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Et si l'on faisait des lycées professionnels la nouvelle « voie royale » ?

Opinion
vendredi 05 mai 2023

Alexandre Laurent est rédacteur en chef de Placéco. 

crédit Caropat via Pixabay

Annoncée jeudi par le chef de l’Etat lors d’un déplacement en Charente, la réforme du lycée professionnel prépare une redéfinition de la carte des formations avec l’ambition de créer, enfin, une réelle adéquation, entre enseignement de filières et besoins de main d’œuvre. Le mouvement est nécessaire, mais sera-t-il suffisant ?

Les étudiants de bac pro seront-ils un jour qualifiés de « future élite de la nation », comme j’ai pu l’entendre, sans une once de second degré, de la bouche d’un prof de prépa au tournant des années 2000 ? La réforme du lycée professionnel, présentée jeudi par Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Saintes, en Charente, se veut pragmatique, avec une volonté assumée de mieux faire coïncider l’offre de formation aux besoins réels des entreprises, territoire par territoire.

Au-delà des périodes de stage allongées, des nouvelles gratifications ou du milliard d’euros d’investissements annuels annoncés, le projet promet de s’attaquer au remodelage de la carte des formations. Autrement dit, assurer « la fermeture de toutes les formations qui mènent insuffisamment à l’emploi ou à la poursuite d’études », notamment dans le tertiaire, et procéder dans le même temps à « l’ouverture d’un nombre équivalent de places dans les secteurs plus porteurs (industrie, services à la personne, numérique, énergie, bâtiment durable, mobilités douces, etc.) », selon les termes du dossier de presse qui résume le projet, et fixe un objectif de « 100% de formations non insérantes (sic) fermés » pour la rentrée 2026.

Pour soutenir la démarche, le projet prévoit notamment le déploiement sur tout le territoire et dès juin 2023 d’un nouveau service d’information – nom de code Orion, inscrit dans le prolongement de la plateforme Inserjeunes, qui vise à fournir aux Régions, aux rectorats et aux établissements des données tangibles sur les taux de poursuite d’étude et d’accès à l’emploi associés à chaque filière. Charge à ces derniers d’ensuite articuler plus finement l’offre et, sans doute, les efforts de promotion associés.

Une approche pragmatique, donc, censée faire du lycée professionnel « un acteur essentiel dans la formation aux compétences stratégiques et d’avenir, afin d’en favoriser l’attractivité et la reconnaissance ». Elle trouvera certainement un écho favorable dans ces fameuses filières d’avenir, soutenues dans l’opinion publique par les nombreux messages positifs en faveur de la réindustrialisation du territoire. À plus forte raison en Nouvelle-Aquitaine, où la Région porte, avec ses campus des métiers, la création de pôles de formation de pointe sur des métiers porteurs, à l’image du Ferrocampus de Saintes. Voire peut-être dans le monde agricole, dont les lycées professionnels font depuis quelques années l’objet d’attentions redoublées.

Mais quid de ces métiers du soin, de l’aide à domicile, de l’entretien ou de la manutention, dont la popularité est en berne, alors même qu’ils figurent, d’après Pôle emploi, parmi les plus recherchés par les entreprises de Nouvelle-Aquitaine ? Ce sont eux qui, pour reprendre la formule consacrée aux classes prépa, auraient besoin d’une « voie royale », passant par un double travail sur l’attractivité et la reconnaissance.

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