« Lorsque l'on influence, on fait de la politique » Laurent Lopez, président du Medef 17 - Premium

Vous êtes président du Medef, mais vous êtes aussi chef d'entreprise. Vous possédez six Mc Donald's, dont un septième qui ouvrira prochainement à Andilly, en juin. Qu'est-ce que votre situation de chef d'entreprise vous apporte dans votre mission de président du Medef ? Le rôle de président du Medef, c'est avant tout de porter la voie des entreprises. Ma situation de chef d’entreprise me permet de connaître les problématiques des chefs d’entreprises et donc d'avoir cette capacité de les comprendre, de les porter, d'échanger et de mener nos différentes missions. Est-ce que vous pouvez nous rappeler en quelques mots les missions du Medef 17, comment vous soutenez le développement économique local et comment vous renforcez le tissu entrepreneurial du département ?Quand on parle du Medef, bien souvent, on a une image qui, en un sens, est totalement tronquée. La première, c’est celle d'un Medef de grosses entreprises, de CAC 40, et la réalité, notamment sur nos territoires est bien tout autre. Le Medef est bâti sur un trépied et nous avons trois missions. Le Medef est un syndicat patronal. Notre ADN, c'est le paritarisme. Au niveau national, nous avons 15.000 mandats et en Charente-Maritime, nous en avons 300. Pour rappel, un mandat, c'est la représentation patronale et notre rôle, c'est de tenir ces mandats. Je crois que c'est important d'insister là-dessus, parce qu'on a une vraie culture à apporter aux chefs d'entreprise qui voient le Medef d'un petit peu plus loin, mais notamment cette question paritaire de relativement loin. Juste pour information, au niveau national, le budget de gestion du paritarisme est supérieur au budget de l'État. Donc c'est dire l'importance d'adhérer et d'avoir des représentants, qu'ils soient syndicaux, salariés ou d'entreprises, mais qu'ils soient véritablement représentatifs. Ensuite, je parlais de trois pieds, nos autres missions sont d'accompagner et de former nos adhérents. Le troisième pied va être la sortie de l'isolement, c'est faire se rencontrer des chefs d'entreprise, pouvoir échanger. Vous parliez de l'image du Medef, comment est-ce qu'on peut l'améliorer au niveau national ou au niveau départemental ? Je crois qu'on a besoin, certainement, de mieux faire connaître quelles sont nos missions et ce qu'on apporte aux entreprises. J'ai la faiblesse de penser aussi qu'on a quand même une image qui se dépoussière. Au-delà du Medef, je pense que c'est un monde économique qui est en pleine mutation, qui se féminise, qui se rajeunit. Et je pense que ce sont des choses qu'on essaie aussi d'accompagner au titre du Medef, puisque là encore pour faire un zoom sur le Medef 17 on a différentes commissions pour aider à structurer la vie de notre communauté. On a un club les femmes du Medef, on a un club inclusion et d'autres. Vous avez l’impression que l’entrepreneuriat change ? Oui, bien évidemment, mais c'est le monde qui change. Et les pratiques aussi. Et à une vitesse parfois qui nous bouscule. Donc on a besoin d'être en phase avec le monde qui nous entoure et c'est pour ça qu'on a besoin d'évoluer.L'évènement s'est déroulé aux Cabanes urbaines. Crédit photo : Gabriel Nény Comment se porte l'économie en Charente-Maritime ? S'il y a bien quelque chose que je combats c'est la prophétie réalisatrice. Si on se dit que tout va mal et que le chômage va continuer à augmenter, forcément ça va arriver. Il faut véritablement dézoomer. Aujourd'hui, on a une activité économique sur le territoire qui n'est pas homogène entre la côte et l'intérieur des terres. L'économie sur la côte va mieux qu'à l'intérieur des terres. Ça va encore mieux sur La Rochelle, donc, on a déjà une première disparité territoriale. Ensuite, il faut se demander comment est orientée l'activité des entreprises. Aujourd'hui, vous avez les entreprises qui sont orientées à l'international et celles qui sont plutôt orientées sur un marché domestique. On voit que celles qui sont orientées à l'international conservent des capacités d'investissement. Ensuite, évidemment qu’on observe un certain frein à l'investissement et ce frein est beaucoup