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Vins de Bordeaux : « Nous devons nous adapter aux nouveaux modes de consommation » - Premium

Écosystème
mardi 19 septembre 2023

Stéphane Gabard, viticulteur à Galgon, est réélu à la présidence du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur après un premier mandat 2020-2023. Crédits : Crédits : syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur

Stéphane Gabard, viticulteur à Galgon, vient d’être réélu à la présidence du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur. L’occasion pour lui de faire un point sur la situation des viticulteurs du bordelais, entre la campagne d’arrachage, le mildiou qui a touché la majorité des vignes, et les évolutions plus profondes auxquelles est confrontée la profession.

Votre réélection intervient dans une période compliquée pour le monde de la viticulture. Quelle est la situation, aujourd’hui, pour les vins de Bordeaux et Bordeaux supérieur ?
La situation est compliquée, c’est presque un euphémisme… Les sorties sont plutôt en berne et les prix, plutôt très bas. Beaucoup de viticulteurs pensaient pouvoir libérer des stocks et reconstituer un peu leur trésorerie avec la distillerie d’urgence, malheureusement la problématique ne concerne pas que Bordeaux mais l’ensemble des AOC. Donc les distilleries ont été prises d’assaut… Il y aura un coefficient stabilisateur sur deux campagnes, ce qui crée un peu plus de frustration chez nos viticulteurs. Et puis, on met en place un plan d’arrachage pour réguler le potentiel de production.

Justement, où en est-on de ce plan ? En savez-vous plus quant à sa mise en œuvre concrète ?
On pense ouvrir les candidatures fin septembre-début octobre. Nous avions une dernière validation de la Commission européenne à propos de notre dispositif, et nous sommes en train d’arbitrer les dernières règles, sur la base des retours que nous avons eu via la campagne de pré-inscriptions, clôturée le 17 juillet dernier. C’est sur les rails. Il s’agit non pas d’un dispositif qui a plu, car je pense que ça ne plaît à personne, mais qui répond en tout cas à la problématique de beaucoup d’opérateurs. Plus de 1.000 d’entre eux ont rempli le dossier de préinscription, sur un peu plus de 3.000 viticulteurs adhérents à l’appellation Bordeaux et Bordeaux Supérieur - même si l’arrachage est ouvert à toutes les appellations bordelaises.

Accompagner à la diversification

Comment accompagnez-vous les viticulteurs, sur la diversification de leur production ?
Nos accompagnements se font avec la Safer [ndlr, société d’aménagement foncier et d’établissement rural], pour essayer de voir si on ne peut pas récupérer les meilleurs terroirs par des échanges, des achats pour les viticulteurs qui seraient intéressés. Après, second point, nous sommes en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture et la Région Nouvelle-Aquitaine, qui finance des projets de diversification pour mettre en place de nouvelles cultures - céréales, kiwis, oliviers. On sent une très grande appétence pour la diversification, néanmoins il n’y a pas de recette magique. Aucune culture ne va extrêmement bien actuellement et on doit être prudent, car si toute une filière décidait de se diversifier vers une culture, il ne faudrait pas la mettre en péril par une hausse de la production, d’un coup.

On sait que les vignes ont été durement touchées par le mildiou cette année - 90% selon votre syndicat. Avez-vous une idée des pertes ?
Non, pas encore. C’est compliqué car il y a beaucoup de parcelles touchées, oui, mais plus ou moins fortement. Cette année on avait un gros potentiel de départ, mais il est beaucoup trop tôt pour avoir un référencement chiffré exhaustif.

La bataille de l'export

Quelles sont vos priorités dans les mois à venir ?
La segmentation, travailler de nouveaux produits. Nous devons adapter l’offre de Bordeaux aux nouveaux modes de consommation, ce qui rejoint la communication. Nous devons rebondir, trouver de nouvelles parts de marché, être conquérant… Un groupe de travail a passablement défriché le sujet cette année, pour savoir quels profils de vin proposer, lesquels créer… C’est-à-dire des produits plus sucrés, avec moins d’alcool ? Nous sommes en train de réaliser une expertise, et on espère pouvoir proposer quelques pistes lors de notre prochaine assemblée générale, en février 2024. Je suis convaincu que la crise que l’on traverse n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Il y a une baisse de la consommation en France, elle n’est pas récente mais elle s’est peut-être accentuée avec l’inflation, la crise économique… On parle de l’international, oui c’est peut-être un eldorado mais toutes les appellations de France y vont, sur le marché mondial, l’Australie annonce des stocks titanesques, l’Espagne et le Portugal ont aussi des soucis de surproduction…Donc la bataille à l’export sera elle aussi très compliquée.

C’est-à-dire que les vins de Bordeaux et Bordeaux Supérieur doivent entamer une vraie mutation ?
Mutation, c’est un terme fort… Peut-être une évolution, une adaptation ? On voit bien que les vins s’adaptent, même en AOC. On ne renie pas nos principes, mais le Bordeaux rouge, tanique et concentré, était le grand compagnon des fêtes. Quand il n’y a plus vraiment de grands repas, il faut savoir le boire à d’autres moments.

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