Placéco Nouvelle-Aquitaine, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Nouvelle-Aquitaine : Bâbord, le label qui veut rendre la filière musicale plus éthique

Engagement
mercredi 17 mai 2023

L'association Bâbord compte une vingtaine d'adhérents en Nouvelle-Aquitaine. Crédits : MB

L’association Bâbord lance un label éponyme, pour garantir une production musicale « en circuit court et éthique ». 40 critères ont été définis, tant sur l’emploi que l’environnement, et les structures doivent en remplir au moins la moitié pour pouvoir adhérer. Explications.

« Nous qui faisons toujours plus attention aux produits que nous mettons dans nos assiettes, pourquoi ne pas nous intéresser à ce que l’on met dans nos oreilles ? » C’est en partant de ce constat que plusieurs structures de la filière musicale de Nouvelle-Aquitaine lancent Bâbord : un label « de garantie musical en circuit court et éthique ». Un projet qui aura nécessité trois ans de mise en place, porté par l’association KiéKi Musiques grâce à un financement du Contrat de filière du Conseil régional. « Nous avons rencontré des juristes, nous nous sommes renseignés sur les marques de garantie, sur les thématiques qui traversent la musique mais plus largement, toute la société, présente en préambule Pauline Gobbini, chargée du développement et de la diffusion de KiéKi Musiques. La finalité reste le public, et l’idée est de diffuser Bâbord, la pastille de labellisation, pour que le public sache que tel ou tel concert est jugé éthique. »

« Cette initiative est plus qu’intéressante et essentielle, s’est félicité Patrick Duval, dirigeant du Rocher de Palmer, équipement culturel basé à Cenon. Après deux années compliquées dues à la crise sanitaire, le secteur de la musique fonctionne dans tous les sens. On voit l’explosion des cachets d’artistes qui passent du simple au double, des exigences de plus en plus délirantes, et un comportement du public qui change, un fossé qui se creuse entre les gros concerts à l’Arena et les autres. Il y a des réflexions à mener, sinon on va droit dans le mur. »

Des actions concrètes pour évoluer

Concrètement, le label compte 40 engagements, « nécessaires pour faire avancer la filière ». Une sorte de charte de la RSE, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, car les quatre grandes thématiques sont l’emploi et le social, l’environnement, l’égalité et la mixité, et les nouvelles/bonnes pratiques. Chaque adhérent doit remplir au moins 21 de ces engagements, soit plus de la moitié, puis en intégrer un de plus tous les ans, dans une logique d’amélioration continue. « Il y a les conditions de travail comme favoriser des stages rémunérés, embaucher par compétences recherchées en évitant les fiches de poste trop polyvalentes, ou tout simplement respecter la convention collective, illustre Léa Gilbert, chargée de communication et vie associative au RIM, le réseau indépendant de la musique. Cela peut paraître évident, mais ça ne l’est pas forcément dans la musique. »

Concernant les actions environnementales, Bâbord stipule qu’au moins 50% du catalogue de l’adhérent - les artistes qu’il produit - doit venir de Nouvelle-Aquitaine. « Il ne s’agit pas de faire la promotion uniquement d'artistes régionaux, précise Pauline Gobbini. On ne veut pas empêcher la circulation des artistes. » Il est aussi question de faire un bilan carbone des adhérents, qui s’engagent ensuite à réduire leur impact environnemental de 10% par an. « L’éco-conception est une dimension importante, par exemple, nous avons une scène dotée d’une sonorisation solaire », illustre à son tour David Carroll, directeur artistique du Slowfest, basé à Bègles, et adhérent du label. Bâbord impose également d’avoir un catalogue composé à 30% de femmes, ou d’investir au minimum 20% de son chiffre d’affaires dans des artistes régionaux. A date, une vingtaine de structures ont d'ores et déjà signé la charte de Bâbord.

La Nouvelle-Aquitaine compte 800 opérateurs de musiques actuelles, dont 64% d’associations, 24% d’entreprises et 8% de collectivités selon les données 2019 du RIM. Parmi ces opérateurs, on retrouve 235 festivals (près de 9 sur 10 sous forme associative), 45 éditeurs et producteurs phonographiques, et 93 salles de diffusion et producteurs de spectacles.

Sur le même sujet