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Avec ses micro-usines, Handddle industrialise l’impression 3D

Demain
jeudi 14 avril 2022

Handddle conçoit ses micro-usines dans un atelier des Arts et Métiers, à Talence - photo AL

Dans son atelier des Arts et Métiers de Talence, Handddle conçoit des micro-usines qui contrôlent et pilotent en temps réel une ferme d’imprimantes 3D, avec l’ambition d’offrir aux acteurs concernés par la fabrication additive de vraies garanties en matière de répétabilité, de traçabilité et de normativité. Moins de deux ans après sa création, la startup vient d’équiper l’un des ateliers de réparation de l’armée de l’Air.

Si les bénéfices de l’impression 3D en matière de prototypage ou de création de pièces à la demande ne sont plus à faire, la fabrication additive reste aujourd’hui majoritairement réalisée à partir d’imprimantes unitaires, dont les résultats peuvent varier en fonction des conditions de mise en œuvre. Température, humidité, présence de poussière ou utilisations de machines émanant de constructeurs différents sont autant de facteurs qui peuvent affecter l’adhérence, la dilatation ou le retrait des matériaux et donc faire que deux impressions réalisées à partir d’un même modèle 3D ne donnent pas un résultat identique. « Tout l’enjeu est d’arriver à passer d’un équipement individuel à un véritable environnement industriel, capable de garantir la maîtrise du processus et donc la répétabilité. Disposer d’un environnement contrôlé permet également de récupérer des données de production et donc de favoriser la traçabilité, importante dans l’industrie », résume Dylan Taleb, l’un des trois cofondateurs de Handddle.

S’il existe déjà des solutions dédiées au pilotage centralisé d’une ferme d’imprimantes, Handddle a choisi d’aller plus loin en développant son concept de « smart farm », à savoir une micro-usine dédiée à la fabrication additive. Au menu : des modules en forme d’armoires, avec des emplacements dédiés à l’installation des imprimantes 3D, des espaces dédiés au stockage des matériaux utilisés pour l’impression et tout un pan d’électronique embarquée dédiée à la supervision et au contrôle des conditions d’impression. L’ensemble est piloté par l’intermédiaire d’une interface Web, accessible à distance, dont les interfaces de programmation (API) autorisent l’intégration dans un ERP et l’interopérabilité avec plusieurs familles de machines. « Pour l’instant, le système prend la forme d’une armoire, mais on peut tout à fait prendre le système de gestion, qui constitue le cœur du réacteur, et l’appliquer à l’échelle d’une pièce, ou ajouter des modules spécifiques comme des onduleurs pour répondre à des projets sur mesure », explique Dylan Taleb.

Créée en juin 2020, la société Handddle a rapidement installé ses premières micro-usines, d’abord à Mérignac, chez Gryp 3D, qui propose des services d’impression 3D à destination du monde automobile, puis à Toulouse, au sein de l’INSA. Développée principalement sur fonds propres, la startup a bénéficié de plusieurs coups de pouce financiers, d’abord sous forme d’un accompagnement pour valider son étude de faisabilité par l’agence ADI Nouvelle-Aquitaine, puis via une aide au prototypage accordée par le conseil régional, ainsi que par l’intermédiaire d’un prêt d’honneur accordé par Aquiti Gestion. Handddle a par ailleurs fait partie de la délégation régionale envoyée fin 2021 sur le salon Formnext, à Francfort, dédié aux technologies de fabrication additive. « Le produit existait depuis neuf mois, et ça n’était pas évident dans la mesure où nous ne fabriquons ni machine, ni matériaux, mais nous on avait ramené une quinzaine de leads très qualifiés, et trente à quarante contacts qui demandent encore à être travaillés, principalement auprès de grands groupes qui cherchent à industrialiser leur impression 3D », explique Thomas Bourgoin de Handddle.

Déjà présente au sein d’un établissement parisien du groupement d’école d’ingénieurs CESI, ainsi que sur la plateforme Pad’Occ installée au cœur de la nouvelle Maison de de la formation Jacqueline Auriol à Toulouse, la startup a annoncé en mars l’installation d’une de ses micro-usines au sein de l’atelier de réparation de l’armée de l’Air 623 (ARAA 623), hébergé sur la base aérienne de Mérignac. De quoi envisager un chiffre d’affaires d’environ 600.000 euros sur son exercice en cours, et envisager une douzaine de recrutements sur l’année pour poursuivre ses développements, notamment en matière d’automatisation, et nouer de nouveaux partenariats commerciaux. « Nous construisons un pilote avec un distributeur allemand spécialisé, qui nous permettrait d’aller à l’international et de rentrer sur certaines verticales difficiles à pénétrer », confie Dylan Taleb.

Une délégation régionale à Formnext 2022
La région Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec CCI International et Business France, prévoit de soutenir l’organisation d’une nouvelle délégation pour l’édition 2022 du salon Formnext, du 15 au 18 novembre prochain, dont la France devrait être l’invité d’honneur. Handddle devrait à nouveau être du voyage, tout comme VLM Robotics (Le Barp), qui produit des cellules robotisées « agiles », capables notamment de prendre en charge des opérations de fabrication additive, ou Compositadour (Talence), plateforme technologique spécialisée dans les procédés liés aux composites, à la robotique ou à la fabrication additive.