ESS : à un an du GSEF, Bordeaux se positionne en acteur international de la transition économique - Premium

Au premier étage de la ManuCo, pôle entrepreneurial bordelais dédié à l’économie sociale et solidaire, l'atmosphère est studieuse. Autour de grandes tables de travail, les échanges sont riches entre des maires venus du Cameroun, du Bénin ou du Vietnam, et des adjoints au maire de Bordeaux, mais aussi de villes comme Marrakech ou Casablanca. Tous ont un point commun : ils adhèrent à l’AIMF, l’association internationale des maires francophones. Une structure créée il y a 45 ans et qui compte aujourd’hui des édiles et responsables de 345 métropoles et associations de collectivités locales à travers le monde, venant de 56 pays. Sa mission ? « Construire des villes durables dans leurs aspects sociaux, économiques et environnementaux grâce à une gouvernance inclusive et ouverte. »Partager les bonnes pratiques « Au sein de ce réseau, la Ville de Bordeaux préside une commission dédiée aux transitions économiques et à l’économie circulaire, précise Céline Papin, adjointe au maire chargée des coopérations internationales. Nous menons des échanges réguliers, dont celui de cette semaine qui porte, durant deux jours, sur trois ateliers de partage d’expériences. » Les thématiques abordées ? Les monnaies locales et la responsabilité territoriale des entreprises, deux notions dont la Ville se saisit et sur lesquelles elle communique depuis 2020, mais aussi la « low tech », un sujet jusqu'à présent moins mis en avant. « L’enjeu est de se former mutuellement sur un certain nombre de concepts innovants ou émergeants, et de partager des exemples menés dans différentes villes. Les difficultés, les réussites, les freins, égrène Céline Papin. Pour derrière, pouvoir s’inspirer de ces pratiques. » Monique Ayi est venue du Cameroun pour l’occasion. Maire de Dzeng, elle préside le réseau des maires du Cameroun pour l’ESS. « Je suis intervenue sur le thème de la RTE, explique-t-elle. Dans ma commune, une entreprise déploie un modèle tourné vers le territoire. Je pense que cela peut beaucoup apporter, car cela permet à la commune de bénéficier de certains avantages sur le plan de l'environnement, du social. Nous avons des jeunes qui sont au chômage et il faut les amener à travailler, parfois nous pouvons négocier avec l’entreprise pour qu’elle en recrute, qu’elle intervienne sur le volet social en développant de petits projets. »Faire entendre la voix des collectivités locales Un peu plus loin dans la pièce, Vo Le Nhat est épaulé de son traducteur pour échanger. Président du comité populaire de la ville de Huê, au Vietnam, il est venu pour s’abreuver de bonnes pratiques, notamment en matière de tourisme durable. « C’est un sujet qui nous intéresse beaucoup. Nous sommes en voie de développement, et l’on cherche à approcher de nouvelles formes d’économie. Notre commune est une ville patrimoniale, et le tourisme est l’une de nos premières préoccupations. » Mais au-delà des bonnes pratiques, « il faut que ces échanges permettent de porter un plaidoyer à l’échelle internationale ou auprès de nos gouvernements locaux, pour que l’ESS soit davantage prise en considération », insiste Céline Papin. Une vision partagée par Lucien Bruneau, directeur des relations internationales pour la Ville et la Métropole de Bordeaux : « Il faut faire reconnaître par les institutions nationales le rôle des collectivités territoriales dans le développement de l’ESS. Par exemple, l’AIMF mène des actions avec un fonds de coopération abondé par les communes, qui aide ces dernières dans certains projets. » Un fonds d’environ dix millions d’euros, auquel Bordeaux participe chaque année à hauteur de 20.000 à 40.000 euros. « Grâce à ce fonds, on finance des projets de coopération portés par les villes elles-mêmes, explique Frédéric Vallier, délégué général de l’AIMF. Ce sont principalement des communes du Sud qui viennent nous solliciter pour des besoins en assainissement, en développement économique, pour la promotion des femmes. Avant tout, il faut que ce projet concerne la population locale et qu’il s’adresse à la collectivité. » Apportant son expertise et celle des villes adhérentes du réseau, l’association soutient généralement les projets, financièrement, pour un tiers. « On va chercher les deux tiers ailleurs, et la ville bénéficiaire contribue à hauteur de 20% », précise Frédéric Vallier. Ainsi, Bordeaux a pu soutenir le renforcement d’un centre de santé à Banfora, au Burkina Faso, ou un projet « eau et assainissement » à Nouakchott, en Mauritanie. Des connexions appelées à se renforcer, à moins d’un an de l’accueil, par le Port de la Lune, du forum mondial de l’ESS ? « Oui, présider cette commission de l’AIFM s’inscrit en pleine résonance du GSEF, assure Céline Papin. Cela participe à la mobilisation des acteurs internationaux, et on espère les y retrouver en 2025. »

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