ExtraJool lève 1M€ pour amener sa techno de récupération de la chaleur fatale en phase industrielle - Premium

Moins de deux ans d’existence et, il y a peu, une étape significative avec cette levée de fonds d’un million d'euros annoncée il y a quelques jours. ExtraJool se positionne sur le segment de la récupération de la chaleur fatale issue de process industriels. « C’est un problème récurrent dans l’industrie, il y a souvent besoin de beaucoup de chaleur dans le procédé, ou bien celui-ci a pour conséquence de générer de la chaleur, qui est perdue », contextualise Éric Morelle, cofondateur et CEO de l’entreprise. D’autres se sont déjà penchés sur le sujet. Pour ExtraJool, le facteur différenciant est venu de travaux portés par Pascal Stouffs, professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et qui œuvre au sein du LaTEP (laboratoire de thermique, énergétique et procédés). « Il a su concevoir un système qui est à la fois ultra-performant et peu coûteux à fabriquer. Cette innovation, on l’a brevetée et on en a augmenté la maturité technologique, pour la rapprocher de l’industrialisation », poursuit le CEO. Deux points techniques sur ce sujet : l’innovation repose sur ce qu’on appelle un moteur Ericsson à pistons liquides ; le TRL actuel (Technology Readiness Level, qui évalue le niveau de maturité d'une technologie, depuis zéro - l’idée - jusqu’à neuf - système commercialisé) est de niveau quatre. C’est-à-dire un prototype à échelle réduite.Engranger des preuves de marchéCette levée d’un million d’euros comprend une partie dilutive à laquelle participent deux réseaux de business angels - One Green et Side Angels. Interviennent également le fonds Techno’Start de Bordeaux Technowest ainsi que Nouvelle-Aquitaine Amorçage, piloté par Aquiti Gestion. « Ça nous permet de faire un fois deux avec les subventions, et les avances remboursables de Bpifrance. » Une manne qui va notamment permettre de passer du TRL 4 ou TRL 6, c’est-à-dire d’arriver au prototype à taille réelle, une étape qui devrait couvrir l’essentiel de l’année 2025. En parallèle, il s’agira « d’engranger des preuves de marchés, des contrats d’engagement avec différents industriels. On est en discussions bien avancées avec plusieurs prospects », poursuit Éric Morelle. Avec deux « gros acteurs industriels » - l’un dans le secteur de la verrerie, l’autre sur la métallurgie - la partie juridique des accords serait déjà en cours de rédaction. Plus largement, une équipe commerciale dédiée va être déployée à Paris, au sein du coworking Climate House. Et début 2026, les premiers démonstrateurs devraient être installés sur des sites industriels.« On intervient sur des températures comprises entre 180 et 500 degrés et on est sur une gamme de faible à moyenne puissance, de 20 à 100 kW électriques », explique Sébastien Thomas, cofondateur et directeur technique. Ce qui permet de s’adresser à des industriels du monde de la céramique, de la verrerie, usines d’incinération, traitement thermique et à tout procédé industriel impliquant une combustion. Autre segment qui intéresse ExtraJool : le marché de la méthanisation et de la cogénération, où du biogaz est produit puis brûlé pour produire de l’électricité. « Ça utilise des moteurs à combustion interne avec un rendement en général inférieur à 50%. On peut brancher notre moteur Ericsson et créer de l’électricité supplémentaire. » Sur ce plan, ExtraJool cherche des synergies avec des installateurs ou des intégrateurs d’unités de cogénération.Une usine et un modèle de locationAprès la mise en œuvre des premiers démonstrateurs, il s’agira de boucler une nouvelle levée de fonds, pour enclencher une véritable phase de production industrielle et une commercialisation à grande échelle. Ce qui amènera ExtraJool à se doter de sa propre usine. Pour l’heure, la jeune pousse est - depuis peu - dotée de 100m² d’ateliers à Bassens, au sein d’InnoGaronne. « Pour l’instant c’est suffisant et il y a pas mal de place encore », se projette le dirigeant.Dans un premier temps, le modèle économique devrait reposer sur une vente clés en main, avec de la maintenance. Avec un ROI de trois à cinq ans, selon les cas. Les équipements serviraient à de l’autoconsommation par l’industriel. « C’est une équation purement économique : lorsqu’on revend l’électricité, c’est à un tarif inférieur à celui auquel on l’achète. Et comme il ne s’agit pas de grosses puissances, le client est en général capable d’autoconsommer », analyse Éric Morelle. Dans un second temps, ExtraJool pourrait basculer vers un modèle de mise en location. « Nous porterions l’ingénierie financière, ça coûterait moins cher pour le client final et c’est nous qui vendrions l’électricité produite par nos modules, dont on resterait propriétaire. Ce qui nous permettrait d’avoir des revenus récurrents et de pérenniser l’entreprise. »☞ Trois nouvelles fiches C2E (certificats d’économie d’énergie) sont mises en œuvre depuis le début de l’année. Dont l’une concerne la conversion de chaleur fatale en électricité. « Ça nous correspond tout à fait », sourit Éric Morelle. ExtraJoolSAS fondée en mai 2023Siège social à Bordeaux, atelier à Bassens (InnoGaronne)Effectif : 4 personnesCA : n.c.

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