plus marqué pour les entreprises qui sont orientées vers le marché intérieur plutôt qu'à l'international. Je crois qu'on a la chance d'avoir une industrie qui, globalement, se porte plutôt bien parce que les secteurs de l'industrie bien orientés sont plutôt ceux qui sont chez nous : ferroviaire, aéronautique. L'industrie nationalement qui va mal, c'est plutôt l'automobile, mais on n’a pas d’entreprise chez nous. A contrario, on a quand même un secteur du bâtiment qui est très mal orienté et un secteur de la restauration qui souffre dans son ensemble. Je crois, malgré tout, qu'en Charente-Maritime, on a véritablement de vrais atouts à faire valoir. J'ai davantage envie de faire passer un message positif que l'inverse. Est-ce que vous pensez que la crise du logement a un impact sur le recrutement et l'emploi dans le département? Et si oui, quelles sont les solutions que vous pouvez mettre en place au Medef pour pallier cette problématique ? Le logement, au-delà du fait que ce soit un secteur qui, actuellement, soit en grande difficulté, particulièrement le logement neuf, est un frein au développement économique. Il y a quelques années, les collectivités travaillaient en silo, d'un côté le développement économique, de l'autre l'aménagement du territoire et un troisième qui était autour du logement et c’est une bêtise. Il ne sert à rien de parler de développement économique si on ne parle pas d'aménagement du territoire et si on ne parle pas de logement. J'ai aussi la chance de présider un bailleur social, l'Immobilière Atlantique aménagement. À ce titre-là, je peux vous garantir que pour nous aussi, les sources de financement, et notamment avec des prêts qui sont indexés sur le livret A. Ça veut dire que l'intégralité de nos prêts sont passés de 0,5 à 2,5 et que nos charges financières sont venues exploser et tout ça au détriment de nos investissements. Donc on est en train aujourd'hui d'essayer de réfléchir à une ingénierie financière.Après l'interview, les adhérents se sont retrouvés autour d'un cocktail. Crédit photo : Gabriel NényComment le Medef Charente-Maritime accompagne-t-il les entreprises dans leur transition écologique et leur adaptation aux nouvelles réglementations environnementales ? Je suis persuadé que rien ne se fera sans l'entreprise. Vous n'aurez pas de transition écologique, vous n'aurez pas de transition digitale, vous n'aurez pas d'évolution sociale sans l'entreprise. On a créé une commission environnementale qui nous permet d'accompagner nos adhérents qui viennent nous solliciter à faire un bilan énergétique. On les accompagne sur la mise en place d'actions, selon la volonté du dirigeant, parce que quelque part, on ne se substitue absolument pas à la volonté du dirigeant, mais on l'accompagne sur tout le processus. Quels sont vos objectifs prioritaires pour le Medef dans les cinq prochaines années, et comment envisagez-vous l'évolution du paysage économique local ? Je crois que les grands points, c'est sur la simplification. On parle de création de richesse, on parle de retraite. Le meilleur moyen de répondre quand même à une réforme de retraite, c'est de développer de l'emploi, de développer de la croissance. L'Organisation de coopération et de développement économiques chiffre à 60 milliards d'euros par an. Les caisses de l'État sont vides. Ce qu'on demande, c'est de la simplification. Bruxelles pour 12 nouveaux textes par mois qui concernent les entreprises, le code du commerce a été multiplié par 4 les 20 dernières années et par 6, c'est le code de l'environnement. Le premier sujet majeur auquel nous devons faire face, c'est simplifier et arrêter de sur-transposer. Enfin, à titre personnel, vous aimeriez faire de la politique ? Non. Mais je fais déjà de la politique à travers mon mandat. À travers votre mandat au Medef qui se revendique apolitique ? Qui est un mandat apolitique oui, mais ce que je veux dire c’est que lorsque qu'on influence d’un certain côté on fait de la politique.Vous souhaitez en savoir plus sur Placéco, être invité à nos événements et accéder à tous nos contenus? Contactez Virginie : 06.34.69.31.86 / virginie@placeco.fr

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