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Point marchés de début d'année

Opinion
jeudi 13 février 2025

Hervé Blanchard conseille et accompagne ses clients - entrepreneurs, familles, associations - sur des sujets en Gestion Privée & Family Office, au sein de Financière Meeschaert. 

Damien Charlet, Directeur de la gestion sous mandat de Mandarine Gestion, décrypte pour vous les dernières actualités macro-économiques et financières pour bien débuter l'année 2025.

Décryptage :

Les indices actions américains clôturent une année faste, avec un S&P 500 qui termine sur une hausse de 23 % malgré un mois de décembre négatif. Sans les 7 magnifiques, les NVidia et consorts, cette hausse aurait été limitée à 14 %. Pour la 2ème année consécutive, moins d’un tiers des valeurs du S&P 500 fait mieux que l’indice, ce qui n’est arrivé qu’une autre fois en 40 ans. Les marchés européens font leur pire année relative de l’histoire, progressant de 8 % certes, 15 % de moins que le S&P 500. Le CAC 40 finit bon dernier avec ses 2 % de pertes !

La grande question qui agite les investisseurs depuis quelques petites semaines est : les marchés européens peuvent-ils surperformer les marchés US cette année, ou tout du moins au cours des prochains mois ?

Nous avons souligné le mois dernier l’extrême pessimisme dont pâtissent les marchés européens, entre France et Allemagne à la visibilité limitée et le risque de voir Donald Trump ne ménager personne. Nous avons également rappelé le potentiel trop plein d’optimisme américain né de l’élection triomphale de Donald Trump. Force est de constater que bien qu’une hirondelle ne fasse pas le printemps, depuis notre dernier point les marchés européens surperforment, certes très légèrement, de l’ordre de 1 %, mais sans nouveautés particulières alors que l’Europe peut bénéficier de bonnes surprises en 2025 : une Allemagne et une Italie qui iraient mieux, avec une Espagne toujours aussi solide. La France demeure le plus gros point d’interrogation. La résolution du conflit ukrainien réduirait la prime de risque géopolitique. Elle aurait également comme conséquence à court terme une baisse des prix de l’énergie et de l’alimentaire, et ouvrirait de nouveaux marchés dans certains secteurs. Enfin toute mesure de relance en Chine serait interprétée positivement en Europe. Enfin Donald Trump sera-t-il aussi sévère qu’il l’annonce ? Ce n’est pas sûr. Face aux écarts historiques de performance et de valorisation entre les États-Unis et l’Europe, il y a peut-être une carte à jouer sur le court terme.

L’année obligataire aura été bien plus tranquille : aux rendements encore élevés en début d’année se sont ajoutés les effets bénéfiques de la baisse de l’inflation et donc de la baisse des taux d’intérêt. Nous avons largement bénéficié de ces mouvements qui faisaient partie de nos convictions fortes pour 2024.

Perspectives :

Les États-Unis, actuellement sur un rythme de croissance de près de 3 %, devraient ralentir, sans pour autant que cela ne devienne problématique. La croissance 2025 attendue actuellement par le consensus est de 2,1 %, ce qui parait suffisamment prudent. La politique économique de Donald Trump, qui passe notamment par moins de régulations et des baisses d’impôts, soutiendra la dynamique. A surveiller ? Que l’inflation US, qui actuellement ne baisse plus, ne reparte pas à la hausse. Les taux d’intérêt recommencent à se tendre dans la crainte d’un tel scénario et les marchés actions n’apprécieraient sans doute pas cette tendance alors que le déficit budgétaire risque de demeurer élevé, supérieur à 7 %. En Europe, comme nous l’avons mentionné, les situations sont contrastées mais les bonnes surprises pourraient compenser le risque français et permettre à la croissance de tenir. A surveiller ? Le marché de l’emploi. Enfin, à notre sens la Chine ne rebondira pas vraiment mais le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir (baisse des taux et du Yuan, soutien de l’immobilier et des particuliers) pour que la situation ne se dégrade pas. Toute bonne nouvelle en provenance de Chine serait particulièrement favorable aux marchés européens.

La question à laquelle nous avons choisi de répondre ce mois-ci est la suivante : Les banques centrales peuvent-elles avoir des politiques monétaires très différentes ? Rappel : la mission de la banque centrale américaine, la Fed, est de gérer l’inflation mais également le marché de l’emploi. La BCE n’est supposée réguler que l’inflation via sa politique de taux d’intérêts. Après les hausses de taux de 2022, la Fed comme la BCE ont de larges marges de manœuvre (>2 %) pour baisser leurs taux directeurs. Pour la première fois, la Fed et la BCE semblent destinées à prendre des voies différentes : la Fed se méfie des derniers chiffres d’inflation et des mesures potentiellement inflationnistes annoncées par Donald Trump. Les prochaines baisses de taux sont donc incertaines et pourraient ne survenir qu’au 2ème semestre 2025. En Europe, l’inflation est déjà à l’objectif de 2 %, « aidée » par le manque de croissance de la zone. La BCE peut donc aisément baisser ses taux pour soutenir l’économie sans craindre de relancer l’inflation.

En toute logique, un écartement de taux directeurs entre les US et la zone euro serait favorable au dollar US, ce qui a été le cas ces dernières semaines. Sans changement de scénario cette tendance devrait se poursuivre. En revanche, les investisseurs étant largement positionnés sur ce scénario, toute déception sur les perspectives américaines provoquerait sans doute un net rebond de l’euro.

Conclusion :

Le contexte économique mondial parait encore suffisamment sain pour ne pas créer d’inquiétude particulière. Peu de bonnes surprises permettraient à notre sens aux marchés européens de surperformer dans les prochaines semaines. Les marchés obligataires, sans dérapage inattendu de l’inflation, recèlent encore de la valeur. 2025 pourrait donc encore être une année où les portefeuilles diversifiés marcheront sur plusieurs moteurs.

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