Jean-Louis Rodrigues : « créer de la valeur dans un environnement incertain » - Premium

Dans l'enceinte du Belambra de Seignosse, l'Eurosima Surf Summit a réuni les acteurs de la filière glisse les 25 et 26 septembre derniers. L’événement a confirmé l’importance croissante de l’innovation et de l’IA pour le secteur. Mais derrière cette dynamique, la filière reste confrontée à un contexte économique complexe, entre incertitudes géopolitiques et défis logistiques. Jean-Louis Rodrigues, président de l’Eurosima, est revenu pour Placéco sur les enseignements du Surf Summit et les perspectives à venir.Quels étaient les grands enjeux de cette édition 2025 ?Cette année, nous avions, comme chaque année d’ailleurs, l’envie de nous améliorer encore par rapport à l’année précédente et d’avoir des sujets qui collent à l’actualité. L’idée est aussi de répondre aux questions et aux besoins de nos adhérents. Nous avons ainsi réuni plus de 450 personnes, ce qui est un record pour nous, autour de quatre grandes thématiques : l’identité de marque, la communauté et la culture, l’éco- responsabilité et bien sûr l’innovation et la tech. Aujourd’hui, notre filière repose sur un besoin d’innover toujours plus, et pour cause. Nous ne sommes pas là pour vendre un prix, mais pour vendre une passion, des technologies et des avantages produits. L’évolution est très rapide, notamment grâce à l’intelligence artificielle, et notre rôle est de créer de la valeur à travers cette innovation . « Utiliser l’IA en préservant la valeur humaine » Justement, quelle place prend l’IA dans la filière glisse aujourd’hui ?L’IA est devenue incontournable. Plus de 80% de nos adhérents l’utilisent déjà, que ce soit pour analyser des données, automatiser des tâches de communication, produire des contenus ou encore optimiser leurs campagnes. Mais il est essentiel de ne pas tomber dans un usage automatique et simpliste. Nous insistons beaucoup sur la formation. D’ailleurs, certains grands groupes ont ainsi été formés, notamment au niveau de leur comité de direction, pour ensuite créer une culture d’entreprise en lien avec cette thématique et former à leur tour leurs salariés. L’IA est une technologie évolutive qui bouleverse nos métiers, ce qui était vrai il y a un an voire quelques mois est déjà obsolète, mais elle doit être utilisée intelligemment et de façon complémentaire. Notre volonté est vraiment de préserver la valeur humaine et de faire de cette technologie un outil qui aide nos adhérents.Outre cette avancée technologique, comment se porte le marché ? Nous sommes dans un contexte d’incertitudes politiques, économiques et géopolitiques, nous le savons tous. La guerre en Ukraine a fortement perturbé la logistique. Et pour cause. La majorité des marchandises qui sont fabriquées pour notre filière sont en Asie du Sud-Est, et aujourd’hui, du fait de cette réalité, les bateaux passent plutôt par l'Afrique du Sud. Ce qui ralentit les livraisons. L’augmentation des taxes douanières aux États-Unis complique aussi l’export. Certains de nos adhérents, qui voulaient aborder le marché américain notamment, ont mis leurs opérations en standby. Ils n’ont pas abandonné mais pour l’instant ils sont à l’arrêt sur ce volet. Et puis, dernier point, au niveau du comportement des clients : les ménages font beaucoup plus attention à leurs dépenses. Certains décalent leurs paiements et les tickets moyens baissent. C’est ce que beaucoup constatent. Cela dit, nous avons eu un bel été : la fréquentation des écoles de surf est restée dynamique par exemple : dans les Landes, nous avons enregistré une hausse d’environ 5% par rapport à 2024, qui était déjà une année record. Nous comptons aujourd’hui 215 adhérents, et la filière représente 4.000 emplois directs dans la région, pour un chiffre d’affaires global de plus de 2 milliards d’euros. De fait, je dirais qu’il n’y a pas d’alerte, la situation n’est pas catastrophique. Mais il faut que nous restions réalistes et attentifs. Soutenir les projets à l'internationalLe prix de l’innovation a cette année récompensé l’entreprise Newave Surfboards. Pourquoi ce choix ?Effectivement, c’est la startup vendéenne Newave Surfboards qui a été distinguée. Ils ont conçu un système de fixation qui permet de monter et démonter une planche de surf en quelques secondes et sans outils. Le but : pouvoir les transporter plus facilement, dans un sac à dos notamment. C’est une vraie avancée, qui répond à un problème rencontré par beaucoup de surfeurs : emmener sa planche partout et surtout, sans craindre qu’elle soit abîmée. Aujourd’hui, leur ambition est claire : ils commencent à se faire connaître en France et ils veulent s’implanter à l’international. Ils sont d’ailleurs en train d’attaquer le marché américain, et l’un des fondateurs m’a demandé un coup de main pour trouver un distributeur sur place. C’est exactement le type de projet que nous voulons soutenir, malgré le contexte : des jeunes entreprises innovantes qui veulent faire rayonner la glisse.Quels sont les projets de l’Eurosima pour les mois à venir ?Nous allons continuer de renforcer nos actions, avec notamment une présence au salon ISPO de Munich en fin d’année. Nous allons aussi participer, pour la troisième édition, au Congrès International du Tourisme Sportif, qui se tient à Pau, car il y a un lien fort entre notre filière et l’attractivité des territoires. Et puis, nous travaillons déjà sur l’édition 2026 du Surf Summit. L’objectif est de continuer à améliorer nos contenus, d’apporter des intervenants toujours plus pertinents et de rester complémentaires pour répondre aux besoins de nos adhérents. Il y a quelques années, nous n’avions qu’une cinquantaine de personnes qui venaient assister au Surf Summit. Au départ, certains étaient septiques quant à cet évènement. Aujourd’hui les professionnels du secteur nous appellent pour intervenir et la fréquentation ne cesse d’augmenter. Et ça c’est une réussite.

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