Gérard Blanchard (LRTZC) : « Une nouvelle page pourrait s’ouvrir avec l’agrivoltaïsme » - Premium
L'agrivoltaïsme est une piste étudiée par La Rochelle territoire zéro carbone pour produire de l'électricité localement. Crédit : Pixabay
Jusqu’au 4 juin est organisée la Semaine super nulle en carbone à La Rochelle. L’objectif ? Réduire l'impact sur l’environnement dans l’agglomération. À cette occasion, point de parcours avec Gérard Blanchard, vice-président à l’Agglo chargé du pilotage du projet La Rochelle territoire zéro carbone (LRTZC).
Placéco : La Rochelle territoire zéro carbone (LRTZC) est un programme initié en 2017 à la suite d’un appel à projet lancé par l’État. 70 actions ont été définies pour atteindre l’objectif de zéro carbone net, où en est-on aujourd’hui ?
Gérard Blanchard : Toutes les actions ont démarré dans les temps, avec un petit retard lié à la période Covid de 2020. Mais LRTZC est avant tout un projet d’impulsion, un tremplin. Ce n'est pas avec 70 actions que l’on va atteindre le zéro carbone en 2040. On teste des solutions et, si ça marche, on les retient pour les généraliser dans le cadre des politiques publiques que l’on mène à l’Agglomération.
Avez-vous un exemple ?
Oui, dans le quartier Atlantech, une ombrière avec des panneaux photovoltaïques a été installée sur le parking et elle a fourni de l’énergie à un certain nombre de consommateurs identifiés. On a constaté que cela fonctionnait bien, nous sommes donc en train de généraliser ça. Ce n’est plus avec les moyens de LRTCZ du coup mais désormais avec les moyens de l’Agglo et du privé.
Où va être installé ce système ?
Sur le parking relais des Greffières, au nord de Lagord. Les entreprises qui vont faire les travaux ont été déterminées et l’idée est de raccorder 700 foyers d’ici fin 2025.
Quels sont vos objectifs d’émission et de séquestration de CO2 pour atteindre la neutralité carbone ?
Diviser par quatre nos émissions - qui étaient de 1,9 million de tonnes d’équivalent CO2 en 2015 - et passer à 500 000 tonnes en 2040. Et, dans le même temps, de multiplier par trois les 150 000 tonnes de CO2 séquestrées sur le territoire.
Quelles sont justement les actions menées sur la séquestration de carbone ?
Les pistes, ça n’est pas la forêt, on ne va pas sauver la planète qu’en plantant des arbres, il faut d’autres choses. On regarde donc du côté des sols et de l’agriculture.
C’est-à-dire ?
66% de la superficie de l’Agglomération est de la surface agricole utile. Il y a un tout petit peu d’élevage mais la culture céréalière est majoritaire. Il n’y a donc pas beaucoup de carbone organique dans les sols. On réfléchit donc à comment changer ça. Des pratiques différentes de labour, leurs profondeurs, le type de culture éventuellement,... On travaille avec l’Inrae (N.D.L.R. Institut national de la recherche agronomique) qui sont extrêmement avancés là-dessus. Sur l'axe de l'agriculture, la production d’énergie renouvelable sur les exploitations est aussi un axe. Il y a la méthanisation mais aujourd’hui une nouvelle page pourrait s’ouvrir avec l’agrivoltaïsme.
Qu’est-ce que l’agrivoltaïsme ?
C’est aller vers de nouvelles modalités d’exploitation où, sur une parcelle, on maintiendrait une production à destination alimentaire et on la compléterait par une production énergétique avec du photovoltaïque. La dernière loi d’accélération des énergies renouvelables, votée en mars dernier, fait des ouvertures de ce côté-là. On commence à discuter avec des agriculteurs et la Chambre d’agriculture.
Combien d'hectares seraient nécessaires ?
Si on n’arrive pas à mettre sur le territoire les 15 à 20 éoliennes qu’il faudrait par rapport à l’objectif que l’on s’était fixé, est-ce qu’on ne peut pas tout convertir en agrivoltaïsme ? On l’a calculé, il nous faudrait 600 ha. Ça paraît beaucoup mais il ne faut pas oublier qu’il y a 22 000 hectares de surface agricole utile. On attend les décrets d'application de la loi pour voir si quelques points réglementaires sont levés pour lancer ce projet. Mais tout ça passera par une vraie analyse économique pour trouver un modèle économique qui permettra aux agriculteurs de bien vivre, voire mieux pour certains.
Comment financer l'agrivoltaïsme ?
LRTZC est devenu systémique, on touche à tout. La difficulté que l’on va avoir est de tenir sur la durée d’un point de vue financier. C’est pour cela qu’il faut trouver des modalités nous permettant de transposer des idées dans notre politique publique voire, quand il s’agit de déployer des systèmes d’énergie renouvelable, d’aller vers des systèmes privées. On réfléchit donc à toutes les options pour financer tout ça.
Quels sont les autres grands projets à venir ?
Ce n’est pas dans le cadre de LRTZC mais plus largement sur le plan climat énergie territorial : on est en train de créer une société d’économie mixte à l’échelle de l’Agglo de manière à porter des projets d’énergies renouvelables. La Banque des territoires est intéressée et prendrait 20 %, l’Agglo 60 %, et on va démarcher des industriels dans le domaine du renouvelable. Cela permettrait de mobiliser du fonds privé sur des modèles économiques rentables tout en gardant la maîtrise publique.
Et du côté LRTZC ?
Une plateforme de données vient d’être lancée. L'idée est de générer un maximum de données à travers les actions LRTZC et de fabriquer de nouveaux services qui vont dans le sens de la décarbonation. Ensuite, on pourra par exemple proposer des applications aux habitants de l’Agglo. Comme renseigner son point de départ, son point d’arrivée et l’appli ne proposera pas le chemin le plus rapide mais le chemin le plus décarboné pour y parvenir. Ça c’est en cours de développement.
