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Éolien en mer : une filière entière à créer en Nouvelle-Aquitaine

Écosystème
lundi 19 mai 2025
Éolien en mer : une filière entière à créer en Nouvelle-Aquitaine

Pour le projet d'éolien flottant Oléron 2, une réponse sur les candidatures des ports lauréats pourrait intervenir en novembre. Crédit : Fokke Baarssen

Le projet d'éolien en mer dans le golfe de Gascogne représente dix milliards d'euros pour les cinq projets de parcs, 340 éoliennes. L'équivalent de trois EPR. C'est surtout la création d'une filière qui, emmenée par les quatre ports régionaux, engendrera tout un écosystème. Premier horizon : 2030. Mais rien n'est encore décidé. Les marchés pourraient même échoir dans l'escarcelle d'autres ports français.

Dans les couloirs des ministères, de l'Hôtel de Région et des entreprises de la façade sud-atlantique, on fourbit les arguments. Ceux qui vont convaincre, espère-t-on en région, les responsables de confier les prochains projets d'éolien en mer au large d'Oléron et les suivants au groupement des ports néo-aquitain. Il se peut que les projets de parcs éoliens du golfe de Gascogne n'échoient pas au ports gascons mais à d'autres ports français puisque ceux de Bretagne et de Méditerranée sont également dans le jeu de la concurrence.

Au total, cinq projets d'éolien en mer (ou off shore) sont prévus au large des côtes aquitaines. La puissance totale serait de 7 gigawatts (GW), à horizon 2050. Au total, la production devrait pouvoir assurer une trentaine d'éoliennes par an pendant vingt ans. 

Echéances 

Oléron 1 est en cours d'attribution. Oléron 2 en cours d'étude (réponse à l'automne). Les trois autres, golfe de Gascogne sud, nord et ouest sont au stade de la réflexion.
Oléron 1 (appel d'offre AO7) est constitué d'éoliennes posées (au sol, sur le fond marin) à 45 km des côtes. L'investissement est de trois milliards d'euros, la puissance produite est de 1 GW. Il devrait commencer à produire en 2034.
Oléron 2 (appel d'offre AO9) sera de l'éolien flottant. Les ports de Nouvelle-Aquitaine ont répondu à l'appel d'offres. La commission de régulation de l'énergie est en train d'analyser les différentes offres. Le chantier devrait débuter en 2030.
Golfe de Gascogne sud, nord et ouest seront aussi de l'éolien flottant mais plus au large que ceux d'Oléron, à 100 km au large de l'Île de Ré.


« Les ports sont prêts »

La filière éolien en mer serait constituée selon les études (Innosea) de 165 entreprises et créerait 1.700 emplois. Globalement, le principe d'organisation d'un projet de parc éolien repose sur deux grands acteurs : l'opérateur (l'entreprise qui exploite le parc et revend l'électricité) et la partie fabrication-logistique pour laquelle les ports candidatent. L'enjeu pour les ports, réunis dans l'objectif de faire front commun, sera de convaincre qu'ils ont les capacités à organiser la logistique en s'appuyant sur un écosystème capable de produire ou d'amener les éléments de construction des éoliennes. Pour cela, ils sont en ordre de marche, avec le port de la Rochelle en leader, fort de son expérience sur l'éolien posé au large de Noirmoutier.
Schématiquement, les quatre ports néo-aquitains auraient chacun leur "spécialité", étant chacun un maillon dans la chaîne de l'éolien régional :
- Bayonne : la fourniture de la tôle, composant des futurs flotteurs
- Bordeaux : fabrication et stockage des flotteurs
- Rochefort : stockage des innombrables éléments annexes
- La Rochelle : intégration des flotteurs aux mâts et pâles puis tractage jusque sur zone.

Le hic est que les opérateurs ne sont pas encore connus et selon celui qui remportera le marché, le cahier des charges pourrait évoluer.  L'Ademe a  lancé (et clos fin janvier 2025) un appel à projets visant à soutenir, à l’échelle des façades maritimes Méditerranée et Atlantique-Manche, les ports ou consortiums de ports souhaitant adapter leurs infrastructures pour accueillir les activités industrielles liées à l’éolien flottant. Les représentants des quatre ports ont été auditionnés le 14 mai dernier par la Direction de l’énergie maritime (DEM) pour solliciter des subventions dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt pour structurer les infrastructures portuaires. Ce programme oléronnais coûterait 200 millions d'investissement. Le groupement réclame 100 millions d’euros d’aides publiques. 

Deux milliards par parc, cinq parcs

Au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Rémi Justinien, vice-président de la région chargé de l’économie de la mer, du tourisme et de l’économie territoriale, plaide, évidemment, pour la candidature des ports aquitains mais sans toutefois tomber dans l'optimisme. « Les ports de la région sont prêts, affirme-t-il. Ces places portuaires travaillent en lien étroit. L'investissement est envisagé entre deux et trois milliards d'euros par projet de parc et il y a cinq projets en Nouvelle-Aquitaine, jusqu'en 2050. Pour les entreprises, cela représente une très belle occasion de se développer... Une autre source financière est possible - 38 millions d'euros de retombées fiscales issues de la taxe éolienne, qui revient au territoire pour rattraper l'aspect acceptabilité - à destination des communes, des pêcheurs et d'autres. Il va falloir que l'on réfléchisse à qui elle pourra aussi bénéficier. »

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Des annonces en novembre à La Rochelle

Le conseiller régional, élu du territoire Rochefort Océan, Royan Atlantique et Marennes-Oléron, n'affiche pas un optimisme à toute épreuve. « Je suis modérément optimiste, dit-il. La commission de régulation de l'énergie est en train d'analyser les offres. Je tempère mon ardeur car le modèle économique de l'éolien a du mal à trouver sa place, les prix de rachat de l'électricité étant trop bas. » Les opérateurs ne se bousculent pas (ou plus) au portillon, par rapport à 2022. Selon le média des professionnels de la transition énergétique « Green Univers», trois des neuf candidats dans la course pour construire le parc éolien au large de l’île d’Oléron se seraient retirés.

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« Le développeur Skyborn, anciennement connu sous le nom de WPD Offshore, travaillait depuis 2014 sur le projet d’Oléron, mais ne peut continuer seul du fait de l’abandon de son partenaire Cobra, qui quitte le marché français. Parmi les possibles désistements évoqués figurent aussi les tamdems Qair-Corio et RWE-Valorem », expliquent nos confrères de Sud Ouest. « Sur le projet Oléron 1 - A07 [ndlr, éolien posé], on va avoir des surprises », pressent Rémi Justinien. Pour AO9 (Oléron 2, éolien flottant), le président de la République devrait faire des annonces lors des Assises de l'économie de la mer. « Je ne sais pas lesquelles, par contre », précise l'élu régional.

Rendez-vous donc en novembre à La Rochelle.

Sommaire

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Éolien en mer : une filière entière à créer en Nouvelle-Aquitaine

Le projet d'éolien en mer dans le golfe de Gascogne représente dix milliards d'euros pour les cinq projets de parcs, 340 éoliennes. L'équivalent de trois EPR. C'est surtout la création d'une filière qui, emmenée par les quatre ports régionaux, engendrera tout un écosystème. Premier horizon : 2030. Mais rien n'est encore décidé. Les marchés pourraient même échoir dans l'escarcelle d'autres ports français.

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