Comment TotalEnergies aide les femmes à faire carrière - Premium

En 2006, TotalEnergies comptait moins de 10% de femmes parmi ses managers. Une sous-représentation flagrante qui, à l’époque, ne faisait qu’illustrer une réalité plus large dans les métiers techniques et industriels. « J’étais déjà ingénieure senior et responsable d’équipe, et quand on arrivait dans des séminaires de 100 ou 200 personnes, on se comptait entre nous pour voir combien de femmes étaient là », se souvient Catherine Javaux, directrice R&D Amont de la branche OneTech. « On regardait les petits livrets qu’on nous donnait à l’entrée, et on se demandait : ‘Mais elles sont où, les filles ?’ » C’est de ce constat qu’est né le réseau TWICE (TotalEnergies Women Initiative for Communication and Exchange). L’initiative vient d’en haut : « C’était du top down, mais qui répondait aussi à une demande du terrain, où globalement on n’arrivait pas facilement à faire monter des femmes managers », explique Catherine Javaux, responsable de l'antenne béarnaise du réseau (CSTJF de Pau et PERL à Lacq). TWICE se distingue aussi par son organisation. « C’est un réseau cross-fonction et cross-hiérarchie. Il n’est pas sous la houlette des RH, mais il a été dirigé depuis un comité de pilotage corporate. Ensuite, il s’est décliné au sein des différentes entités, en s’adaptant aux réalités locales. On ne mène pas les mêmes initiatives à Lagos, au Nigeria, qu’à Lacq, dans le Béarn », souligne Catherine Javaux. Du mentorat pour aider à progresserLe programme TWICE propose d'abord un système de mentorat. Pendant une période de six mois à un an, une mentorée est accompagnée par un mentor, qui peut être une femme ou un homme, en fonction des affinités et des besoins identifiés. « Le mentor sert de miroir à la réflexion de la mentee, l’aidant à se poser les bonnes questions sur son avenir professionnel et surtout à l’aider à avancer sur un sujet qu'elle a choisi », détaille Catherine Javaux. Arrivée chez TotalEnergies en 2009 après un diplôme d’ingénieur en Chine et un master en France, Yan Xu, aujourd’hui chef de service Telecom Industriel, a rejoint la branche informatique et technique du groupe en 2015. « J’avais entendu parler de TWICE par le bouche-à-oreille. Sans objectif particulier, je voulais découvrir ce que ça pouvait m’apporter », raconte-t-elle.À lire également - Pourquoi TotalEnergies emploie un ESAT sur son site paloisElle a été accompagnée par une mentor basée à Singapour. « Nous parlions de tout et de rien. Un jour, j’ai posé une question un peu naïve : quand est-ce le bon moment d’avoir un enfant dans une carrière ? Cela m’a permis d’apprendre à bavarder, à parler de moi, à partager mon point de vue et à être plus ouverte ». Autre point important, se souvient-elle : « ma mentor m’a appris que, dans une société d’ingénieurs comme TotalEnergies, pour convaincre, il faut des chiffres, pas des émotions. J’ai appris à structurer mon discours différemment », explique-t-elle. Résultat : « Ça m'a permis de progresser de façon relativement rapide dans la hiérarchie. » Des barrières psychologiques encore fortes Si TWICE joue un rôle essentiel pour aider les femmes à évoluer, il s’attaque aussi à des freins profonds, qui, parfois, dépassent le cadre de l’entreprise pour entrer dans celui des enjeux de société. « Chez TotalEnergies, la mobilité est assez courante, illustre Yan Xu. Et la société accepte plus facilement une femme qui suit son compagnon plutôt que l'inverse. C’est ce que j’avais vécu en arrivant à Pau : mon mari devait me suivre, mais il ne m’a rejoint qu’un an après, après avoir trouvé un emploi sur place, pour ne pas devenir un homme au foyer ». « La question de la légitimité se pose toujours, ajoute Yan Xu. Beaucoup de femmes hésitent à postuler à un poste tant qu’elles ne cochent pas 90 % des critères demandés, là où les hommes y vont avec 60 %. » Ce manque de confiance en soi se manifeste également dans la manière de présenter son travail. « J’ai appris à mettre en avant mes réalisations, mais ce n’est pas naturel. On se dit souvent qu’on doit travailler plus pour prouver qu’on mérite notre place », confie Yan Xu. Se recentrer sur la mixitéLa crise du Covid a profondément modifié le fonctionnement du réseau TWICE. « Le Covid a rebattu les cartes, analyse Catherine Javaux. Avec le télétravail et les réunions en ligne, on a perdu l’habitude du présentiel. On a cassé en partie la force des réseaux, ou plus exactement on a chamboulé la façon de réseauter. » Face à ces changements, TWICE a dû redéfinir ses priorités. « On a mené une réflexion stratégique : quel est le but de TWICE aujourd’hui ? », poursuit-elle. L’un des constats majeurs a été l’évolution des attentes des nouvelles générations, féminines comme masculines. « On a quatre générations qui cohabitent chez TotalEnergies, et les jeunes attachent plus d’importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. On devait s’adapter à cette société qui change. »Inclusion : le projet All'Chimie fait un premier point d'étapePlutôt que de dupliquer des initiatives déjà prises en charge par l’entreprise, le réseau s’est recentré sur la sensibilisation à la diversité et à la mixité. « Convaincre les managers que la diversité n’est pas qu’une question de quotas, mais qu’elle a un véritable impact sur la performance économique, c’est devenu une priorité », insiste Catherine Javaux. L’accent est désormais mis sur la communication et la mise en avant des compétences. « On ne change pas le processus global, mais on met des coups de projecteur, on apporte des aides spécifiques aux femmes », résume Catherine Javaux.

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