Jean-Louis Rodrigues (EuroSIMA) : « La filière ne se porte pas si mal que ça malgré les tensions géopolitiques mondiales » - Premium

Vous venez d’être reconduit pour un nouveau mandat de deux ans à la présidence d’EuroSIMA. Dans quel état se trouve aujourd’hui la filière des sports de glisse ?La filière ne se porte pas si mal que ça. Malgré les tensions géopolitiques mondiales, et les taxes douanières prises aux États-Unis, notre secteur reste préservé. La consommation est au rendez-vous, il n’y a jamais eu autant de surfeurs à l’eau, les réservations estivales sont bonnes, et les chiffres sont en légère hausse par rapport aux deux dernières années.L’impact des décisions américaines, comme les taxes à l’importation décidées par Donald Trump, inquiète-t-il vos adhérents ?Pas vraiment. Peu d’entreprises du cluster réalisent une part significative de leur chiffre d’affaires aux États-Unis — souvent moins de 10 %. Cela n’en fait pas un enjeu majeur pour nous. En revanche, cela peut retarder certaines décisions stratégiques, comme une implantation ou un développement sur le marché nord-américain. Certaines entreprises mettent leurs projets en pause. Le seul effet positif à court terme, c’est la baisse du dollar, qui allège un peu nos coûts d’achats.Quelles sont vos priorités pour ce nouveau mandat ?Je suis d’abord très fier d’avoir été réélu. Je veux rendre à cette filière ce qu’elle m’a permis d’être. Parmi les ambitions, elles sont de structurer davantage la filière, accompagner les entreprises sur les sujets réglementaires et RSE, et définir une vision claire pour les années à venir avec une stratégie la plus cohérente possible. On compte aujourd’hui 215 adhérents, contre 140 il y a six ans. Le secteur a évolué, les réalités aussi. Il est essentiel que l’on continue d’apporter un appui concret, et que l’on reste fidèles à notre ADN. Je tiens aussi à favoriser la transmission, en posant les bases d’un cluster encore plus solide pour demain."Ça nous donne une voix plus importante"L’un des chantiers importants est le rapprochement avec l’Union Sport & Cycle. Qu’est-ce que cela change pour EuroSIMA ?Ce rapprochement est double. C’est le prolongement de notre convention jusqu’à présent. Elle permet de gagner en poids politique au niveau national. À l’échelle de Paris, notre filière n’était pas suffisamment connue. Lors d’échanges avec des ministères, on nous répondait littéralement : « Je ne sais pas qui vous êtes. » L’USC a de super spécialistes donc on accède à des compétences pointues, en juridique ou en data par exemple. Par exemple, au début de notre collaboration, il y avait le problème du Brexit, en trois jours ils avaient organisé une réunion avec leur responsable juridique, le numéro trois des douanes française et le responsable économique de l’ambassade de France à Londres, et on a réglé le problème. Ça nous donne une voix plus importante et respectée au niveau national.Ce partenariat vous permet aussi de proposer de nouveaux services aux adhérents ?Oui, notamment sur les enjeux RSE. Grâce à l’USC, on a pu recruter Aude, une experte de ces questions. Je n’aurais pas eu les moyens financiers de l’embaucher. Avant, nous répondions aux entreprises sans être vraiment spécialistes. Aujourd’hui, on a dans notre groupe de travail, une experte de la RSE qui a travaillé pour des usines en Asie, etc. Donc elle est extrêmement pointue sur ces sujets.Vous avez aussi décidé de réduire la taille du conseil d’administration d’EuroSIMA. Pourquoi ce choix ?Pour gagner en agilité et en efficacité. Un board élargi, c’est riche en diversité, mais à la taille à laquelle nous sommes, on ne peut pas traiter tous les sujets et embarquer tout le monde. Les réalités d’une start-up du digital ne sont pas les mêmes que celles d’un grand groupe. Donc on perdait en efficacité. En réduisant à neuf membres, on concentre les décisions, on agit plus rapidement, on est plus efficace. Et cette évolution a été bien acceptée par tous les administrateurs sortants.

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