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Tournages en Nouvelle-Aquitaine (2/5) : « Un euro investi, c’est entre 7 et 12 euros pour le territoire »

Écosystème
mardi 04 février 2025

Année après année, de plus en plus de tournages se déroulent en Nouvelle-Aquitaine. Une volonté politique, d’abord, mais aussi un investissement des professionnels sur le terrain. Placéco est allé à la rencontre de plusieurs d’entre eux, pour comprendre le poids de cette filière cinéma, ses forces, mais aussi les enjeux auxquels elle se confronte. Une série à retrouver toute la semaine.

Le film Le règne animal a été soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, et plusieurs scènes ont été tournées sur le territoire. Crédits : Nord Ouest Films

Avec le deuxième fonds de soutien de France, la Région Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires poussent, depuis longtemps, pour développer la filière cinéma et audiovisuelle. Quels sont ses atouts, ses singularités et surtout ses retombées économiques ? Éléments de réponse avec Charline Claveau, vice-présidente du Conseil régional chargée de la culture.

Vous revendiquez environ 330 sociétés de production actives sur notre territoire. A-t-on une idée des retombées économiques ?
D’abord, il faut préciser qu’il y a également 70 sociétés de post-production. Car on parle souvent des films qui se tournent en Nouvelle-Aquitaine, mais il y en a aussi beaucoup qui s’y terminent ! Ensuite, concernant les retombées économiques, on a calculé qu'un euro investi dans une production, c’est entre 7 et 12 euros qui reviennent au territoire. Et ce, pour les œuvres soutenues par notre fonds de soutien et ceux de nos partenaires. Ce qui est intéressant, c’est qu’à partir du moment où l’on aide une production, il y a une obligation que 150% du montant de l’aide revienne au territoire. Cela passe par plusieurs types de dépense, les CHR [ndlr, cafés hôtels restaurants], le catering… Ce vers quoi on pousse, c’est le recours à l’emploi local. Après, notre politique régionale ne se fonde pas que sur l’aspect économique, mais aussi sur la nécessité de maintenir une diversité culturelle des œuvres. Nous soutenons beaucoup de premiers ou de seconds films, dans une période où l’on tend vers une standardisation très forte des contenus.

La diversité de notre région, avec ses 12 départements, est-elle un atout dans la course aux tournages ?
Oui, assurément. Nous avons deux atouts naturels. D’abord notre façade littorale, qui rend les Landes et la Charente-Maritime très attractives. Ensuite, en matière de patrimoine, nous sommes dans l’une des régions les plus riches de France avec plus de 6.600 bâtiments classés, ou inscrits aux monuments historiques. Notamment à Sarlat-la-Canéda, en Dordogne, qui est une ville parfaite pour les films en costumes d’époque. C’est important, car il y a une vraie compétition en France. Dans les régions du Sud, le taux d’ensoleillement est un atout stratégique majeur - notamment pour accueillir des séries quotidiennes comme Plus belle la vie -, et il est difficile de lutter contre ça.

Une compétition qui fait rage

Voyez-vous émerger une particularité, une spécialité dans cette filière cinématographique et audiovisuelle de Nouvelle-Aquitaine ?
Il y a l’animation à Angoulême, c’est certain, les documentaires aussi... En fait, on peut dire que l’une de nos singularités, c’est d’avoir réussi à installer une filière assez diversifiée et complète. Nous avons des auteurs, des sociétés de production, de post-production, d’animation… Là où d’autres régions sont plus spécialisées. Les Hauts-de-France par exemple, sont très offensifs sur les séries. Notre volonté est vraiment de décentraliser les productions cinématographiques et audiovisuelles, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’en France ce n’est pas facile, avec Paris et sa région qui concentrent énormément l'activité. Par exemple, l'une des difficultés auxquelles nous sommes parfois confrontés, c'est un manque de monteurs. Ce n’est pas le métier le plus installé chez nous car il faut être avec le réalisateur quasiment au quotidien, ce qui complique la décentralisation. D’où l’intérêt d’avoir des auteurs en région…

En chiffres :
En 2023, la Nouvelle-Aquitaine a enregistré 1.019 jours de tournage
Le fonds de soutien de la Région, abondé par le Conseil régional, six Départements, Bordeaux Métropole et le CNC, s’élève au global à près de 13 millions d’euros.
Selon une étude de l’Alca, l’agence culturelle régionale, entre 2016 et 2019 le nombre d'emplois de la filière création avait augmenté, en Nouvelle-Aquitaine, de 73%.


Structurer la filière jusqu'aux cinémas

Vous revendiquez la troisième place française en matière de production audiovisuelle et cinématographique. Comment s’articule votre stratégie, pour la conserver voire la consolider ?
On essaye vraiment de marcher sur nos deux jambes. D’un côté, nous avons des objectifs culturels très clairs, c’est pour cela qu’on regarde attentivement le classement des films que l’on soutient dans les festivals, etc. L’an dernier par exemple, deux films ont décroché la palme d’or à Cannes, Anatomie d’une chute et le court-métrage 27. De l’autre côté, il y a les retombées économiques que l’on vient d’évoquer. Il faut arriver à équilibrer les deux, et ce n’est pas si évident car il s’agit forcément de faire des choix dans notre politique de soutien…

Et des choix pour continuer d’attirer des entreprises ?
Oui, même si dans la période passée, nous mettions l’accent sur l’installation d’entreprises, et qu’aujourd’hui on est dans une phase de structuration. On réfléchit pour mieux organiser la filière, faire en sorte que ses différents acteurs se connaissent mieux les uns les autres, et fassent mieux à l’échelle régionale. Finalement, nous sommes surtout là pour consolider l’écosystème, faire en sorte qu’il soit résilient, car les chocs et les crises s’empilent les uns après les autres.

En bout de chaîne de la filière, il y a les cinémas qui sont, paraît-il, particulièrement nombreux dans notre région…
Oui, nous avons l’un des réseaux de cinémas indépendants parmi les plus denses ! N’importe quel néo-aquitain est en moyenne à 14 minutes de l’un d’eux. Nous avons même des cinémas itinérants, dans les zones où il est plus difficile d’en faire fonctionner un en dur. C’est un maillage assez incroyable… Car tous ces établissements portent aussi une attention toute particulière à cette programmation qui reflète la diversité culturelle. C’est un vrai attachement que l’on partage avec les autres collectivités.

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