Perspectives Gaz : « tous les feux sont au vert » pour la méthanisation agricole - Premium

« Tous les feux sont au vert pour faire du gaz renouvelable un pilier de la décarbonation », se félicite Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF. La filière de production de gaz renouvelables a atteint et dépassé les objectifs fixés par la loi de programmation énergétique, souligne-t-elle : « Le dynamisme est là, le potentiel aussi. » En 2023, rapporte la dirigeante, la France a injecté 9 TWh de biométhane dans ses réseaux, soit plus du double par rapport à 2021. Aujourd’hui, plus de 12,5TWh sont produits dans l’Hexagone, un chiffre qui devrait atteindre 60 TWh d’ici 2030 et 120 TWh en 2035. Une croissance exponentielle rendue notamment possible au développement de la méthanisation agricole, qui représente déjà 80% de la production de biométhane. La publication, au début de l’été, du décret CPB (Certificats de production de biogaz), devrait également « tirer toute la filière, clients et fournisseurs », prévoit Laurence Poirier-Dietz. Conséquence de cet essor : le biométhane représentera 40 à 45% du gaz consommé en 2035, prévoit Dominique Mockly, PDG de Teréga. D’autant que, parallèlement, la consommation globale de gaz poursuit sa décrue.À lire également - Gaz : GRDF multiplie les conduites pour accompagner le développement de la méthanisation« Le contexte est contraint dans l’électricité et les ambitions climatiques sont fortes », souligne Sandrine Monier, directrice générale de GRTgaz, évoquant la stratégie européenne Fit for 55, qui vise une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. D’ici à 2030, la consommation de gaz en France devrait baisser à 320 TWh, contre près de 400 TWh aujourd’hui. Ce chiffre devrait ensuite descendre à 282 TWh en 2035, grâce à des efforts d'efficacité énergétique et de sobriété dans tous les secteurs. Le bâtiment, l’industrie et le transport au cœur de la transition Le bâtiment, en particulier le secteur résidentiel et tertiaire, représente une part importante de la consommation de gaz française et est un des principaux axes de sa réduction, souligne Laurence Poirier-Dietz. En 2022, la consommation des ménages a déjà baissé de 12%, tendance qui devrait se poursuivre, avec une projection de 380.000 rénovations énergétiques par an. Toutefois, un retard dans ces chantiers pourrait entraîner une consommation supplémentaire de 18 TWh de gaz d'ici 2030. L’hybridation des équipements, notamment avec la mise en place de pompes à chaleur combinées à des chaudières gaz, pourrait permettre d’économiser jusqu'à 6 TWh d’ici 2030. De plus, la modernisation des équipements actuels, dont seulement 40% sont très performants, constitue un levier majeur pour la sobriété énergétique. L’industrie, pour sa part, représente 34% de la consommation de gaz française. « Le gaz est aujourd’hui irremplaçable pour l’industrie, affirme Sandrine Monier, à la fois en tant que matière première et pour la production de chaleur haute température ». D’ici 2030, la consommation industrielle devrait atteindre environ 105 TWh. La transition énergétique dans ce secteur, conclut la dirigeante de GRTgaz, repose sur des gains en efficacité énergétique et le passage à des énergies plus vertes, en particulier l’hydrogène… et, encore une fois, le biométhane.À lire également - Méthanisation : Teréga s’associe à un bureau d’études béarnaisDu côté de la mobilité, la consommation de gaz naturel pour véhicules (GNV) et de bioGNV est en hausse de 16% en 2023, constate Dominique Mockly. Les projections des trois opérateurs gaziers prévoient une poursuite de cette hausse, « soutenue par l’intérêt que le marché semble porter au GNV », à court et moyen terme. Puis, à l’horizon 2035 (pour les bus) et 2040 (pour les poids lourds), l'interdiction au niveau européen des immatriculations de nouveaux véhicules thermiques, y compris ceux fonctionnant au bioGNV, entrera en vigueur, « sauf réexamen de ces objectifs. »Des investissements conséquents pour Teréga L’adaptation des infrastructures gazières au transport et à la production de biométhane nécessitera également des investissements substantiels. « Il y a deux éléments, le raccordement des installations et les postes de rebours, qui servent à réguler le passage du gaz », détaille Dominique Mockly. Les premiers devraient revenir à un million d’euros d’ici à 2035 au géant béarnais, les seconds à 3 millions d’euros. Globalement, conclut le PDG de Teréga, les investissements prévus dans cette transition sont de l’ordre de 80 millions d’euros à l’horizon 2035.

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