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Comment GLHD fait rimer agriculture et innovation - Premium

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mardi 12 septembre 2023

Jean-Marc Fabius présente le pilote situé à Haut-Mauco. Crédit : Lauriane Negron

Développer l'agrivoltaïsme à grande échelle pour favoriser le maintien de la biodiversité. C'est l'ambition de la société Green Lighthouse Développement avec le projet Terr'Arbouts. Après l'installation d'un prototype pilote à Haut-Mauco, le groupe pourrait bientôt implanter plusieurs centaines de panneaux solaires dans les Landes. Les retombées économiques pour l'agriculture locale sont estimées à 1,8 million d'euros par an.

Cultivateurs d'énergie. C'est ainsi que se définit Green Lighthouse Développement. La société installée en périphérie de Bordeaux s'est donné pour mission de créer des fermes agrivoltaïques de grande ampleur, qui permettront de préserver les cultures tout en produisant de l’électricité solaire. « Ces projets sont systématiquement menés en association avec des collectifs d'agriculteurs, afin qu'ils répondent au mieux au besoin d'un territoire donné », explique Jean-Marc Fabius, PDG de GLHD. Une ambition qui l'a mené lui et son équipe dans les Landes. « En novembre dernier, un premier prototype agrivoltaïque a été implanté. Il devrait permettre d'ouvrir la voie à d'autres implantations, de bien plus grande envergure », détaille le PDG. A noter que le coût global du pilote est d’environ 500.000 euros. « La Région prend en charge 30% du montant de cet investissement au titre de son appel à projets Agrivoltaïsme et subventionne 50% du budget de fonctionnement annuel estimé à 100.000 € avec les études. » Un premier projet pilote qui s'inscrit dans la série des projets Ferme du Futur du Groupement d'intérêt public (GIP) Agrolandes.

Des cultures spécifiques au territoire

A Haut-Mauco, à quelques kilomètres de la préfecture des Landes, quelques centaines de panneaux photovoltaïques ont été implantés en bordure de départementale. « C'est un chantier école, installé sur un hectare avec 16 rangées de panneaux solaires », précise t-il. « La Région, le Département, la Chambre d’agriculture des Landes, conscients des défis posés aujourd'hui à une profession agricole particulièrement climato-sensible, ont été convaincus de la nécessité de disposer d’un site d’essai grandeur nature pour tester l’innovation agrivoltaïque », développe Jean-Marc Fabius. A la manœuvre, le technopôle Agrolandes mais aussi la société Green Light House Développement, à l'initiative du projet. Installée près de Bordeaux, l'entreprise a choisi comme modèle économique le développement de fermes agrivoltaïques de très grande taille.

« Nous nous associons généralement avec des collectifs d'exploitants pour créer des synergies. Le but ici dans les Landes, comme dans les autres départements, est de favoriser la biodiversité en basculant vers une transition énergétique et agricole qui soit la plus vertueuse possible », développe Jean-Marc Fabius. Des cultures spécifiques à celles du territoire, comme les asperges vertes ou blanches, les oléagineux, vont être développées tout le long des 90 mètres de chaque bande de panneaux (voir vidéo). « L’objectif est d’obtenir des données comparatives sur différentes pousses avec différentes modalités de structures agrivoltaïques. Les retours d’expérience de ce projet collectif serviront à tous les membres de notre GIP », explique Benjamin Lobet, directeur développement du technopôle Agrolandes.

Développer une activité agricole transmissible

Pour comprendre l'histoire du projet, il faut s'intéresser à la situation agricole de six communes à l'est des Landes. A quelques kilomètres de Mont-de-Marsan, 35 exploitants agricoles tendent vers le « zéro phyto » et misent sur l'énergie solaire et ce, depuis 2018. A l'époque, ils ont découvert que l'utilisation des pesticides sur leurs parcelles avait entraîné une pollution durable de l'eau potable. « On a retrouvé du S-métolachlore dans l’eau. Il s'agit d'une molécule qui entre dans la composition d’un herbicide qu’on utilisait pour faire du maïs », explique Marlène Duru, l'une des agricultrices qui fait partie du projet. Le choc et la sidération ont fait place à une volonté de changement. Les agriculteurs se questionnent alors : comment réinventer leurs pratiques et éviter une dévaluation des terres ? C'est à cette époque que l'association Patav (association Pujo Arbouts territoire agrivoltaïque) voit le jour et signe une charte d’engagement « zéro phyto » à échéance de dix ans. La première étape consiste à diminuer de moitié en cinq ans.

« Nous avons mené une réflexion sur la mutualisation des solutions que nous pouvions trouver ensemble », explique Jean-Marc Fabius. « D'abord, nous avons planché sur les retombées de l’agrivoltaïsme, mais aussi les orientations en matière de productions, la mécanisation, ou encore les orientations en termes de commercialisation », développe le PDG de Green Lighthouse Développement. « Nous avions trois grands objectifs avec ce projet. Restaurer une eau de qualité, maintenir une activité agricole dynamique et transmissible mais aussi et surtout, créer de la valeur pour le territoire », détaille t-il. Le chef d'entreprise insiste, il veut aussi être un exemple et donner envie à des entreprises ou d'autres territoires de suivre ce modèle. « Si nous voulons développer une agriculture vertueuse et transmissible, nous n'y parviendrons pas à l'échelle d'une seule exploitation mais bien à l'échelle du territoire. »