Baromètre de l’économie Pays basque : « Les chefs d'entreprise continuent de voler à vue » - Premium

L’exercice est désormais rodé. Chaque semestre, la chambre de commerce et de l’industrie Bayonne Pays basque invite les journalistes le matin, et organise le jour même une soirée en grandes pompes pour présenter les chiffres du dernier baromètre de l’économie aux chefs d’entreprises du territoire. Si le schéma reste le même, les présentations se suivent et sont plus alarmantes les unes que les autres. Celle du premier semestre 2025 ne dérogera pas à la règle. À commencer par le contexte macroéconomique présenté par la directrice de l’antenne bayonnaise de la Banque de France. Une croissance faible autour de 0,8% pour 2025. Une inflation en nette décrue d’environ 1,2% pour cette année. Pour autant, la consommation des ménages ne décolle pas, et reste encore atone. Le tout dans un contexte politique incertain, au rythme des changements de Premier ministre sans budget 2026 arrêté.« Gros signal d’alerte »Dans ce contexte, le Pays basque « résiste mais sans élan », précise André Garreta, président de la chambre de commerce et de l'industrie en introduction de son propos. En premier lieu, il marque un « gros signal d’alerte » autour des radiations en hausse de 75 % et des redressements judiciaires qui bondissent de 48 %, dans un contexte général de procédures collectives en hausse de 9 %. Avec un solde de création qui reste positif avec 256 entreprises, mais deux fois inférieur à la même période sur le premier semestre 2024. Parmi les trois difficultés principales citées parmi les chefs d’entreprises : la baisse de la demande (31%), l’inflation (29%) et le poids des charges (27%) avec forcément un impact de la situation politique. « Nos entreprises avancent dans un brouillard d’incertitude. » poursuit André Garreta. Une incertitude qui a un impact sur l’investissement, avec seuls 17% des dirigeants sondés qui ont prévu de le faire. Côté infrastructure, le Port de Bayonne fait état de 1,06 million de tonnes de marchandises traitées, en baisse de 5,5% sur la même période l’année dernière, avec à noter néanmoins une hausse du trafic du maïs ( 32%) et de celle du bitume ( 68%). L’objectif fixé de 2,18 millions de tonnes d’ici la fin de l’année est jugé atteignable selon le président de la CCI. Pour autant, le président de la CCI Bayonne Pays basque note que « l’emploi se porte mieux qu'au niveau régional et national, mais le marché reste sous tension ». Ainsi seules 11% des entreprises ont embauché, avec 65% des dirigeants faisaient part de difficulté de recrutement. L’industrie et les services restent les premiers secteurs les plus dynamiques. Côté profils, ce sont majoritairement des auxiliaires de vie, des comptables et des femmes de ménage qui sont recherchés. Reste que le taux de chômage est stable à 5,8%, à noter néanmoins une hausse des demandeurs d’emploi parmi les jeunes et les cadres. Secteur par secteur L’industrie est le secteur qui tire le mieux son épingle du jeu. Avec une reprise réelle mais jugé fragile. Car si le chiffre d’affaires est en hausse ( 13%) et que les carnets de commandes se remplissent, les marges et trésorerie restent encore dégradées. De quoi limiter les perspectives d’investissement sur cette fin d’année. Les services hors CHR s’en sortent également pas trop mal, avec une hausse du chiffre d’affaires de 8% et une trésorerie globalement stabilisée. Les marges restent fragiles, mais tiennent. Les dirigeants prévoient de poursuivre les recrutements et les investissements au second semestre. À l’inverse, le secteur de la construction est le plus fragile, avec une activité en berne, avec des commandes en repli et des marges en forte baisse (-25%) par rapport à la même période l’an dernier. Reste que le chiffre d'affaires est stable. Autre forte incertitude, côté commerce, avec un chiffre d’affaires en très fortes baisses, tout comme les carnets de commandes (-26%). La trésorerie plonge de 36% pour les commerçants (contre déjà 22% au semestre précédent). Ce qui se vérifie principalement dans les commerces de centre-ville boudés, face à ceux de périphérie qui eux affichent une fréquentation en hausse de 40%. Le CHR fait le bilan d’une saison estivale morose. Avec une fréquentation client en recul de 13 points et des marges dégradées. Les prévisions sont donc prudentes avec une activité stable ou en légère progression attendue. Dans le prolongement, le secteur du tourisme note aussi une fréquentation en baisse pour le 4ème semestre consécutif avec des trésoreries et des marges fortement dégradées. L’incertitude est aussi élevée.Impact des droits de douane : Le premier semestre 2025 a également été marqué par la signature d’un accord sur les droits de douane entre l’UE et les Etats-Unis, en augmentation en moyenne de 12 à 15% en fonction des secteurs. Avec un impact direct pour la société Agour, représentée par son PDG Peio Etxeleku, également Premier vice-président de la CCI. « Le fromage de brebis n'était pas du tout taxé : on est passés de 0 à 15% », explique le chef d’entreprise. « Mes clients distributeurs paient les droits de douane et se voient augmenter leur prix d’achat de 15 %, soit 25 à 30 % pour le consommateur. » Une hausse qui s’accompagne d’un taux de change défavorable selon le chef d’entreprise et qui provoque déjà des conséquences pour la fromagerie d’Hélette. « Les effets commencent à peine à se faire sentir, on est déjà à –25 %. »

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