« Il faut faire des sacrifices pour être aligné avec ses valeurs » - Premium

À combien s’élève l’empreinte écologique d’un séjour à l’hôtel ? Et quels en sont les postes les plus polluants ? Le groupe Eklo, né à Bordeaux, dispose désormais d’éléments tangibles pour répondre à ces interrogations. Depuis près d’un an, l’entreprise a lancé une évaluation détaillée de son impact carbone. Résultat : une nuitée standard équivaut à l’émission de 18 kilos de CO₂. « L’objectif d’un bilan carbone n’est pas de se comparer aux autres. C’est de se donner un point de départ et une trajectoire d’amélioration », affirme Emmanuel Petit, président fondateur du groupe. D’ici 2030, il vise une baisse d’un tiers des émissions par nuitée. Pour cet entrepreneur engagé, cette démarche émane d’une conviction personnelle. « Ma volonté a toujours été de lancer un concept hôtelier plus responsable, explique notre interlocuteur. On voit les limites planétaires, et les enjeux de la transformation durable deviennent urgents. Il faut savoir que l’industrie du tourisme et du voyage représente entre 8 et 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre… » Des déplacements clients très émetteurs Le principal facteur d’émissions identifié dans ce bilan ne se trouve pas dans les murs de l’hôtel : il s’agit des déplacements des clients. Ils représentent à eux seuls plus de 70% de l’empreinte carbone d’un séjour. Un point sur lequel Eklo a peu de marge de manœuvre. « On essaye de trouver des emplacements à proximité des transports en commun pour faciliter la mobilité douce, on propose de moins en moins de parkings - certains établissements comme celui de Bordeaux n’en ont pas. On peut surtout agir une fois que le client est arrivé à l’hôtel… Mais un Américain qui vient à Bordeaux, forcément, va prendre l’avion », constate Emmanuel Petit. Autre levier d’action majeur : les achats, notamment ceux liés à la construction et à l’exploitation des hôtels. Eklo s’est donné pour objectif de repenser son approvisionnement pour limiter son empreinte. « On a un groupe de travail qui y est dédié, dans notre comité RSE, précise Emmanuel Petit. On cherche par exemple à embarquer toutes nos parties prenantes, on privilégie au maximum le local et le fabriqué en France. » Cela inclut les partenaires logistiques, comme les prestataires de blanchisserie, mais aussi la restauration. Un retour sur investissement à plus long terme Mais ces actions pour devenir plus vertueux ont forcément un coût. Si notre interlocuteur ne le chiffre pas, il concède devoir « prendre quelquefois des décisions qui pèsent sur la marge ». Mais Emmanuel Petit préfère se concentrer sur le long terme, et les futurs retours sur investissement. Comme les économies sur les factures d’électricité lorsque le prix de l’énergie a explosé, grâce aux panneaux photovoltaïques ou aux ampoules LED. « Ce qui était un sur-investissement il y a cinq ou six ans à Bordeaux, est devenu un investissement complètement rentable aujourd'hui. »Après l’énergie, Eklo travaille sur la question des eaux grises - provenant principalement des douches - pour les récupérer, les filtrer et les renvoyer dans les toilettes. « On démarre les tests [ndlr, cette année] sur nos futures constructions. S’ils sont concluants, on fera en sorte de systématiser le dispositif, projette Emmanuel Petit. On sait déjà que cela aura un coût supplémentaire, mais c’est aussi un pari que l’on prend, en se disant qu’à terme l’eau coûtera beaucoup plus cher. Donc je pense qu’encore une fois, on s’y retrouvera. » D’ici 2030, Eklo ambitionne de réduire la consommation d’eau par nuitée de 30%. « Il faut faire des sacrifices sur certains sujets, pour être alignés avec ses valeurs. Durant longtemps ce n’était pas tellement une attente des clients, mais j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, la tendance est en train d’évoluer », conclut Emmanuel Petit.Eklo Groupe fondé en 2014 Siège social à Bordeaux 300 salariésLes sujets liés à la RSE vous intéressent ? Découvrez notre site web dédié !

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