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Railcoop veut voir son train Bordeaux Lyon rouler dès 2024

Stratégie
vendredi 10 mars 2023

Avec son Bordeaux Lyon, Railcoop affirme se positionner comme un complément, et non comme un concurrent, de l'offre TER régionale - crédit Railcoop

Les sociétaires de la coopérative Railcoop ont acté la décision de lancer dès juin 2024 une première ligne de transport de passagers entre Bordeaux et Lyon. Pour tenir cet objectif, la société table sur un financement sur fonds propres, qu’elle cherche à renforcer au travers d’une émission de titres participatifs. Elle espère en parallèle convaincre de nouvelles collectivités territoriales de monter à bord de son projet, à commencer par la région Nouvelle-Aquitaine.

Réunis en assemblée générale, les sociétaires de Railcoop ont acté le 22 février dernier la décision de lancer, dès l’été 2024, un premier service de voyageurs entre Bordeaux et Lyon, d’abord à raison d’un aller-retour sur deux jours. La société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), qui ambitionne de redonner vie à cette ancienne ligne transversale, délaissée par la SNCF, prévoyait précédemment un lancement plus tardif, mais avec une cadence plus soutenue. « Aujourd’hui, tous les paramètres pour un lancement optimal ne sont pas réunis, nous avons donc cherché à voir ce que l’on pouvait faire, au regard des moyens dont on dispose, résume Nicolas Debaisieux, directeur général de Railcoop. On avait envisagé d’autres scénarios intermédiaires, par ex un aller-retour Limoges Lyon sur la même journée, mais les collectivités locales qui nous ont rejoint sont unanimes pour un trajet de bout en bout ». Railcoop prévoit ainsi de desservir dès le lancement l’ensemble des gares de l’axe Bordeaux Lyon (dont Libourne et Périgueux), mais en service « frugal », avec l’ambition d’améliorer à la fois son offre, et la fréquence de ses dessertes au fil de la montée en puissance commerciale.

Préparer le lancement de l’offre voyageurs

Si Railcoop peut s’enorgueillir d’avoir convaincu 13.800 sociétaires et plusieurs collectivités locales, la société coopérative est en effet encore loin d’avoir réuni les 40 à 50 millions d’euros qui constituaient l’investissement pressenti pour le lancement d’un service voyageurs « optimal ». À ce stade, Railcoop indique avoir levé 8,5 millions d’euros, et récolté des promesses d’engagement qui pourraient porter ses fonds à 11 millions d’euros. La société vient par ailleurs de lancer une opération de financement par titres participatifs, par l’intermédiaire de la plateforme Lita, via laquelle elle espère réunir 4,1 millions d’euros supplémentaires. Une somme qualifiée de suffisante pour opérer ce premier lancement commercial. « 4 millions d’euros, c’est la situation la plus défavorable, celle où on n’arrive pas à réduire nos coûts, mais on est en train de s’organiser pour avoir besoin de moins », commente Philippe Bourguignon, président de Railcoop.

Ce lancement s’appuie sur les deux rames déjà achetées par Railcoop à la SNCF, confiées à la société clermontoise ACC M pour leur rénovation avant mise en service, avec une première livraison attendue d’ici huit mois. Railcoop, qui réunit aujourd’hui trente personnes, prévoit par ailleurs de lancer à l’automne le recrutement de la dizaine de personnes qui incarneront le personnel roulant. Calendrier et moyens limités oblige, la commercialisation se fera soit par l’intermédiaire d’une billettique externalisée, soit directement à bord du train. « C’est plus frugal, mais c’est aussi plus humain », plaide Philippe Bourguignon, pour qui la mission d’intérêt collectif de Railcoop implique de par exemple offrir une solution aux usagers n'ayant pas de smartphone, ou n’ayant tout simplement pas pu anticiper l’achat de leur titre de transport.

L’expérience du fret et la recherche de nouveaux partenaires

En parallèle, Railcoop poursuivra le développement de son offre de fret, déjà engagée dans le Sud-Ouest, avec une ligne dédiée au transport de bois entre Figeac et Saint-Jory, au sud de Toulouse. Pénalisée l’été dernier par le ralentissement de la filière bois dû aux incendies, l’activité n’a généré que 120.000 euros de chiffre d’affaires en 2022, mais la SCIC table sur une accélération rapide en 2023. « Nous visons 2,1 millions d’euros sur le fret, en sachant que l’on a émis des offres à hauteur de 2,4 millions d’euros », précise Nicolas Debaisieux. Si le fret a vocation à trouver son équilibre dès cette année dans le budget global de Railcoop, avant de contribuer à son accélération, il ne suffira pas à répondre à l’ambition de la SCIC sur le transport de voyageurs, ce qui ramène à la nécessité de renforcer les fonds propres, et donc de fédérer de nouveaux partenaires institutionnels. Et bien que les régions Grand Est et Bourgogne Franche Comté, ou la Métropole de Lyon, soient montées à bord, les discussions n’ont pas encore abouti avec la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, ou l’Etat, qui oscilleraient, d’après Railcoop, entre frilosité et incompréhension du modèle coopératif, à plus forte raison quand il s’applique à un service de transport libre et non conventionné. « Une entreprise ferroviaire qui émerge doit le faire sur ses fonds propres, puisqu’il n’a pas été mis en place de mécanisme dédié. Il faut beaucoup de temps pour faire évoluer ce cadre et convaincre les services de l’Etat, les banques ou les régions, donc on continue avec nos ressources », résume Nicolas Debaisieux.

Railcoop
SCIC créée en 2019
30 collaborateurs
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46100 Figeac
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