Pourquoi Safran Aircraft Engines a racheté Aero Sud Ouest à Bayonne - Premium

« Bienvenue à bord ». C’est par ces mots que Stéphane Cueille, président de Safran Aircraft Engines, a accueilli une nouvelle entité en son sein. En effet, en déplacement à Bayonne, les dirigeants du motoriste de premier rang, ont officialisé l’intégration de la société basque Aero Sud Ouest, basée sur la zone de la Technocité. Une vente déjà actée en juillet de l’année dernière et qui marque la volonté du groupe Safran d’accélérer sur la production de ses pièces de moteurs. « On a devant nous des perspectives très favorables sur les moteurs d'avions qui équipent Airbus et Boeing, avec une montée en cadence importante », a expliqué Stéphane Cueille. Une montée en cadence après une période post-covid compliquée pour le secteur aéronautique, désormais avec des commandes en hausse. En effet, le deuxième équipementier aéronautique mondial travaille avec de grands acteurs, et fait état d’un carnet de commandes très important. « On a déjà livré 9.000 moteurs LEAP, on en a encore 11.500 à livrer et on continue à en prendre tous les ans », explique-t-il. « On va devoir livrer 2.000 moteurs par an à partir de 2026 ». Le moteur LEAP, c’est le produit phare implémenté dans certains avions Airbus, Boeing et Comac réputé pour faire « baisser la consommation énergétique de 15% des appareils par rapport à l’ancienne génération de moteurs ». Dans cette histoire, Aero Sud Ouest (ASO) s’était fait connaître de Safran pour son savoir-faire dans la fabrication des aubes, et plus particulièrement des bords d’attaques des soufflantes moteurs, un élément stratégique à l’avant du moteur, en titane. « Depuis le premier contact avec ASO en 2019, on a été séduit par leur capacité d’innovation » a expliqué à son tour Claude Quillien, directeur industriel et supply chain de Safran Aircraft Engines. Car ASO, avec moins de 10 salariés, a mis au moins un procédé qui permet le formage à chaud de la pièce, une technique qui a séduit son président. « Le procédé innovant d’ASO permet de faire moins cher, mais surtout en restant très robuste », a-t-il ainsi expliqué. Tellement innovant qu’il pourrait également bénéficier au reste du développement du produit dans le groupe. « Le premier objectif, c’est montrer qu’on est capable de passer à l’échelle industrielle. Ensuite, la question se posera de voir si on va plus loin. » Car Safran ne veut pas compter uniquement sur Bayonne pour produire cette pièce spécifique, et continue d’exploiter d’autres sites en France et dans le reste du monde. « Mais ça nous permet de ne pas nous reposer uniquement sur un seul site », détaille le responsable de la société.Depuis le site de Bayonne, Safran produira des pièces en titane pour les moteurs Leap. Crédits : Anthony MichelGrosse montée en cadence industrielleC’est pour cette raison que Safran a souhaité faire l’acquisition de la petite pousse bayonnaise et de toute son équipe. Non seulement conservée, mais qui sera rapidement rejointe par 25 salariés supplémentaires. De quoi atteindre les objectifs : réaliser dans un premier temps 500 pièces, puis atteindre à terme quelque 5.000 aubes par an. D’ici cette fin d’année, une ligne de production industrielle de bords d’attaque doit être mise en place, pour un investissement global annoncé à « plusieurs millions d’euros ». Le site comprendra également un atelier de recherche pour préparer les composants des moteurs de prochaines générations, tel que le moteur Rise, qui doit permettre de diminuer de 20% les consommations de carburant par rapport aux moteurs actuellement utilisés. Si c’est la technologie innovante qui a attiré l’attention de Safran, le groupe n’est pas insensible à sa localisation. Située sur la zone de la Technocité, les dirigeants saluent la présence de nombre d’acteurs du même secteur, comme Akira, Turbolab, et plusieurs jeunes pousses particulièrement innovantes (Adaxis, Lynxter etc…). D’autant que Safran peut également compter sur Helicopter Engines, autre branche du groupe située à Tarnos et à Bordes en Béarn. Pas tant sur la partie technologique en elle-même, mais plutôt sur le développement local. « Safran Helicopter Engines est très présent pour développer l'écosystème et ça nous bénéficie aussi», souligne ainsi à Placéco, Stéphane Cueille. « Le fait qu'ils sont présents localement, localement, via Tarnos mais aussi via Bordes, fait qu'il y a un écosystème assez riche ici et donc c'est très favorable pour nous, au-delà de l'opportunité que l’on a. »

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