Comment l'ancienne minoterie de Navarrenx va se transformer - Premium

Au bord du gave d’Oloron, à Navarrenx, l’ancienne minoterie Masseys a séduit Delphine Saint-Quentin et Pierre Meauzé. En 2022, le couple d’Anglet a racheté ce site, à l’abandon depuis l’arrêt de l’activité dans les années 1960, pour un projet enthousiasmant qui prévoit d’y aménager des logements sociaux et des espaces partagés. « Nous avons déjà créé un écolieu à Bardos, explique Delphine. Mais dans une construction neuve, et au sein d’une coopérative avec un groupe d’habitants. Ici à Navarrenx, nous sommes porteurs de projet : on part de zéro. » Ils sont accompagnés par l’agence d’architecture et de paysage Encore, collectif implanté en Béarn des gaves. Avant tout, il s’agit de réhabiliter la vaste friche industrielle du XIXe siècle qui comprend un silo, des écuries et la minoterie, pour une surface totale de 1.900m², le tout sur un terrain de 8.500 m². « La consultation des entreprises est toujours en cours, indique l’entrepreneuse. On espère finaliser fin octobre, pour un début des travaux cet hiver. » La livraison de l’ensemble est attendue pour début 2026.3,3 millions d'euros investisBudget estimé : 3,3 millions d’euros. Le plan de financement prévisionnel, porté par le duo à travers la Société Civile Immobilière Bailko, se décompose en trois parts égales : un tiers de fonds propres, un tiers de subventions, un tiers d’emprunts. « Nous sommes lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt "Engagés pour la qualité du logement de demain" », se félicite Delphine. À la clé, une enveloppe de 89.000 euros pour de l’assistance à ouvrage et ingénierie, par le cabinet d’étude Ville en œuvre. « Cela peut permettre de lever des verrous en lien avec les exigences actuelles, et on intègre un réseau d’animation où l’on échange entre lauréats. »Le dossier bénéficie par ailleurs du Fonds de recyclage des friches dans le cadre du plan de relance post-Covid, pour un montant de 837.000 euros. « Ce sont des financements destinés aux travaux exceptionnels, qui aident à couvrir le déficit de l’opération, révèle la porteuse de projet. Cela va financer le plus gros de la réhabilitation et du changement d’usage. » Par ailleurs, l'Agence Nationale de l'Habitat (Anah) participe à la rénovation du silo et des écuries - à hauteur de 111.160 euros - car, sur les dix-sept logements prévus, cinq seront des logements sociaux. En échange, les promoteurs s’engagent à plafonner les loyers. « Au départ, on avait l’ambition de faire de l’habitat social à 100%, mais ce n’était pas viable financièrement, donc on part sur un tiers de logement sociaux », précise Delphine. Avec son compagnon, ils préparent aussi des devis à soumettre à la Fondation du Patrimoine pour un financement participatif en faveur de la rénovation des façades.Vers une SCIC ?Enfin, fléché sur le bâtiment de la minoterie où se profilent notamment un espace de coworking et un café-restaurant associatif, la Région devrait apporter son concours via le dispositif Innovation foncière, pour 90.000 euros. Les espaces partagés comprendront en outre une buanderie, des ateliers, et des extérieurs communs, des chambres d’amis, ainsi qu’une grande terrasse aménagée au dernier étage du silo.Le couple mise sur l’implication d’acteurs du territoire, et souhaite réunir un collectif de porteurs de projets ou d'idées, et de citoyens motivés qui partagent leurs valeurs, à savoir : respect, entraide, écologie. Et par la suite, ils tablent sur un fonctionnement participatif avec les occupants du lieu.À lire également - Réemploi : le pari gagnant de l'association AIMA et ses recycleries professionnellesDans un premiers temps, l’équilibre économique sera assuré par les seuls loyers : « On ne voulait pas faire porter la pression financière sur le tiers-lieu et l’espace de coworking », justifie le couple d’investisseurs, qui souhaite laisser le temps à des associations et collectifs de s’emparer des lieux pour les faire vivre. Est envisagée la création d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) comprenant trois collèges : « Un collège d’habitants, un autre dédié à l’animation du tiers-lieu, et un dernier comprenant les institutions et partenaires, la commune, la Communauté de communes du Béarn des Gaves (CCBG), pourquoi pas le Département, et les communautés de communes voisines. » Besoins identifiés sur le territoireVisant à terme l’autonomie de ce collectif mixte installé, les propriétaires-bailleurs ont organisé des réunions d’information, au cours desquelles plusieurs habitants et porteurs de projets se sont dits intéressés. La CCBG a missionné l’enseigne nationale « Relais d’entreprises » pour une étude, qui montre un besoin d’espaces de coworking à Navarrenx. La commune elle-même a réalisé un diagnostic qui pointe le besoin de logements. Des jeunes femmes parties pour leurs études se sont montrés intéressés pour revenir habiter au pays dans le cadre de ce projet. « On a beaucoup de T2 et T3, cela correspond à la demande, indique Delphine. Nous avons rencontré des personnes âgées du coin qui se verraient bien déménager là, pour sortir de l’isolement. Car ils se retrouvent souvent dans des maisons trop grandes et n’ont pas envie de finir dans un appartement en ville. Le projet de la minoterie offre des logements de petite surface mais avec de grands espaces extérieurs. » Par ailleurs, « une belle rencontre » a eu lieu avec des familles qui hébergent des personnes âgées. Ce qui a eu un impact sur l’aménagement du rez-de-chaussée en un T4-T5 adjacent à un T1. « Et si ça ne se fait pas, on pourra toujours héberger un jeune et une famille par exemple », se projette le couple, qui vise une mixité des populations accueillies.

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