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Viticulture : à Bordeaux, une chaire pour comprendre les enjeux sociétaux de la filière

Écosystème
mercredi 02 novembre 2022

Photo d'illustration : Adobe Stock Photo Mario

La chaire « vins, vignobles et attentes sociétales », rassemble une équipe pluridisciplinaire de recherche, pour connaître et travailler sur les attentes des consommateurs, des citoyens et des professionnels du secteur.

Depuis un mois, une nouvelle chaire de recherche travaille, à Bordeaux, sur la filière vitivinicole. Baptisée « vins, vignobles et attentes sociétales », elle s’inscrit dans le programme régional VitiREV qui œuvre pour « des territoires viticoles respectueux de l’environnement ». « A l’origine, j’avais proposé la création d’une chaire sur la responsabilité sociétale des entreprises de la filière, recontextualise Eric Giraud-Héraud, directeur adjoint à la recherche de l’Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV). De fil en aiguille, je me suis dit que la RSE est effectivement importante et qu’il faut la traiter ; mais en amont, nous devons nous intéresser un peu plus aux attentes sociétales. »

Alors, Eric Giraud-Héraud constitue une équipe pluridisciplinaire de recherche, associant l’ISVV, l’université de Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro et l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Pour connaître ces attentes sociétales, les mesurer et les travailler avec les parties prenantes, « avant de créer une stratégie de RSE pour la filière viti-vinicole ». « On ne connaît pas bien ces évolutions, que ce soit de la part des consommateurs, des citoyens, de la puissance publique ou des travailleurs de la filière », souligne Eric Giraud-Héraud.

Une approche concrète et participative

La chaire est cofinancée par la Banque des Territoires et le Crédit Agricole d’Aquitaine. Si elle n’en est qu’à ses débuts, elle doit répondre, à terme, à la nécessité pour la filière de prendre un nouveau tournant. « D’abord, concernant le marché, car les attentes des consommateurs ne sont plus les mêmes qu’avant – ne serait-ce que pour la qualité ou l’environnement. Ensuite, il y a des attentes sociétales, qui déterminent aussi les comportements des consommateurs, et qui entrent en ligne de compte sur les marchés. Là non plus ce n’est pas spécifique au monde du vin, mais ce dernier n’est pas déconnecté de l’alimentation et c’est un point important. Ensuite, il y a des attentes citoyennes, différentes des consommateurs, notamment sur le respect de l’environnement, du volet social par les entreprises. Ce n’est peut-être pas un tournant, mais une évolution lente et progressive qu’il faut anticiper », analyse Eric Giraud-Héraud.

Au-delà de la recherche pure et dure, les travaux de la chaire visent à proposer des réponses concrètes, « dans une optique de science ouverte et participative ». Et le premier objectif en la matière et de mieux faire connaître le travail des chercheurs. « Ils sont nombreux à travailler sur le sujet, mais les résultats sont insuffisamment connus, et débattus avec les professionnels de la filière et les citoyens », regrette notre interlocuteur. Pour remédier à ce mal, plusieurs séminaires de recherche partenariale seront lancés, pour « se décloisonner et discuter de nos orientations ». Des forums citoyens seront également organisés, sur des thématiques allant de la transition environnementale (réduction des pesticides, irrigation) aux attentes en termes d’amélioration des conditions de travail et de santé, des professionnels de la filière. « L’idée est de mesurer la crédibilité des attentes sociétales, reprend le scientifique. Le goût, la qualité du vin sont-ils des critères qui l’emportent encore sur tout le reste, ou n’est-ce plus le cas ? Comme on ne peut pas tout prendre en compte, il faut se poser ces questions. » A terme, cette chaire contribuera ainsi à faciliter la mise en œuvre de financements, pour « proposer des réponses adaptées aux besoins d’évolution » de la filière.

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