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Retour à l’emploi : un néo-aquitain sur deux change de domaine d'activité

Écosystème
mardi 28 mars 2023

En Nouvelle-Aquitaine, près de 50% des demandeurs d’emploi qui retrouve un travail le font dans un domaine différent de celui qu’ils recherchaient initialement. Et 10 domaines contrent plus de 90% des postes retrouvés par les demandeurs d’emploi. Au-delà des caractéristiques proprement liées au marché du travail et indépendantes de l’individu, l’étude réalisée par Pôle emploi sur les mobilités entre domaine recherché et domaine retrouvé en Nouvelle-Aquitaine décrit comment les caractéristiques individuelles et contextuelles jouent également sur la mobilité professionnelle.

L’étude que vient de publier Pôle emploi sur les mobilités entre domaine recherché et domaine retrouvé montre à quel point la Nouvelle-Aquitaine n’est pas terre du « shūshinkoyō » (terme japonais désignant l’emploi à vie au sein d’une même entreprise). Certes, selon les données compilées dans ce document, 10 domaines à eux seuls concentrent plus de 90% des emplois retrouvés. En tête, l’hôtellerie-restauration-alimentation (13,8% des emplois retrouvés), le commerce (13,3%) ou encore le domaine du transport, logistique et tourisme (11,9%), soit 39% de cumul pour ce trio. A signaler que si le premier domaine représente une part quasi identique entre hommes et femmes, ce n’est pas le cas pour les deux suivants : le commerce représente 17,6% des emplois retrouvés par les femmes (contre 9% pour les hommes) et, à l’inverse, le domaine du transport, logistique et tourisme est davantage pourvu par les hommes (17,6% des emplois retrouvés) que par les femmes (6,2%).

Domaine différent presque une fois sur deux

Un tiers des demandeurs d’emploi (33%) ayant retrouvé un emploi exerce le même métier que celui principalement recherché et plus de 18% un métier différent mais dans le même domaine, constate ensuite Pôle emploi. Corollaire : le domaine diffère de celui initialement recherché pour près de la moitié des emplois retrouvés (48,6%) ! Dans le détail, les plus grandes concordances entre domaines recherché et retrouvé se situent dans l’hôtellerie-restauration (67,9% de correspondance), de l’agriculture-marine-pêche (65,5%) et enfin du BTP (59,9%). Et à l’inverse, les plus importantes discordances/mobilités sont constatées par Pôle emploi dans les domaines de l’artisanat (9,9%), chez les ingénieurs/cadres de l’industrie (15,3%) et dans les études/recherches (16,7%). « Ces mobilités sont facilités par la transversalité des compétences requises et par leur transférabilité d’un métier à l’autre, est-il expliqué, certains métiers nécessitent en effet de maîtrise certains savoir-être et savoir-faire communs, ce qui facilite les flux de mobilité professionnelle entre eux » commente l’étude à ce sujet. Globalement, au delà de chercher le même emploi ailleurs, la question se pose donc en termes de recensement des compétences et de leur transférabilité d’un métier à un autre.

Les caractéristiques individuelles et contextuelles des demandeurs d’emploi

Concernant l’âge, les plus jeunes changent davantage de métier et de domaine professionnel : 52,9% des moins de 25% retrouvent un métier dans un domaine différent de celui recherché initialement, contre 43,7% des 50% et plus. Toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de retrouver un métier différent de celui recherché augmente de 24,5% si le demandeur d’emploi est âgé de moins de 25% plutôt que de 35-49 ans, et diminue de 20,1% cette même probabilité s’il est âgé de 50 ans ou plus. Principaux facteurs selon Pôle emploi : plus l’âge augmente et moins de demandeur d’emploi est mobile car il fait face à davantage de contraintes personnelles et familiales. De la même manière, cette même probabilité augmente de 2,7% si le demandeur d’emploi est un homme plutôt qu’une femme, ou encore d’1,6% si le demandeur d’emploi a obtenu un CAP/BEP plutôt qu’un niveau Bac. Les moins diplômés retrouvent davantage un métier similaire à celui recherche que les autres : 35,2% des demandeurs d’emploi de niveau CAP/BEP, contre 29,4% pour les Bac+5 et plus.

Les zones rurales et l’Est de la Nouvelle-Aquitaine

Les caractéristiques géographiques de demandeurs d’emploi importent également, analyse Pôle emploi. La probabilité de mobilité inter-domaines est ainsi diminuée de 3,5% si le demandeur d’emploi réside en Gironde comparativement à un autre département de la région. Plus précisément, il existe d’importantes disparités géographiques : les départements du Nord-Est ainsi que les Deux-Sèvres sont ceux où l’on observe les mobilités les plus importantes entre domaine recherché et retrouvé. A l’inverse, c’est en Charente-Maritime, en Gironde ou dans le Lot-et-Garonne que se constatent les taux les plus faibles.

Métiers en tension, peu de mobilité

La mobilité dépend aussi directement des possibilités d’emploi sur le marché du travail. A cet égard, l’indicateur de tension d’un métier constitue une mesure très éclairante et, en toute logique, les demandeurs d’emploi à la recherche d’un métier en tension sont en proportion bien plus à retrouver un emploi dans le même métier que les autres. En 2019, dans le domaine « ingénieurs et cadres de l’industrie », 96,4% des métiers font face à de grandes difficultés de recrutement niveau de tension maximal), 89,6% pour les métiers et secteurs du BTP et près de 85% pour ceux de l’informatique-télécommunications mais aussi ceux de la mécanique et du travail des métaux. Au sein d’un même domaine, il existe de grandes disparités selon les métiers. Dans le secteur du BTP, les métiers de cadre font face à des difficultés de recrutement bien moins importantes (52,4%) que ceux pour les ouvriers qualifiés et non qualifiés, les conducteurs d’engins ou les techniciens et agents de maîtrise, avec une tension située entre 85 et 100% pour ces derniers.

Le plan de mobilisation des viviers sectoriels
Le 14 octobre dernier, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a officiellement lancé le plan de mobilisation « viviers sectoriels » qui est mis en place par Pôle emploi. L’objectif ? Aider les demandeurs d’emploi dans 3 secteurs prioritaires à retrouver un poste plus rapidement. D’après l’enquête sur les Conditions de travail menée en 2019, les employeurs attribuent les difficultés de recrutement à plusieurs raisons comme la pénurie de personnel qualifié, un salaire insuffisamment attractif ou encore des conditions de travail jugées difficiles, ce dernier critères étant particulièrement sensible. Hôtellerie-restauration, santé-social et transports sont les 3 secteurs concernés, pour un total de 23 métiers confrontés à des difficultés récurrentes. Afin de faire correspondre au mieux offre et demande, Pôle emploi constitue, au sein de chaque agence, un vivier de demandeurs d’emploi employables et disponibles immédiatement ou à court terme pour répondre à ces besoins de recrutement, à travers un ciblage et un accompagnement spécifiques.


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