RGoods déploie ses boutiques en ligne pour diversifier les revenus des associations - Premium

Après avoir passé 20 ans dans le secteur associatif, en aidant notamment les structures à collecter de l’argent, Antoine Martel a fondé RGoods avec deux autres partenaires, Marc Pfohl et Marc Ruff. Une jeune pousse du numérique, qui propose des solutions clé en main de boutiques en ligne, en marque blanche, pour les associations. « Ces dix dernières années, le nombre de nouveaux donateurs a diminué de 10%, présente Antoine Martel. La situation devient assez critique, car à un moment, les donateurs historiques arrêtent de donner. En France, on compte 5 millions de foyers donateurs et ce nombre n’évolue pas, alors qu’il y a de plus en plus d’associations. » Problème : le marketing papier connaît un déclin, le démarchage téléphonique est de plus en plus encadré, et le démarchage de rue est souvent perçu comme une méthode « agressive ». « On essaye de répondre à cette problématique, reprend Antoine Martel. Et l’un des leviers, c’est de proposer des boutiques en ligne. C’est extrêmement porteur, d’autant que les gens sont demandeurs de consommer de manière plus responsable, plus éthique, avec une dimension solidaire de plus en plus présente. » Notre interlocuteur chiffre à 29 millions, le nombre de foyers souhaitant ainsi consommer responsable. RGoods, depuis 2021, propose aux associations de déployer des boutiques en ligne à leurs couleurs. La startup leur permet de sous-traiter l’intégralité de la gestion de ces sites de e-commerce, souvent chronophage… Et va même jusqu’à sélectionner elle-même les produits commercialisés, tous fabriqués en Europe. « Pour Médecins Sans Frontière par exemple, on propose des trousses de secours, des tensiomètres, des couteaux de secourisme… Mais aussi des cadeaux, comme des chocolats », énumère le cofondateur. RGoods se charge du stockage de ces produits, mais aussi de la partie logistique.2,2M€ pour structurer une équipe Sur chaque achat, entre 10 et 12% sont reversés à l’association. « Cela peut sembler peu, mais quand vous réalisez un achat de 100 euros il y a déjà 20% de TVA, et il faut prévoir le coût d’achat du produit, plus cher que s’il venait de Chine. Puis les frais de logistique, de stockage… Finalement, les 10 à 12%, c’est comme si on se partageait la marge restante », décortique Antoine Martel. À cela s’ajoutent des dons, entre 7 et 8 euros, pour 70% des clients. Les boutiques sont déployées sur les réseaux sociaux, canaux privilégiés par la jeune génération, peu encline au don mais qui préfère afficher son appartenance à certaines causes. Une dizaine de boutiques en ligne ont déjà été créées, notamment pour Médecins Sans Frontière, premier client de la startup, mais aussi Amnesty International ou Handicap International. « On arrive à recruter entre 30 et 40% de nouveaux donateurs sur ces boutiques, revendique notre interlocuteur. Ensuite, tout dépend des programmes relationnels mis en place par les associations, mais un certain nombre de gens deviennent des contributeurs réguliers. » Le cofondateur ne souhaite pas communiquer de chiffres précis, mais il affirme que ce sont « plusieurs dizaines de milliers de commandes » qui sont réalisées chaque année via sa solution. Et pour aller plus loin, RGoods a récemment levé 2,2 millions d’euros auprès du Fonds du Bien Commun (80M€ déployés chaque année pour soutenir les porteurs de projets à impact dans leur passage à échelle), par NACO (fonds régional de co-investissement doté de 60M€) et par Weaving Invest (dédié au renforcement de fonds propres). Objectif : pouvoir recruter 1 million de nouveaux foyers donateurs dans les années à venir. « Nous allons structurer une équipe car nous n’avons qu’un salarié et une personne en externe, aujourd’hui. Nous avons besoin de chargés de compte pour animer les boutiques, développer des partenariats avec des marques… Des équipes techniques aussi, et un pôle commercial. »Aujourd’hui la France, demain l’Europe Ce tour de table devrait permettre à RGoods de signer avec un plus grand nombre d’associations françaises, et compter « idéalement » 50 à 60 boutiques d’ici décembre prochain. Avant d’attaquer le marché européen en 2024 : « On commencera à solliciter les pays francophones comme la Belgique, le Luxembourg ou la Suisse. On gère déjà la boutique de Surf Rider Europe, mais si on se développe en Belgique par exemple, les acheteurs voudront du chocolat de leur pays, et non un produit français », illustre Antoine Martel. RGoods prévoit déjà une seconde levée de fonds en série A pour accompagner ce déploiement. En France, la startup va aussi étendre son offre pour les entreprises, avec une solution traçable d’engagement social. « Avec la loi Pacte, les entreprises sont obligées de présenter des rapports extra-financiers. Or le mécénat de compétences ne touche que 3 ou 4% des salariés, le don n’est pas quelque chose d’extrêmement développé… Nous allons proposer des cartes-cadeaux solidaires, où les entreprises pourront sélectionner l’association qu’elles veulent soutenir. C’est un moyen simple pour eux d’engager leurs collaborateurs, et nous pourrons ensuite leur communiquer l’impact de ces actions », présente Antoine Martel. A terme, RGoods aimerait que cette verticale représente entre 40 et 50% de son activité. Si elle ne communique pas son chiffre d’affaires, la jeune pousse ambitionne de le tripler voire de le quadrupler chaque année... Avec une rentabilité qui n’est pas à l’ordre du jour : « Notre projet est assez ambitieux, et si l’on souhaite se développer et améliorer les produits proposés, nous devons réinvestir », affirme notre interlocuteur. En attendant, RGoods affirme que sur un achat de 100 euros, elle arrive à générer près de 50 euros de valeur pour l’association.RGoodsBasée à BordeauxFondée en 20214 cofondateurs, 1 salariéCA : n. c.

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