Virtual Therapia développe des films thérapeutiques en réalité virtuelle - Premium

Utiliser les casques à réalité virtuelle à des fins thérapeutiques. C’est l’idée qui a germé pendant le COVID dans la tête de Pierre Lapeyrade, réalisateur de films justement pour ces appareils qui permettent une immersion à 360°. « Je me suis dit que mon aitatxi qui est décédé avant la pandémie n’aurait jamais supporté les confinements du COVID, il serait devenu fou » se souvient le jeune Bayonnais. « On s’est dit qu’on pourrait aider les gens avec la réalité virtuelle ».

On, c’est lui et son associé Nanda Fernandez Brédillard, réalisateur lui aussi, originaire du Pays basque, avec qui il travaillait jusqu’alors pour la marque SpaceInVR qu’ils avaient lancée. Une marque au nom de laquelle ils réalisent quelques films en VR pour des privés, notamment dans l'événementiel. La pause du COVID leur a permis de développer ce nouveau projet, celui de créer des contenus thérapeutiques. Pierre Lapeyrade a fait appel à sa propre mère, hypnothérapeute professionnelle pour créer des textes adaptés à des situations bien spécifiques. « On mélange donc l’hypnose et la réalité virtuelle en espérant faire du bien psychologiquement et physiquement aux personnes qui sont enfermées » souhaite Pierre Lapeyrade.

Le casque sur la tête, l’immersion est totale, sur un texte lu par l’hypnothérapeute, des images de forêt, de l’océan, peu importe où on tourne la tête. Un sentiment de plénitude et de calme. Ce qu’on voit, ce sont des images tournées au Pays basque par les deux réalisateurs qui filment avec des caméras à 360° en qualité 6K. Et l’expérience va plus loin. « Dessus, on va ajouter une touche interactive » précise Pierre Lapeyrade. « Des papillons qui vont passer, et même se poser sur la main du patient ». Un élément différenciant de ce qui se fait par ailleurs sur le marché de la VR thérapeutique.

Dans les films réalisés au Pays basque en qualité 6K, les deux réalisateurs ont incrusté des images interactives en 3D. Crédit photo : Virtual Therapia

Le résultat, ce sont quatre films d’une vingtaine de minutes intégrés dans une bibliothèque qui répondent à des troubles bien spécifiques : le stress et l’isolement, un autre contre les peurs, un pour faciliter le sommeil, et un dernier contre les douleurs. Trois autres programmes plus courts de sophrologie et méditation ont aussi été intégrés. Des programmes destinés aux adultes. « On vise les EHPAD, mais aussi les foyers de vie, les hôpitaux et les cliniques » précise le fondateur de Virtual Therapia.

Validation médicale

Autant d’expériences à analyser médicalement. Car à ce jour, les deux associés de Virtual Therapia n’ont pu que tester auprès de plusieurs patients d’EHPAD et établissements de santé. Avec l’aide des médecins sur place, ils ont fait des analyses avant, après, et deux semaines plus tard pour voir si le résultat était positif. « Partout où on a été, on a eu des résultats incroyables » raconte Pierre Lapeyrade. « Comme dans un foyer de vie avec des personnes sujettes à des crises d’hallucinations, qui n’en font plus pendant les deux semaines qui suivent, alors que normalement, c’est plusieurs fois par semaine ou par jour ». Des tests empiriques, mais qui n’ont pas de valeur médicale véritable. C’est pour cette raison que les deux associés veulent réaliser des études cliniques et cherchent des médecins pour les accompagner et étudier leurs premiers films. De quoi permettre d’évaluer l’impact de ce type de solutions, et même de façonner une posologie.

Pour les deux entrepreneurs, l'aboutissement serait que leur solution devienne un dispositif médical. Il existe quatre type de classement dans ce domaine en fonction de leur risque potentiel pour la santé, « Nous, on rentrerait dans une catégorie classe 1 » soit un risque faible d'impact sur la santé. Mais ils misent aussi sur une modification prochaine de la réglementation notamment concernant les dispositifs médicaux numériques, les DTX. « L’objectif serait que la sécurité sociale puisse prendre en charge une partie ou l’intégralité de ce service » précise-t-il. « Si ça arrive, on changera notre modèle économique » sourit Pierre Lapeyrade.

Avant un tel changement, les fondateurs de Virtual Therapia mise sur une commercialisation début 2024. Leur bibliothèque de films, une fois validée par une étude médicale, serait disponible sous la forme d’un abonnement à l’année à 4 200 euros. Un tarif qui comprendra l’accès illimité à la bibliothèque et la possibilité d’y connecter trois casques. À l’instar d’un distributeur, Virtual Therapia vendra d’ailleurs le matériel, casques Oculus (sur lequel la bibliothèque est adaptée) et des tablettes qui permettent d’assurer le suivi. Les deux réalisateurs misent sur la création de trois nouveaux contenus par an.

Virtual Therapia est soutenue par l'Agglomération Pays basque et la CCI. Par ailleurs, les deux cofondateurs ont aussi remporté le tremplin innovation de la Nouvelle-Aquitaine ainsi qu'un appel à projets du Gérontopôle Nouvelle-Aquitaine.