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Gouvernement Lecornu : « Cela devient complètement fou »

Écosystème
lundi 06 octobre 2025
Gouvernement Lecornu : « Cela devient complètement fou »

Sébastien Lecornu ne souhaite pas être renommé, même en cas de négociations qui aboutiraient. Crédit : Ministère des Armées

Coup de tonnerre ce lundi matin, avec la démission du Premier ministre, quelques heures à peine après l’ébauche de son gouvernement. Les responsables du monde économique néo-aquitain peinent même à trouver les mots.

Dès dimanche soir, les signaux négatifs s’accumulaient. Sébastien Lecornu aura réussi à être le Premier ministre le plus long à former son gouvernement et ce dernier aura connu la plus brève existence de l’histoire de la Ve République. Mort-né. « C’est extrêmement inquiétant, ça devient complètement fou », pose Nathalie Laporte, présidente de la Chambre de métiers et d’artisanat de la Gironde et vice-présidente de la Fédération française du bâtiment de la Gironde. « Comment qualifier les invraisemblables séquences politiques nationales auxquelles nous assistons depuis la dissolution irraisonnée d’Emmanuel Macron ? Ubuesque, dystopique, orwellien, s’interroge Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, très sincèrement dépité face au temps perdu, inquiet face à l’accroissement du sentiment anti-démocratique, effaré face à tant d’incompétence. Et si ce nouvel épisode n’augure rien de bon pour notre pays, en ces temps géopolitiques et économiques si instables, il n’y a rien d’étonnant. À ignorer le résultat des urnes, à mépriser les corps intermédiaires, à rester sourds aux ras-le-bol, le président de la République et ses proches récoltent ce qu’ils sèment », cingle-t-il.

« Dans le brouillard complet »

« Le rôle d’un chef d’entreprise est de connaître la météo de demain sur les différents aspects, avance Mathias Saura, président du Medef Gironde, soit une croissance potentielle, les taxations, les charges, les coûts, les normes pour piloter sa structure. On est dans le flou le plus total. C’est comme en voiture, quand il y a du brouillard, on freine. Aujourd’hui, ce n’est pas le moment naturel pour une entreprise d’investir », explique-t-il. Pour sa part, Nathalie Laporte, présidente de la Chambre de métiers et d’artisanat de la Gironde et vice-présidente de la Fédération française du bâtiment de la Gironde s'inquiète. « On espérait avoir un peu de visibilité, avoue-t-elle. Le logement neuf, même s’il restait à bas niveau, se redressait un peu. Il y avait de l’amélioration sur la rénovation. Et là, tout va s’écrouler à nouveau. Il faut refondre les aides à la rénovation énergétique et maintenir le PTZ. Mais aussi refondre la REP [Responsabilité Elargie du Producteur, ndlr]. Les éco-organismes qui gèrent la REP, c’est une catastrophe ». 

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Ni économiste, ni théoricienne comme elle le dit d'elle-même, la présidente de la CPME de la Gironde Cécile Despons ne peut voir que « par son prisme territorial ». « On a une constitution qui est ce qu’elle est. On a énormément de législations qui se sont empilées au gré du temps. Peut-être qu’il y a besoin d’un dépoussiérage. Mais surtout, on a vu les impacts que l’on peut subir du monde extérieur et si on veut pouvoir faire face à ce qui se passe autour de nous, il faut que nous soyons forts de l’intérieur. La position de la CPME, c’est l’économie réelle et les territoires. »

Dans l'incertitude, pas de projets

Jean-François Clédel, président de la CCI Nouvelle-Aquitaine, estime « affligeant de voir qu'on n'arrive pas à constituer un gouvernement ». « Cela ne rassure pas les chefs d'entreprise. Or, ceux-ci ont du mal, dans cette incertitude, à se projeter car ils ne peuvent pas prévoir les évolutions législatives, fiscales, ils ne peuvent donc pas se lancer dans des projets, des innovations ou ne serait-ce que des idées pour l'avenir. Et devant tant d'incertitudes, ils ne peuvent pas motiver leurs salariés, lesquels ressentent aussi fortement cette situation. » Le président n'entrevoit pas vraiment de possibilités de sortie de crises à brève échéance. « Les élections sont en 2027. D'ici là, tellement de scénarios sont possibles... Je comprends le ras-le-bol devant l'inculture d'une partie de la classe politique et qui sait que le poids de la dette sera le premier budget de l'Etat. À force de feindre de ne pas le voir, on frôle l'indécence. »

Quel levier institutionnel face à la pire crise de la Ve République ?

« Même si les circonstances peuvent se comprendre, il serait temps que notre classe politique dans son ensemble se mette au service du pays plutôt que de leur propre intérêt personnel. Il va falloir apprendre à faire des compromis. Et arrêter d’avoir trois tiers d’Assemblée Nationale qui veulent chacun absolument leur programme, tout leur programme et rien que leur programme. Ça ne marchera pas », analyse Mathias Saura, président du Medef Gironde, dont les instances nationales ont pour l’heure reporte sine die la journée d’action qui était prévue le 13 octobre.

« Il faut revenir aux urnes et à une élection de l’Assemblée nationale. Si un camp devient majoritaire ça règle le débat. Et si on se retrouve avec trois blocs d’à peu près la même importance, ça serait un signal fort que ce n’est pas le hasard mais que c’est bien l’ensemble des français qui souhaitent avoir une pluralité et avoir des gens qui négocient et savent progresser sur un projet commun », poursuit-il. « Je ne peux que partager la déclaration de Sébastien Lecornu sur l’intérêt de la France face à l’intérêt des partis. C’est la seule fois où j’ai entendu parler de l’intérêt de la France », tente de recentrer Cécile Despons.

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