Santé : après un repositionnement stratégique, Implanet entame une année de consolidation - Premium

La société Implanet, créée en 2007 et cotée en bourse (Euronext Growth), vient d’annoncer un chiffre d’affaires en hausse de 30% pour 2021, soit 7,7 millions d’euros. Le fruit d’une année de restructuration de ses activités, entre cession et acquisition. « Historiquement, nous avions démarré par des produits pour la chirurgie du sport, notamment pour les ruptures de ligaments, résume Ludovic Lastennet, directeur général d’Implanet. Nous ne pouvions nous positionner sur le rachis pour des raisons de clauses de non-concurrence, car nous, fondateurs, sommes tous issus de grandes sociétés américaines. » L’entreprise développe alors ses propres produits, et notamment une activité de prothèses de genoux baptisée Madison. Puis il y a huit ans, Implanet se tourne finalement vers le rachis en développant Jazz, une gamme de niche pour le traitement des scolioses sévères de l’adolescent. « On a été l’inventeur d’un type de fixation qui s’implante autour de la surface osseuse et non dans les vertèbres, reprend Ludovic Lastennet. Aujourd’hui, Implanet détient près de 60% du marché français : sur 1.200 scolioses sévères par an, ses produits sont utilisés pour 750 cas. Petit à petit, la société basée à Martillac élargit sa gamme, sort du mono-produit, pour se positionner sur le traitement des déformations du rachis chez l’adulte. « Notre technologie nous livre une avenue énorme de développement et de prise de marché sur toute la chirurgie adulte, principalement pour les patients atteints d’ostéoporose ou d’ostéopénie », complète le directeur général. 2021, année d'un recentrage stratégique En mai 2020, Implanet décide de se recentrer sur la chirurgie du rachis. Une décision qui s’explique par l’émergence de grands groupes de fabricants, mais aussi de cliniques ou d’hôpitaux. « Partout dans le monde, en France également, il y a ces regroupements très importants de cliniques avec l’arrivée de groupes financiers qui mettent en place des centrales d’achat, détaille Ludovic Lastennet. Depuis quelques années, on s’est aperçu qu’il est de plus en plus difficile d’entrer dans ces centrales d’achat avec des gammes très mono-produit. » La stratégie met plusieurs mois à aboutir, puisque c’est en novembre 2021 qu’Implanet annonce vendre son activité de prothèses de genoux à son concurrent lyonnais Serf. Surtout, pour élargir sa gamme avec des produits périphériques, le Girondin rachète quelques mois plus tôt OSD, société avignonnaise. « Depuis le début de l’année 2022, nous sommes concentrés à 100% sur la chirurgie du rachis », martèle le cofondateur. L’heure est donc à la synergie. Les activités des deux entités apparaissent complémentaires, et leur clientèle aussi. Si Implanet, pour ses produits touchant la scoliose, est plutôt implantée dans les centres universitaires, OSD de son côté est plus présente dans les grandes structures privées. « Nous sommes en train de faire entrer OSD dans ces centres universitaires, mais surtout développer Jazz, ce qu’on ne faisait pas par manque de connexion commercial claire sur ces grands centres privés, poursuit notre interlocuteur. Comme le Centre Aquitain du Dos à Bordeaux, ou une grande clinique de Toulouse. »Développer OSD sur le marché américain Pour 2022, la société girondine affiche ses ambitions. L’activité commerciale se répartit en trois grandes zones. Le marché français d’abord, qui devrait représenter 40% du chiffre d’affaires de l’année en cours. L’international ensuite, en distribution indirecte, via un réseau d’importateurs dans une vingtaine de pays, dont un grand pôle de développement en Allemagne. « Nous avons signé un accord avec l’une des quatre grandes sociétés allemandes du domaine, Ulrich Medical », précise Ludovic Lastennet. Cette distribution à l’international devrait représenter, en 2022, 40% du chiffre d’affaires d’Implanet. Enfin depuis six ans, l’entreprise développe une activité aux Etats-Unis via une filiale basée à Boston. « Cela représente 35% du chiffre d’affaires. Progressivement, nous sommes en train d’amener des produits d'OSD dans notre réseau commercial américain pour développer ce chiffre d’affaires. » A ce titre, Nicolas Papillon, dirigeant d’OSD, sera cette année repositionné à Boston pour prendre en charge le marché. 2022, année de la consolidation, donc, même si Ludovic Lastennet se dit « toujours à l’écoute d’opportunités ». « Ce serait plutôt une réaction opportuniste qui resterait dans le même domaine d’application, les seuls dossiers susceptibles de nous intéresser seraient ceux permettant d'étendre notre gamme. Il s’agirait uniquement d’achat de chiffre d’affaires », précise-t-il. De nouveaux projets freinés par l’UE « Il y a tout de même une chose à noter, souligne notre interlocuteur. Depuis l’année dernière nous avons un carcan réglementaire qui devient démentiel, avec la modification des règles d’obtention du marquage "CE". » Si jusqu’à présent la réglementation était relativement souple, tout nouveau produit doit désormais être soumis à un nouveau règlement européen baptisé « MDR ». Pas si drôle, pour les fabricants concernés, car selon Ludovic Lastennet cette nouveauté multiplierait par quatre le coût de soumission d’un dossier, et doublerait son coût de suivi. « Bon nombre de sociétés sont maintenant obligées de faire des choix stratégiques dans leur gamme, Implanet compris, car nous n’avons ni la bande passante au niveau humain, ni les moyens financiers de monter de tels dossiers. » Le développement de produits reste l’ADN de la société, mais son dirigeant l’assure, « nos projets en cours ne verront pas le jour avant trois ans, alors qu’avant cela prenait 18 mois ».ImplanetBasée à Martillac41 salariés CA 2021 : 7,7M€

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