Transport : comment Fullbus veut redorer l'image de l'autocar - Premium

« Fullbus, c’est une innovation de service qui a pour objectif d’optimiser les trajets à vide des compagnies d’autocars de tourisme », présente en préambule Léa Lasjaunias, cofondatrice de Fullbus avec Clémence Camby. Dans les locaux de La Source, incubateur de startups porté par Bordeaux Technowest, les deux entrepreneuses travaillent à restructurer leur projet. Lancée prématurément cet été, leur plateforme d’apporteur d’affaires n’a pas encore fait ses preuves, faute d'usagers. Pourtant, l’idée semble contenir tous les ingrédients pour fonctionner. Car ce que l’on sait peu, c’est que les autocars, affrétés pour transporter une cinquantaine de touristes jusqu’à leurs lieux de villégiature, reviennent quotidiennement sans passagers dans leur ville de départ. « Nous sommes en contact avec une dizaine de partenaires qui sont intéressés par notre solution », reprend Léa Lasjaunias. La jeune pousse prévoit désormais une commercialisation à l’été 2022, et compte, avant cela, trouver sa place sur le marché. « Nous voulons faire comprendre que Fullbus s’inscrit dans une démarche d’écomobilité, avec un impact sur l’environnement, martèle la cofondatrice. Aujourd’hui les autocars de tourisme ont des équipements, un standing élevé comme on pourrait trouver dans le train, et les usagers ont tout intérêt à privilégier ce moyen de transport. » Appuyant ces propos, Clémence Camby précise que l’autocar émet 80% de CO2 en moins que la voiture personnelle. « A termes, nous espérons pouvoir quantifier les économies de CO2 réalisées par nos usagers pour les mettre en avant », précise-t-elle.Une preuve de concept en 2022 Ce qui différencie Fullbus des autres services de transport, c’est la typologie des trajets qui seront proposés. Généralement, les déplacements s’effectuent d’une grande ville à l’autre, ou de gare en gare. La startup se basant sur l’activité d’autocars touristiques, elle prévoit des destinations moins prisées par la concurrence. Pour illustrer leurs propos, les cofondatrices citent en exemple un trajet entre La Réole et Versailles (passant par Bordeaux), ou encore la région Rhône-Alpes, « moins bien desservie par le train que d’autres ». « On a eu énormément de demandes là-bas avec notamment un trajet entre Clermont-Ferrand et les Sables d’Olonne, affirme Léa Lasjaunias. Notre solution peut être utilisée à la fois par des habitants, des touristes, autant les zones rurales que les centres urbains. » Mais avant de viser l’autre bout de l’Hexagone, la startup se positionnera sur la région Nouvelle-Aquitaine. Une envie de mettre en avant leur région, qui regorge de coins touristiques… Et de trajets à vide. Dès le premier trimestre 2022, les entrepreneuses lanceront une preuve de concept, avec plusieurs compagnies partenaires et des usagers volontaires, au départ de Bordeaux.Des tarifs entre 10 et 15% moins chers En même temps que la restructuration de son offre, Fullbus travaille à consolider son modèle économique. Le trajet initialement à vide étant déjà pris en compte dans le tarif des compagnies d’autocar, toute réservation représente de la marge additionnelle. Les passagers pourront ainsi débourser 10 à 15% moins cher que les autres modes de transport, comme le train ou la voiture. « Surtout, notre parti-pris est de n’avoir aucune variation des tarifs, tient à préciser Clémence Camby. Peu importe la saisonnalité ou la date de réservation, nos prix seront fixes. » Une décision qui émane de leur expérience personnelle, et de celle des voyageurs qu’elles ont sondés. « Les gens en ont marre d’être 15 dans un wagon, et qu’aucun n’ait déboursé la même somme pour une place », complète Léa Lasjaunias. Pour se rémunérer, les entrepreneuses fixeront une commission sur chaque billet vendu, ainsi qu’un service d’abonnement à destination des compagnies. Pourtant, si le train est souvent privilégié à l’autocar, c’est pour une raison pratique : le temps de trajet. « C’est tout l’enjeu de Fullbus », concède Clémence Camby. « Ce sera à l’utilisateur de choisir, complète son associée. S’il veut payer beaucoup moins cher, oui, il mettra plus de temps. Sur les grandes lignes il y aura un écart de temps assez important, mais sur des petites lignes comme Bordeaux-Périgueux, l’autocar met seulement 10 minutes de plus. » Et puis, avec leurs destinations moins bien desservies, « l’idée est bien de combler les derniers kilomètres des passagers qui n’habitent pas dans les grands centres urbains ».Prendre le temps de développer l’offre Si aujourd’hui le développement de la plateforme est externalisé, Léa Lasjaunias et Clémence Camby espèrent, l’année prochaine, recruter un salarié pour internaliser le processus. Également en projet, l’arrivée d’un commercial pour que Fullbus rencontre son public – et puisse générer du volume. Dès l’été 2022, la plateforme sera officiellement commercialisée, et espère proposer une cinquantaine de trajets en juillet et en août. « Ce serait pas mal si on avait un taux de remplissage de 15%, réfléchir Léa Lasjaunias. Ça nous permettrait de prouver que notre solution a sa place. » Financée en fonds propre jusqu’à présent, la startup mise sur des subventions pour se développer. Puis, d’ici la fin de l’année prochaine, elle commencera à chercher des investisseurs pour – en 2023 -, une possible levée de fonds. « On n’a pas encore finalisé notre stratégie, on ne sait pas non plus de combien on aura besoin, car on veut d’abord réaliser correctement notre phase test. On prend notre temps, pour accélérer par la suite », conclue Léa Lasjaunias.FullbusBasée à Bordeaux

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