Les 4 Vents : un complexe géant dédié à la culture à Messanges - Premium

Le calendrier d'exécution a été établi et pourtant rien n'a encore fuité. Seuls quelques acteurs locaux et investisseurs privés ont été mis dans la confidence. Reste maintenant à savoir si toutes les étapes pourront être respectées. Depuis plusieurs années, Emile Mahler et son équipe planchent sur un projet un peu fou : celui d'implanter dans le Sud-Ouest de la France une structure de plusieurs milliers de mètres carrés, qui soit à la fois dédiée à la culture mais également respectueuse de l'environnement. « Quand j'ai commencé à travailler sur le projet, la première étape était selon moi de trouver un terrain. J'ai d'abord fait des recherches sur une zone assez large, de Mimizan à Hendaye. Mon but était de trouver une friche parce que je voulais réadapter un lieu constructible. Malheureusement dans les Landes il y en a assez peu. »

Dans le Pays basque, Emile Mahler et son équipe ont quelques pistes, mais sur place, la tension sur le foncier est telle, qu'ils renoncent vite à chercher dans ce département. « Quelques mois plus tard, on a entendu parler d'un appel à projet qu'avait lancé la commune de Messanges. Ils souhaitaient mettre à disposition un terrain de 4 hectares, sur le sud de la commune. C'était exactement ce qu'on cherchait. » A l'été 2022, les 4 Vents sont annoncés vainqueurs de l'appel à projet. « Je crois que le jury a été séduit par le fait que notre projet s'inscrit dans une idée de rayonnement territorial. Nous avons prévu de nous associer avec des hôteliers, des restaurateurs et d'autres professionnels du tourisme pour favoriser l'économie locale et les circuits courts. »

Préserver la biodiversité dans la zone

Emile Mahler a imaginé les 4 Vents comme un lieu où les clients pourront rester plusieurs heures, voire la journée et pourront être conseillés sur d'autres établissements alentour. « On a prévu un fonctionnement avec une zone de chalandise qui va jusqu'à 90 minutes, du nord espagnol jusqu'au sud bordelais. L'idée est de pouvoir développer des activités qui durent et d'avoir une vraie offre en intérieur, ce qui est assez inexistant aujourd'hui sur cette partie de la côte. On va être soumis à la saisonnalité et à la météo mais on espère bien séduire malgré toute une clientèle variée. »

L'autre aspect qui a séduit le département, c'est la volonté d'Emile Mahler et de son équipe de respecter l'environnement. « Il y a une grande zone humide sur la parcelle qu'on a remporté. C'est un endroit où il y a une faune et une flore très développées. On ne compte pas y toucher. L'idée est qu'elle soit sanctuarisée et qu'on ait un grand parc autour, qui soit ouvert au public. » Cet espace doit être à la fois un lieu de détente et un lieu pédagogique, sur ce qu'est une zone humide, les besoins d'entretien qui y sont liés et son importance pour l'environnement. « On est soucieux de notre empreinte écologique avec cette idée de préserver ce qui doit l'être. On veut bâtir un projet qui soit ancré dans les questionnements de notre époque. » Sur la parcelle de plus de 4 hectares, le bâtiment s'étendra sur 10.000 mètres carrés en intérieur et 25.000 en extérieur. Dans les différents espaces, les clients pourront retrouver 3 salles de cinéma, 10 salles de jeu vidéo, 2 salles d'expositions liées à la culture surf, des restaurants, des aires de jeux ou encore des chambres d'hôtel.

Emile Mahler le précise, les travaux qui sont prévus pour 2024 ne débuteront que si la zone humide peut être préservée. « On a déjà fait plusieurs études qui sont plutôt rassurantes, mais au final, si l'étude environnementale rend ses conclusions en nous disant que la zone humide est plus étendue que prévue et qu'on ne peut pas construire comme on voulait, il se peut qu'on abandonne le projet. On a des tailles qui sont un peu incompressibles et je ne veux pas sacrifier une partie de la structure. »

Emile Mahler, le porteur de projet

Un projet à 20,4 millions d'euros

Pour l'heure, les experts qui échangent avec Emile Mahler à ce sujet se veulent rassurants. En attendant, l'équipe des 4 Vents se concentre sur la prochaine échéance clé : celle du financement. 20,4 millions d'euros, c'est la somme nécessaire pour que le projet voit le jour. « Dans le calendrier, on est censés boucler le financement cet été. On espère y parvenir. Avec l'inflation et la guerre en Ukraine, la situation économique n'est pas idéale. Et puis on a un projet qui est atypique, qui est entre un investissement immobilier et un investissement culturel. Du coup on cherche des investisseurs qui ont un profil qui soit un peu entre les deux et ça prend du temps. »

Dans le budget de création, 2,3 millions doivent provenir d'investisseurs, 1 million de partenariats privés, 2,6 à 6,1 millions de subventions et apports publics et 10,7 millions du pool bancaire, entre autres. « Les investisseurs privés ont un ticket d'entrée à 25.000 euros. Évidemment, plus ils investissent et plus ils auront du poids ensuite dans le projet. » Pour convaincre un maximum de personnes de s'impliquer, Emile Mahler se veut transparent sur ses chiffres : « sur les 2,3 millions liés à des investisseurs, 650.000 euros ont été sécurisés. Environ 550.000 sont en discussion et 1,5 million en recherche active. La partie pool bancaire et crédit-bail a été contractée auprès de la BPCE, qui nous suit sur ce projet. » Enfin côté subvention, le projet est théoriquement éligible à un cumul de subventions de 13,3 millions.

Malgré la proximité de l'échéance, Emile Mahler se veut confiant et continue de travailler, 7 jours sur 7 pour parvenir à rentrer dans ses chiffres. Après le financement cet été, les premières études et dessins seront réalisés avant, théoriquement, les premiers permis de construire en automne 2023. A l'offre de divertissement devrait s'ajouter un mini-campus dédié aux métiers de la culture. « En discutant avec le département, on s'est rendu compte qu'il y avait un vrai besoin de formation autour des métiers de l'audiovisuel dans les Landes. On est encore en train d'affiner notre programme, mais l'idée est de permettre à des jeunes de se former sur ces métiers et d'ouvrir certaines filières ici. On veut également apporter de l'emploi, en amenant des enseignants à s'installer sur Messanges ou dans les environs. »

Au-delà d'un projet culturel, c'est aussi un projet de vie pour Emile Mahler. Après une longue carrière dans le cinéma, en France et à l'international, il a eu envie de devenir son propre patron. « Je ne fais pas que porter ce projet, je veux aussi l'incarner derrière. Je ne suis pas simplement un investisseur ou un promoteur. Je serai là au quotidien pour faire vivre le complexe et j'ai bien l'intention de m'impliquer dans le rayonnement culturel qu'on pourra créer aux 4 Vents. »

Selon Emile Mahler, le lieu pourra accueillir jusqu'à 350.000 visiteurs par an, dès la première année, avec une capacité de 10.000 spectateurs par jour. « Pour couvrir nos dépenses, j'ai prévu que le chiffre d'affaires sur la première année pleine, c'est-à-dire en 2027, soit de 11,2 millions, avec un bénéfice autour d'1 million avant impôts. Et ça, c'est hors partie hôtellerie puisqu'on ne sait pas encore quel sera le modèle final, et hors formation. » Emile Mahler, espère aussi jouer sur « l'effet  d'aubaine », persuadé que la première année, le complexe attirera petits et grands, curieux de venir découvrir ce lieu atypique.