Le conteneur recyclé Cubào arrive en ville - Premium
Quadrilater (groupe Eurelec) est spécialisée dans l’aménagement d’espaces de vie écoresponsables (bureaux, habitat, événements, sanitaires, vestiaires…) en recyclant des conteneurs maritimes. Cubào est une version dédiée à la Défense Extérieure Contre l’Incendie (DECI). La solution s’ouvre de nouveaux marchés en zone urbaine.
Pierre Gougy est entrepreneur dans l’âme. Ses sociétés cédées, il est business angel et investisseur. Son engagement dans l’économie locale l’a conduit à s'investir 12 ans au CJD et 10 (dont 3 à la présidence) au sein du réseau Adour Entreprendre pour le Béarn. Il a accompagné à ce titre de nombreux projets et c’est dans ce cadre qu’il a croisé le chemin de Grégory Hourcadet, le PDG d’Eurélec. Le courant est passé et la filiale Quadrilater, qui recycle des conteneurs maritimes en espaces pour les particuliers et les entreprises a trouvé une nouvelle voie.
Pompier volontaire, Pierre Gougy a pu mesurer les contraintes qui pèsent sur les maires en matière de Défense Extérieure Contre l’Incendie. C’est un article du Code Général des Collectivités Territoriales qui leur octroie la police administrative spéciale de la DECI. Si la gestion de la ressource hydrique en ville n’est pas trop complexe, il n’en va pas de même en zone rurale et en particulier en zone de montagne. La loi impose donc aux communes d’installer des réserves de 60 ou 120 m3 qui ont des emprises foncières d’environ 150 m². « L’idée est venue en partant de ce constat. Même avec un foncier gratuit, construire une plateforme de cette taille n’est pas évident et le coût d’aménagement n’est pas neutre. En utilisant et en adaptant un conteneur maritime aux contraintes des pompiers, c’est cette fois 30 m², l’équivalent de deux places de parking voiture, qu’on doit immobiliser et terrasser. Lorsque l’on est aménageur, c’est un bon argument quand il s’agit de défendre un petit lotissement par exemple. »
Un trophée de l’innovation par l’INPI
L’entreprise est jeune, 3 ans, des années consacrées aux études techniques pour mettre au point le produit avec des bureaux d’étude et à le protéger en le faisant breveter. Cette phase de R&D est aujourd’hui close et celle de l’industrialisation a démarré. Entre-temps, Cubào a reçu un trophée de l’innovation des mains de l’INPI. L’offre est pertinente et la contrainte est le temps qui manque aux deux associés pour promouvoir leur solution auprès des 36 000 communes françaises. Ils répondent en ce sens à des appels d’offres d’acteurs publics. Le marché d'ailleurs n'est pas en réalité hexagonal mais européen voire mondial. « Nous sommes allés, Grégory et moi, présenter notre solution au Ministère de l’intérieur et leur accueil a été tout à fait encourageant. Nous avons naturellement été interrogés sur nos capacités de production et c’est vrai que ce point est crucial dans notre démarche. Le cycle de vie d’un conteneur est de 40 ans. Ils sont souvent mis au rebut par les transporteurs maritimes au bout de 10 ans. Ça laisse de la marge. Autant pour Grégory que pour moi, le vrai sujet est l’empreinte carbone qu’on laisse. C’est une question centrale. S’il faut mobiliser des semi-remorques pour aller collecter les conteneurs à Fos-sur-mer ou au Havre avant de les adapter ici à Pau, on efface totalement le caractère vertueux de la démarche, qui plus est si demain ils proviennent de Rotterdam ou d’autres ports dans le monde. Nous étions donc à la recherche d’un partenaire auquel nous pourrions nous adosser et le Ministère nous a dans ce domaine apporté un concours précieux. Des négociations sont en cours et il n’est pas impossible, si elles n’aboutissent pas, que nous procédions par appel d'offres. »
Que Cubào soit pertinent pour les communes en zone rurale est un point, et donc un marché très ouvert, mais la force de la solution est qu’elle va bien au-delà. Les deux associés sont encore partis d’un constat. Tout un chacun, avec la prise de conscience généralisée des impératifs du développement durable, installe des collecteurs d’eau de pluie pour arroser son jardin. Le temps de l’arrosage voire du remplissage de la piscine connecté au réseau d’adduction d’eau a vécu et la perspective de l’accroissement du prix de la ressource qui se raréfie y contribue. « Pour nettoyer les trottoirs, les collectivités utilisent des balayeuses et des engins qui se connectent chaque jour aux bornes disponibles en ville. Quelle est la masse budgétaire de ces usages au sein des collectivités, qui réduisent leurs éclairages, leur chauffage, bref, leurs consommations de fluides. Et si demain, ces acteurs récupéraient leurs eaux pluviales dans nos conteneurs ? Et si demain, je pense à des équipements sportifs tels que le stade du hameau par exemple, utilisaient le toit de leurs tribunes pour le déverser dans des conteneurs et arroser leurs pelouses. Les cas d’usage peuvent être multipliés à l’envi pour les golfs par exemple mais bien évidement aussi pour les besoins des entreprises. »
Partenaire particulier recherché…
L’industrialisation du produit. Cubào en est là et ses concepteurs savent pertinemment qu’il va falloir aller vite. La priorité est donc de construire le réseau de partenaires sous licence pour mettre la solution et la diffuser largement sur ses différents marchés. L’adaptation des conteneurs étant naturellement soumises à des normes NF et donc à un cahier des charges précis, le partenaire recherché devra impérativement avoir la capacité de produire vite et en série pour répondre aux enjeux. Quand on l’interroge sur les perspectives de développement de la solution, Pierre Gougy répond très simplement « notre solution est calquée sur ce que l’on appelle le bon sens paysan. A quoi bon laisser couler toute l’eau qui tombe vers l’océan ? Nous devons impérativement réinventer nos modèles économiques et environnementaux. C’est parce que notre proposition de valeur est simple mais efficiente que nous suscitons l’intérêt de la fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard qui s’attache à labelliser des innovations axées sur l’environnement mais aussi la rentabilité. »
Quadrilater, née en 2015 et déjà bien structurée sur ses marchés d’agencement d’espaces modulaires s’engage donc sur celui de la récupération d’eau avec des brevets (et sans doute des clients) internationaux.
Quadrilater (2015)
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05 59 98 33 09
