ESS : Les Coursiers Bordelais visent le marché de la livraison de repas - Premium

Pour Arthur Petitjean et les deux autres fondateurs des Coursiers Bordelais, Arthur et Théo, tout a démarré en mars 2017. « J’ai rencontré l’autre Arthur lorsqu’il a créé le syndicat CGT des coursiers, se remémore notre interlocuteur. Puis quelques mois après nous avons lancé une association de préfiguration, dont l’objectif était de se transformer en SCOP (société coopérative et participative). » Leur ambition ? Sortir du système de « l’ubérisation » et des conditions de travail compliquées, pour continuer d’exercer leur métier de livreur à vélo en définissant eux-mêmes leurs conditions de travail. Trois ans après le pari est gagné, l’entreprise est rentable et commence à s’implanter sur le marché de la livraison de repas.Une croissance organique « Lorsqu'on a lancé les Coursiers Bordelais nous sommes restés un an sans nous rémunérer, reprend Arthur Petitjean. C’était une période compliquée mais le but était de nous créer un petit chiffre d’affaires. Au moment de notre lancement, avant même nos premières commandes, beaucoup de médias se sont intéressés à nous, suite au mouvement social des livreurs. Nous en avons profité pour nous lancer, nous faire connaître. » Le trio parvient à se rémunérer en 2018, tout en restant sous la forme associative. « La transformation en SCOP a pris du temps, entre autres à cause du marasme administratif. » Le premier recrutement arrive cette même année, puis en septembre 2018, l’équipe s’étoffe d’une cinquième personne. C’est finalement en septembre 2019 que la société coopérative prend officiellement forme. « Tous les salariés sont au même niveau, détaille le cofondateur. Les conditions de travail sont au cœur de nos discussions. Chaque mardi nous nous réunissons pour aborder la semaine à venir, mais aussi parler des sujets de fonds. Par exemple en ce moment l’entreprise se porte bien : faut-il recruter une nouvelle personne ou augmenter nos salaires ? Chacun a son idée et son mot à dire sur le sujet. » 70 clients et des bénéfices dégagés Au fil des mois, les Coursiers Bordelais ont su étoffer leur portefeuille de clients. Aujourd'hui ils en comptent 70, dont une trentaine faisant appel quasi quotidiennement à la société. « Les domaines d’activité sont très variés. Secteur médical, alimentaire, cabinets d’architectes … » Les coursiers livrent tout, du prélèvement de laboratoire aux documents papiers. La SCOP travaille avec l’enseigne de grande distribution Carrefour, pour assurer la livraison de produits chez les particuliers, ou encore avec la startup BoxEaty. « Durant le premier confinement la demande des restaurateurs pour des livraisons de plats a explosé, poursuit Arthur Petitjean. Nous avons mis au point une plateforme pour permettre cela, et si les débuts ont été compliqués, nous avons de nombreuses demandes de restaurants durant ce second confinement. » De la même manière que leurs concurrents, les géants Deliveroo ou UberEat, les Coursiers Bordelais livrent désormais sur la métropole. « C’est vraiment notre objectif pour 2021. Développer cette plateforme, accroître le nombre d’établissements qui travaillent avec nous. C’est de là que l’on vient, la livraison de repas, et nous aimerions être concurrentiels. » Entreprise militante … Et rentable Les Coursiers Bordelais mettent en avant l’aspect éthique de leur SCOP. Ici pas d’exploitation ou de salariat déguisé, mais une juste rémunération des livreurs. « Nous sommes une entreprise de transports et nos concurrents sont souvent des plateformes. Pourtant nous ne sommes pas plus chers qu’eux, car chez nous, il n’y a pas d’intermédiaire. Cela nous a permis de dégager un chiffre d’affaires de 135.000 euros en 2019, et nous avoisinerons sûrement les 150.000 euros cette année. » La jeune pousse est rentable, avec un peu plus de 20.000 euros de bénéfices réalisés l’année dernière. « Notre modèle économique est classique, affirme Arthur Petitjean. Il faut que l’on réalise du volume pour se rémunérer, comme les autres entreprises de transport. » La SCOP revendique 12.480 livraisons réalisées depuis son lancement, 131.262 kilomètres parcourus à vélo et plus de 25 tonnes de CO² non émis. Dernièrement Bordeaux Métropole a remis aux coursiers le prix coup de cœur de l’ESS, un coup de pouce supplémentaire pour eux. « Nous espérons que cela va nous apporter de la visibilité, conclut Arthur Petitjean. Autant du côté des acteurs publiques que des entreprises privées. » Les Coursiers Bordelais6 salariésCA 2019 : 135.000€www.coursiersbordelais.fr

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