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Cinq heures au chevet du logement en Pays basque - Premium

Stratégie
vendredi 24 mars 2023

Fraîchement constitué par un groupement d’acteurs économiques du territoire, le collectif Entzun travaille à remettre la problématique du logement au Pays basque sur le devant de la scène politique et médiatique

Jérôme Fourquet a confirmé jeudi 23 mars à Bayonne quelques vérités sur la situation du logement en Pays basque. Mais semé également nombre de questions au forum organisé par « Sud Ouest ». L’occasion de tracer des pistes face à une situation critique.

Commentant en « visio » depuis Paris un sondage effectué par l’IFOP, son directeur du département opinion publique, Jérôme Fourquet, a fait ressortir deux évidences recueillies auprès des 700 individus interrogés en Pays basque : 71 % des personnes questionnées sont pour la compensation instaurée par la Communauté Pays basque depuis le 1er mars dernier : toute transformation d’un logement en une location saisonnière doit passer par l’ouverture d’une surface équivalente, cette fois pour la location à l’année (un système mis en place, entre autres, à Bordeaux et à Paris). Autre approbation, 71 % des sondés se prononcent pour une régulation des loyers.

Avec le sens des nuances que l’on a pu apprécier dans son ouvrage « L’archipel français » (Editions du Seuil, 2019), le sociologue a précisé : dans 58 % des réponses les habitants du Pays basque sont satisfaits de leur qualité de vie, comme du logement (soit 20 % de plus que la moyenne de l’Hexagone). Egalement, 22 % de la population de ce territoire n’était pas là il y a 10 ans et les arrivants, notamment sur le littoral, appartiennent plutôt à des catégories CSP+. Petite nuance, parmi les préoccupations des sondés, le pouvoir d’achat arrive en tête et suivent, à quasi égalité, le dérèglement climatique et le logement.

Après cet état des lieux, l’enquête IFOP s’est également employé à rechercher des solutions : les aspérités arrivent tel le souhait de seulement 55 % des sondés de voir encadrés les prix de vente. Et Jérôme Fourquet d’avancer « le risque d’un Pays basque à deux vitesses ».

Déboulent alors dans le débat inquiétudes, questions et même colères. Avec la compensation, Séverine Garamendia voit « l’arrêt de mort » de son entreprise de conciergerie. Les résidences secondaires auront moins voire guère d’occupants, dit-elle, et c’est la fin de trois postes à durée indéterminée. Dans le même registre, Owen Lagadec regrette la mesure votée par la Communauté, un peu brutale : ce responsable de la plate-forme de logements saisonniers Popliday aurait souhaité plus de concertation avec les professionnels. Vincent Poulou (président la FNAIM en Pays basque) reconnaît « un problème réel autour du logement » et souhaite « à tous les partenaires de ce dossier de se mettre autour de la table ». L’un et l’autre mènent « Entzun » (écouter), un collectif de citoyens coorganisateur avec « Sud Ouest » du forum de Bayonne. Ils affirment « un logement accessible est un droit essentiel pour tous ».

Crise de la demande 

Avec le concours de représentants ou de témoignages sur Bordeaux, La Rochelle, la Bretagne, Monaco ou La Teste de Buch, plusieurs pistes sont lancées dans l’arène : recenser exactement la vacance de logement, mais Denis Caniaux de l’Agence d’urbanisme « assure que cela ne suffira pas à résoudre les pénuries ». Autre piste, engager un effort de réhabilitation de l’existant et chiffrer son coût. Egalement, créer un « permis de louer » tel qu’il a été mis en place à Bordeaux par la municipalité. D’autres propositions plus radicales ont leurs partisans : encadrer le foncier comme l’est l’habitat. Voire se remettre en cause en s’interrogeant : à qui appartient le sol ?

Les promoteurs immobiliers donnent également de la voix en souhaitant avec leur président, Pascal Thibaut, une baisse de la TVA car « après une crise de l’offre dans le logement nous sommes passés à une crise de la demande. Cet effet post-Ukraine survient alors que les réglementations se durcissent ». Chef de l’entreprise Butrfly, Manuela Dizier prône aussi des solutions à portée de mains telle que « le rapprochement entre les étudiants et les habitants qui ont des logements » : elle a monté un réseau de ce type à partir de l’Ecole d’ingénieurs Estia de Bidart.

Tous en conviennent, le Parlement doit revoir la fiscalité, dont l’imposition sur les locations saisonnières au profit des locations à l’année. Une exigence partagée par Jean-Noël Etcheverry dit Txetx qui « bataille » depuis des mois en Pays basque avec l’association Alda.

Reste une évidence, ce qui se passe en Pays basque pour le logement est vécu de même par le sud des Landes, voire la Charente-Maritime. Et trois tendances ne paraissent guère se dissiper : l’envie des populations de vivre au sud, près de la mer et plutôt autour d’agglomérations. De quoi alimenter durablement la vie publique.

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