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Défaillances d’entreprises : où en est-on en Nouvelle-Aquitaine ?

Écosystème
mardi 30 avril 2024

La Nouvelle-Aquitaine a enregistré 10% de défaillances d'entreprises supplémentaires, au T1 2024, par rapport au T1 2023. Photo d'illustration : Adobe Stock

À l’échelle française, au premier trimestre 2024, le nombre de défaillances d’entreprises est au plus haut niveau depuis dix ans. La Nouvelle-Aquitaine semble mieux résister, de par l’hétérogénéité des sociétés présentes, même si la réalité est contrastée d’un département à l’autre. Analyse.

Quatre ans après la crise du Covid, le nombre de défaillances d’entreprises en France est au plus haut niveau depuis une décennie : 17.000 défaillances ont été enregistrées au premier trimestre 2024 par le cabinet Altares, même si « l’augmentation ralentit à +19,4% ». Une conséquence directe, selon le directeur des études d’Altares, Thierry Millon, de la crise sanitaire que l’on a connue en 2020, amplifiée par les crises suivantes (guerre en Ukraine, crise des matières premières et de l’énergie, inflation). « Souvenez-vous, en 2020 et en 2021, on parlait d’entreprises “zombies”. Le niveau de défaillances était au plus bas depuis plus de 30 ans, et forcément on ne pouvait qu’anticiper qu’une partie des sociétés soutenues durant le covid grâce aux aides, se trouveraient en grande difficulté une fois ces dernières arrêtées. »

Des défaillances aujourd’hui inévitables ? « C’est quelque chose de lourd, mais d’attendu, confirme Thierry Millon. À un moment, c’est terrible, mais il faut payer sa dette. Dans une économie de marché équilibrée, où le jeu concurrentiel doit être équitable, on ne peut durablement accepter qu’il y ait une entreprise à jour de toutes ses dettes, et en face, une entreprise qui paye ses fournisseurs, l’URSSAF, ses salariés en retard. »

L'immobilier subit la crise de plein fouet

En Nouvelle-Aquitaine, le nombre de défaillances s'élève, au premier trimestre 2024, à 1.450. Soit 10% de plus qu’un an auparavant. Une « forte résistance » des entreprises régionales, et le deuxième plus bas niveau après les Hauts-de-France. « En Nouvelle-Aquitaine, l’un des points de résistance, c’est la capacité de la région à avoir des activités riches dans plusieurs domaines, analyse Thierry Millon. Comme on dit, il ne faut jamais mettre ses œufs dans le même panier. On y trouve d’importants acteurs de l’agroalimentaire, une industrie dynamique, évidemment des activités côtières et touristiques… Finalement, la Nouvelle-Aquitaine n’a pas la fragilité d’une région de type Bourgogne ou Picardie, qui ont une activité industrielle forte. Car lorsque l’industrie est sous tension, ces régions le sont aussi. » Néanmoins, précise notre interlocuteur, ce qui explique le « bon chiffre » de ce T1, c’est surtout le mauvais chiffre du premier trimestre 2023. La Nouvelle-Aquitaine avait alors accusé une hausse des défauts de près de 55%.

Sur la région comme partout en France, les activités liées à l’immobilier enregistrent toujours d’importantes difficultés : 40 défaillances d’agences ont été enregistrées au premier trimestre. Des chiffres « exceptionnels », en comparaison de la douzaine de défauts enregistrés en moyenne chaque année. « Cela montre bien la force de la crise dans ce secteur, qui n’épargne pas la Nouvelle-Aquitaine », commente Thierry Millon. A contrario, le commerce enregistre moins de défaillances, comme le prêt-à-porter par exemple (3% de défauts seulement, contre plus de 10% au national). Tout comme le secteur du gros œuvre, qui semble tenir. « Il n’y a là pas d’explosion des défaillances. Évidemment, c’est tendu, il ne faut pas se voiler la face - sur la construction de maisons individuelles ou la maçonnerie, deux postes importants du bâtiment gros œuvre. Pour autant, on n’est pas sur des chiffres qui explosent », analyse notre interlocuteur. Et de préciser que ce constat est « moins vrai » sur le second œuvre, où des tensions se font sentir.

Tous les départements ne sont pas égaux, en Nouvelle-Aquitaine. La Charente-Maritime accuse le plus grand nombre de défaillances (34%), suivie de la Gironde (25%), du Lot-et-Garonne (24%) et des Landes (23%). A contrario, les Pyrénées-Atlantiques résistent (6% de défaillances), tout comme la Charente (4%). « Les départements qui enregistrent les décélérations les plus rapides sont ceux qui à l’inverse, l’année dernière, présentaient les augmentations les plus fortes. C’est une sorte de rattrapage », commente Thierry Millon.

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