Port de Bayonne: Aqualines fera voler son premier bateau à l’automne - Premium
Guillaume Catala et Pavel Tsarapkin développent ensemble la technologie pour permettre à ces appareils de flotter au dessus de l'eau
La société Aqualines installée au Pays basque depuis deux ans veut faire les premiers essais de son bateau volant en 2023. La jeune société soutenue localement a des ambitions internationales.
La société est lancée, les fonds levés, le site attribué sur le port de Bayonne, désormais tout reste à faire. Aqualines, c’est le projet révolutionnaire lancé par le luzien Guillaume Catala, et son collègue russe Pavel Tsarapkin. L’idée, c’est de créer un appareil, plus rapide qu’un bateau et moins polluant qu’un avion, un “navion” selon le terme technique existant, qui flotterait entre 6 et 7 mètres au-dessus de l’eau, à très faible émission de CO2.
Un engin qui fonctionnera grâce à l’effet de sol, un phénomène aérodynamique qui se manifeste lorsqu’un engin se déplace à très basse altitude à proximité d’une surface, à la manière les oiseaux de mer. Un effet naturel transformé en technologie innovante, développée depuis deux ans par les deux cofondateurs du projet.
Industrialisation en 2025
Si la société est officiellement créée en Indonésie, ils vont rapidement se poser la question de son implantation et aussi rapidement choisir la France, pour sa “crédibilité en aéronautique”, explique Guillaume Catala. “Mais aussi parce qu’on oublie que la France est la deuxième zone économique exclusive maritime au monde”. De la France au Pays basque, c’est un choix de cœur d’abord pour le luzien de naissance, mais pas seulement. L’entrepreneur y voit surtout une véritable aubaine. “Il y a un écosystème très mature au niveau économique, avec Dassault, Safran, Lauak, avec de nombreux sous traitants et d’expertises”. Aqualines travaille d'ores et déjà avec Composit’Adour à Bayonne pour toute la partie composite de l’appareil. Un choix du Pays basque motivé aussi par la proximité avec le lac sud de Biscarrosse connu pour être le berceau mondial de l’hydravion. La société est donc officiellement immatriculée à Bayonne en 2021, et le projet avance.
Après une levée de fonds de 10 millions d’euros bouclée, Aqualines va faire ses premiers essais avec un prototype de navion deux places dès l’automne 2023 dans l'Adour. Dans les deux années à venir, Aqualines va ensuite choisir ses partenaires sous-traitants pour un passage en industrialisation début 2025. La société a obtenu une autorisation d'occupation temporaire du domaine public de 6500m2 de terrain sur le port de Bayonne, au quai Saint Bernard. Sur ce terrain, en cours de construction, 1300m2 d’atelier et 400m2 de bureau où travailleront entre autres des ingénieurs. La livraison du bâtiment est prévue pour le mois de juin. Une quinzaine de personnes dans l’entreprise actuellement, pour atteindre la trentaine d’ici la fin de l’année sur site.
Premier employeur du Pays basque ?
Sur dix ans, la société veut proposer plusieurs versions de son appareil. “Ça va du deux places, au 300 places qui pourra aller à 320km/h “ détaille Guillaume Catala. Aucune capacité fixée en amont pour le chef d’entreprise. “C’est le marché qui va dicter un peu les décisions à partir de l’an prochain”. Pour l’instant, pas de prévente, ou de partenariat signé, mais Guillaume Catala revendique “plus de 200 manifestations d’intérêt : des gouvernements, des compagnies aériennes, maritimes, etc”, sans donner plus de précision à ce stade du projet. Un marché quasiment exclusivement tourné vers l’international, en Asie du Sud-Est par exemple, territoire composé de nombreux archipels et pour lesquels ce navion pourrait représenter une véritable opportunité selon Aqualines.
Derrière le projet, une promesse, “une mobilité pas verte mais bleue” sourit Guillaume Catala. “Une promesse économique et surtout, la mobilité pour tous, pas une mobilité élitiste”. Quant au moteur, il sera forcément électrique, mais aucune technologie n’a été préférée. “Ça va très très vite dans ce domaine, on prendra la technologie la plus économique, la plus fiable et la plus verte”, sourit Guillaume Catala.
Dans les prochaines années, si la production suit son chemin comme prévu, il lancera une deuxième levée de fonds de 60 millions d’euros, et à terme, il ambitionne de devenir “le premier employeur au Pays basque”.
