Du métaverse béarnais à la Pau Silicon Valley ?
Aurélien Deville. Crédit PhC
Passionné de chevaux, Aurélien Deville, jeune palois de 30 ans, est COO (directeur des opérations) d’EquusChain, qui fournit des solutions utilisant le web 3.0 à la filière équine mondiale. Son crédo : sensibiliser au plus vite les PME à ces nouvelles technologies.
Aurélien Deville a toujours rêvé de gérer une structure équestre. Mais il s'est aussi très tôt passionné pour les systèmes d'information et leur impact sur les organisations, domaine dans lequel il s'est spécialisé : Master en Management des Systèmes d’Information (Université Toulouse Paul Sabatier) et MSc du programme doctoral de Toulouse School of Management (Université Toulouse Capitole). Sa réalité est plus techno. « Je me suis toujours intéressé aux changements des organisations, à la notion d'entreprise libérée. Avec la version 3.0 du web, on change véritablement de paradigme. J'ai fait deux ans de thèse sur la thématique de la blockchain et de la tokenisation des actifs. Ces technologies sont encore jeunes mais elles sont matures. Si aujourd'hui je travaille pour la filière équine, il y a de nombreux écosystèmes dans lesquels la blockchain est porteuse de valeur et de sécurité. »
EquusChain, dans laquelle Aurélien est impliqué, propose une plateforme de services pour l'ensemble de la filière équine, depuis le club équestre jusqu'au propriétaire de chevaux de course en passant par les vétérinaires et les maréchaux qui se voient soulager, grâce à cette technologie, des contraintes de facturation et de paiement... L’objectif est d'offrir un écosystème dans lequel les procédures sont simplifiées, les échanges plus fluides, à des conditions économiques plus attractives, sans opacité et dans un environnement transactionnel sécurisé. Grâce à la blockchain*.
Une fondation dédiée
Pour offrir ses services, EquusChain est enregistrée auprès de l'Abu Dhabi Global Market, un centre financier international de référence ayant une autorité de régulation des services financiers reconnue comme l'un des plus strictes au monde. « La prochaine étape sera d'ouvrir une succursale en France et naturellement, je souhaiterais que ce soit ici, à Pau. D'une façon générale, ces sujets technologiques ne rencontrent pas encore l'intérêt que leur haut potentiel leur donne. C'est pour ces raisons que nous avons créé et financé, pour partie avec EquusChain, une fondation nommée Shiftforge, que l'on pourrait traduire par "fabrique du changement". Elle est structurée autour de 3 pôles d'activités. Le premier est l'éducation au web 3.0, en proposant des cursus d'excellence de 3 à 5 ans pour former des créateurs et accompagnateurs de projets mais aussi par de la sensibilisation directe des dirigeants d'entreprises. Nous venons de finaliser les programmes avec des mentors internationaux. Les premières sessions sont prévues en septembre », expose Aurélien Deville.
« Le second axe est celui de l'expérimentation, poursuit-il. A partir de ce que nous avons construit avec EquusChain, nous voulons bâtir un écosystème, qui pourrait prendre la forme d'un métaverse à partir de bases de données existantes pour réaliser de vrais échanges. L'ancêtre du métaverse, pour ceux qui l'ont connu, pourrait être Second Life. Ce qui n'était qu'un jeu, peut devenir aujourd'hui une véritable place de marché où des échanges virtuels donnent lieu à des transactions réelles et surtout sécurisées. Nous sommes en train d’en créer un international, et nous nous posons la question de savoir s’il est judicieux que celui-ci parte du Béarn pour mettre à l’honneur nos filières d’exception et participer à la vente de produits locaux et du terroir. »
Le dernier axe de Shiftforge, selon Aurélien Deville, est une ambition pour le territoire, à commencer par SON territoire, le Béarn. Passionné par ses sujets, il rêve d'une Silicon Valley française pour, en lien avec les universités, les entreprises, les acteurs du digital, incarner cette troisième évolution de l'internet. Il dit avoir suscité l'intérêt de différents interlocuteurs, dont des politiques, et espère bien que ce projet avance au moins aussi vite que l’évolution des technologies. A suivre...
* « La blockchain s’apparente à un livre de compte numérique d’échange de pairs à pairs, sans intervention d’un organe central de contrôle. Un réseau blockchain est ainsi distribué à un ensemble de membres qui, par un mécanisme de consensus, valident les transactions. Une transaction est enregistrée, horodaté et certifiée. Elle n'est pas falsifiable car toute intervention sur la chaîne de blocs est apparente. C’est un système distribué dans lequel tous les acteurs font des échanges sous forme de jetons intégrés à un bloc. Ces blocs fonctionnent à l'image d'un collier de perles qui s'ajoutent les unes aux autres. Si l'on souhaite en enlever une, il faut alors enlever toutes celles qui suivent… Tout cela est encadré par des clefs privées et publiques », explique Aurélien Deville.