas un lotissement que l’on veut remplir à tout prix au plus vite. Le rôle de la puissance publique est aussi de porter dans le temps financièrement, pour être en capacité de choisir, de pouvoir accueillir des projets exogènes qui amènent un plus sur le territoire. Il reste des parcelles avec des gros lots qui peuvent être susceptibles d’accueillir demain des projets importants. On peut aller chercher de belles entreprises, de beaux projets. Et on a vraiment une carte à jouer, à l’agglomération de Pau.L’agglomération paloise est-elle attractive pour les entreprises venues d’ailleurs ? Le Béarn dans son ensemble et l’agglo paloise, sont effectivement un lieu de nombreuses activités industrielles et économiques, on a un bassin d’activité bien plus diversifié qu’au Pays basque. Des territoires comme le nôtre, notamment post-covid, on vu des projets d’implantation venir. C’est aussi parce que les grandes métropoles qui nous entourent, Bordeaux, Toulouse, la côte Basque, ont des problèmes de disponibilité du foncier. Nous avons des territoires attractifs, une qualité de vie, des infrastructures, la fibre, on se bat sur des sujets comme l’aéroport pour maintenir cette attractivité. Nous avons des atouts forts, encore faut-il en être convaincus, le dire et le faire savoir… D’où l’idée d’aller faire du marketing territorial. Ce fameux marketing territorial, qui a longtemps été un point faible du Béarn… On s’est longtemps dit ici : « pour vivre heureux vivons cachés ». Mais aujourd’hui, nous sommes dans un contexte de concurrence des territoires. Et à notre échelle, on a de la place pour du nouveau développement, pour aller chercher de nouvelles activités. Des communes comme Lons sont aussi des zones résidentielles pour le centre de l’agglomération. C’est un modèle très associé au tout-voiture, et qui est aujourd’hui remis en question au profit des mobilités douces… Est-ce que cela va modifier votre approche de l’urbanisme à Lons ? Evidemment, ça ne se fait pas tout seul, et dans cette commune nous l’avons anticipé depuis longtemps. Ici, on a tout un réseau de liaisons douces, avec des chemins balisés pour les piétons et pour les vélos. Ceci dit, pour moi, nous sommes clairement une agglomération qui ne pourra pas abandonner la voiture, on ne peut pas avoir un réseau de transport public qui permette de remplacer la voiture individuelle. Je crois beaucoup plus aux changements de comportement individuels. On peut, par exemple, avoir une voiture mais y renoncer pour aller acheter son pain et privilégier les magasins de proximité. On parle toujours du vélo, mais le premier mode de déplacement après la voiture, c’est la marche à pied. Plus on met les gens en sécurité, plus ils utilisent d’autres formes de déplacement. Partout où on peut le faire, on réfléchit à l’intérieur des nouvelles zones, avec des itinéraires piétons.À lire également - Pau : le pôle d'échange multimodal récompensé par le Prix National arturbain Vous dites « nous sommes une agglomération qui ne pourra pas abandonner la voiture » : pourquoi pas ? En l’état actuel des choses… Aujourd’hui, les trois-quarts des déplacements dans l’agglo de Pau sont faits en voiture. Je préside le syndicat des transports, et nous constatons que les emplois sont loin d’être tous concentrés en centre-ville, ils sont plutôt en périphérie, avec quatre ou cinq zones d’emploi qui entourent Pau. Un réseau de transport en commun rayonne vers le centre-ville : ça ne peut pas répondre aux demandes domicile-travail, on n’a pas de lignes qui permettent d’aller aux quatre coins de la ville facilement. Notre objectif, c’est d’amener la part de la voiture de 75 à 50% à l’horizon 2030, et c’est un énorme challenge, je ne sais pas si on y arrivera. C’est aussi pour cela que l’on veut contenir le périmètre de la population et des emplois. Peut-on accélérer la baisse de l’usage de la voiture en augmentant l’offre de transports en commun ?Sur les lignes principales, les bus sont déjà bien remplis, on va d’ailleurs mettre des bus supplémentaires aux heures de pointe. Nous augmentons l’offre en permanence, on l’a fait avec IDELIS en 2019, avec le lancement du Fébus et l’augmentation globale de l’offre de transport de 20%. L’année dernière a été un record historique du nombre de voyageurs, et si l’année 2024 continue sur ce rythme, on établira un nouveau record.

Nicolas Patriarche : « Aujourd'hui, nous sommes soumis à des exigences contradictoires » - Premium

Sur le même sujet

Un métro ? Bordeaux Métropole veut en avoir le cœur net

La Main Landaise : un projet de franchises sur tout le dépar ...

Le front de mer de Royan se refait une beauté à 8 millions d ...

Le Forum européen des mobilités bas carbone change d'échelle

Le programme « 360 export » à la rencontre des entreprises b ...

La Rochelle : le salon de la neutralité carbone revient pour ...

FFB NA : une journée Bas Carbone à Domolandes

Tout savoir sur la propulsion vélique à La Rochelle

Exp’Hôtel 2023 : une vitrine régionale « pour montrer une dy ...

L'Eurosima annonce la date de son prochain Surf Summit

Jeux vidéo : Horizon(s) revient pour une seconde édition à B ...

L’Umena interroge l’événementiel au service du territoire

ESS : Comment Util'Eco valorise le matériel informatique usagé

La chronique innovation : Treefrog Therapeutics veut aider les patients atteints de Parkinson

En images : la 2e édition de Résolution, au Palais des Congrès de Bordeaux

Comment Marboré a gagné son indépendance

La chronique innovation : Agena Space veut mettre en orbite ses satellites légers

New Space : Aerospacelab France change de nom et maintient son calendrier

La chronique innovation : Comerso revalorise les invendus au profit d'associations