Depuis Bayonne, Vela dévoile son modèle de bateau cargo à voile - Premium

Il y a une certaine excitation qui règne ce mercredi matin dans l'amphithéâtre de la Chambre de commerce et d'industrie de Bayonne. Sur scène, les fondateurs de Vela autour de François Gabart, skipper vainqueur du Vendée Globe, ont le sourire. Depuis leur domiciliation officielle, les cinq associés ont dévoilé plus de détails sur leur projet de bateau cargo à voile. Un projet, dont nous vous parlions en février déjà sur Placéco et visant à proposer une alternative aux cargos polluants. « L’aventure a commencé avec la conviction que le vent est la meilleure force, la plus durable, pour transporter des marchandises », introduit Pierre Arnaud Vallon, cofondateur de Vela. Un rappel de la promesse avant de dévoiler les premiers visuels du futur prototype de bateau travaillé avec le cabinet d’architecture navale VPLP. François Gabart prend le micro. À l’écran, les premières images d’un trimaran de 65 mètres de long. « Deux fois plus grand que celui sur lequel je navigue », précise-t-il. Et sur le pont du bateau entièrement en aluminium, des espaces pour y introduire des conteneurs. Le cargo permettra de transporter 560 palettes européennes, et 51 conteneurs taille européenne, avec la possibilité d’accueillir évidemment aussi des palettes américaines (450 au maximum) afin de permettre une rotation commerciale. Ainsi, le cargo aura la capacité totale de transporter 4.000 conteneurs par an, soit 5.800 tonnes de marchandises. Un choix pas anodin de se porter sur le multicoque. « On avait plein de concepts possibles, on a fait des simulations, avec un monocoque et finalement, c’est le multicoque qui est le plus rapide et nos clients ont besoin de vitesse », poursuit-il. Car ce cargo devra tenir la promesse de ses fondateurs, celui de traverser l’Atlantique avec une rapidité grosso modo égale à celle de la concurrence traditionnelle, soit 10 à 15 jours, chargement et déchargement compris. Car en effet, la première ligne a été confirmée. Vela explorera d’abord la voie transatlantique entre la France et les Etats-Unis. « Parce que c’est l’un des meilleurs endroits pour faire du 100% vélique, et parce que les Etats-Unis sont le deuxième pays d’export sur les produits qu’on veut transporter, à savoir les produits à haute valeur ajoutée », argumente le chef d’entreprise. De la maroquinerie, des selles de cheval, du vin et des spiritueux… prennent pour exemple les associés.Décarboner le transport maritime Les bateaux Vela pourront partir de tous les ports, mais misent notamment sur le recours aux ports secondaires pour permettre de partir « au plus proche des manufactures des pays d’origine » et limiter les transports en camions avant le voyage en cargo. Mais la finalité, c’est bien de décarboner le secteur maritime responsable de 1.000 millions de tonnes en équivalent CO2. Leur solution pourrait absorber 8% du flux commercial sur la ligne franco-américaine selon leurs estimations. « De notre côté, on vise les 99% de réduction d’émission de gaz à effet de serre en propulsion », précise Michaël Fernandez, un des cinq associés. Outre le vent, les fondateurs de Vela prévoient d’utiliser le pont du bateau pour y installer des panneaux photovoltaïques, ainsi que des hydrogénérateurs qui seront des hélices installées sous le bateau. Sur la partie décarbonée, Michaël Fernandez précise que le cargo sera conçu avec des matériaux recyclés recyclables, et que les aménagements seront aussi en matériaux biosourcés. Reste que si le siège de la société est à Bayonne et que le QG devrait voir le jour non loin du port, pour le moment rien n’a été dévoilé concernant le lieu de fabrication et le process de construction. « On a passé la première étape d’ingénierie, on rentre dans la deuxième phase et on va aller dans le détail », précise Thibault Charles, cofondateur et directeur commercial. D’ici la fin de l’année, des précisions seront apportées à ce sujet. Les associés ont d’ailleurs avancé un calendrier. La fabrication du premier bateau sera pour l’année prochaine, avec une première mise en opération en 2025. Puis doucement monter en cadence jusqu’en 2028 et passer à cinq bateaux. De quoi permettre un départ tous les neuf jours, soit huit rotations par an et par bateau. Ils espèrent atteindre en 2035 une trentaine de navires. Sur la logistique, les fondateurs prévoient d’avoir huit marins à bord de chaque bateau, qui chargeront et déchargeront les cargos avec l’aide des équipes côtières. Encore faut-il vendre. Les associés n’ont pas totalement dévoilé leur modèle économique, mais prévoient de vendre leurs services, assumant d’être plus chers que les cargos traditionnels. « On aura un pavillon français et on paiera nos salariés en France », souligne Pierre Arnaud Vallon. Pour les clients, les prix seront plus élevés certes, « mais ce n’est pas un sujet pour ceux avec qui on a signé », nuance le chef d’entreprise.Rappelons que les cofondateurs de Vela prévoient une levée de fonds d’environ 10 millions d’euros, entre dilution et prêt bancaire en début d’année prochaine. De quoi, notamment, financer la réalisation du premier bateau et de mener les embauches initiales. À l’avenir, la société n’exclut pas d’envisager d'autres voies maritimes, telles que la Nordique ou l’Afrique du Nord.

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