François Bayrou : Rives du Gave, un projet « absolument unique » - Premium

Le projet Rives du Gave est un projet que vous portez personnellement au sein de l’agglomération paloise. Pourquoi ?C’est un projet exceptionnel parce qu’il réunit une série d’éléments qui n’existent dans aucune autre ville de ma connaissance. Nous avons un espace foncier, constructible, en plein centre-ville, en bas du boulevard des Pyrénées, qui est actuellement une friche industrielle de plusieurs hectares et d’avantage. Un espace que personne ne connaît, dont personne ne soupçonne l’existence. Et cela précisément au moment où le ZAN va s’appliquer. C’est une réserve de développement immobilier qui est absolument unique en son genre et qui a la caractéristique unique de pouvoir présenter à la fois une vue inédite sur la chaîne des Pyrénées, et une vue inédite sur le fronton de la ville, le Boulevard des Pyrénées. Tout cela à proximité immédiate de la gare et du stade d’eaux-vives. C’est donc un espace absolument unique. Cet espace-là était, quand nous avons été élus, complètement à l’abandon. Il était éclaté entre des propriétés foncières multiples et sans projet, et que nous avons pu, en travaillant beaucoup, notamment avec mon adjoint Jean-Paul Brin hélas aujourd’hui disparu, racheter parcelle par parcelle, et nous avons le projet d’achever la prise de contrôle complète de ce foncier pour la collectivité.Le puzzle foncier, « presque réuni »Où en est-on, aujourd’hui, de la reconstitution de ce puzzle foncier ?Il est aujourd’hui presque réuni. Il reste une propriété industrielle, la friche Dehousse, appartenant notamment à FreinRail, qui est une immense usine totalement en ruines. Pour le reste, c’est désormais presque entièrement réuni. Sur cet ensemble, nous avons lancé une consultation d’architecture, d’urbanisation et de paysage pour voir ce qu’il était imaginable de faire, et le groupement retenu y travaille depuis maintenant un an. Nous avons, pas plus tard que vendredi, échangé sur le projet avec les élus de la ville et de l’agglomération et le premier lot à bâtir est lancé.En février dernier, le premier appel à projets avait été ouvert pour rechercher un promoteur à ce premier lot. Vous espériez trouver ce promoteur à la rentrée de septembre. Est-ce le cas ? Tout le monde disait « Ça n'intéressera personne »… Finalement, il y a eu neuf candidatures de promoteurs, parmi les plus importants et les plus respectés ! Nous en sommes à la phase de sélection des trois candidats qui vont être mis en concurrence dans le cadre de la négociation à venir.À lire également - Nicolas Patriarche : « Aujourd'hui, nous sommes soumis à des exigences contradictoires »L’agglomération de Pau a l’intention de prendre la main sur l’ensemble du foncier de façon à maîtriser l’ensemble du processus. Il y aura ensuite au fur et à mesure de la réalisation de ces projets un transfert de ce foncier vers le parc privé ? Oui. On vient de lancer à la fois une ZAC [Zone d'aménagement concerté, ndlr] et une DUP [Déclaration d'intérêt public], en vue d’un programme éventuel, s’il le fallait, d’expropriations, de manière à pouvoir aller au terme de ce projet, qui se présente de la manière suivante : on va retrouver les rives de l’Ousse, qui vont être réhabilitées et transformées en jardin. Pau possède deux rivières, mais ne les voit jamais. Quand on a créé le chemin de fer en 1860, la ville a été coupée du Gave, et là, on va le retrouver. Ensuite, va être tracée une immense et superbe perspective, qui va des rives de l’Ousse jusqu’au stade d’Eaux-vives, avec une idée directrice : je veux que la totalité des usages soient mixtes, qu’il y ait à la fois des bureaux, des commerces, du logement, et des services.N’est-ce pas aussi une nécessité pour une zone qui est séparée physiquement du centre-ville actuel par deux rivières et une falaise ? Comment la relier au reste de la ville ? En effet, la liaison est importante. Mais je vous rappelle que le Fébus, notre ligne de transport en commun à hydrogène, passe par là, et ira jusqu’au centre-ville. Mais il y aura une liaison physique : il y a déjà les ascenseurs existants, il y a le funiculaire, la voie piétonne, et nous construirons également un nouvel ascenseur.Une exigence écologique basée sur la géothermieCe projet est-il adossé à des projections de croissance démographique pour Pau ? Construire un aussi grand nouveau quartier suppose que la ville attire de nouveaux habitants. Avant mon élection, Pau perdait mille habitants par an depuis dix ans. Ç'a été un effort considérable pour faire redécoller la ville. Nous sommes arrivés au bout de deux ans, trois ans, à stabiliser la population. Et cette année, nous avons gagné 1.500 habitants. Ça se traduit en termes de scolarisation : alors que la scolarisation recule partout, à Pau nous avons gagné 140 élèves cette année dans le public, sans parler du privé dont je ne pense pas qu’il soit en retard.Architecturalement, le projet affiche une identité assez forte… Nous avons un haut niveau d’exigence sur la cohérence architecturale. Moi, ce qui me désole dans les quartiers nouveaux des villes, c’est l’hétérogénéité, qui fait que des bâtiments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres se trouvent placés les uns à côté des autres au point de perdre toute cohérence esthétique et même fonctionnelle. Nous avons un cahier des charges très précis sur la qualité des bâtiments, par exemple, l’utilisation de la pierre, de l’ardoise, le fait que les voitures doivent trouver leur place non pas dans l’espace public mais à l’intérieur des bâtiments, le tout sans creuser de souterrains car c’est une zone inondable. Nous aurons aussi une haute exigence environnementale, notamment par l’utilisation de la géothermie dont je suis, avec le Plan, l’un des promoteurs en France.À lire également - Ecorénovation : la Ville de Pau veut faire monter en compétences les entreprises localesQui sont les gens que vous souhaitez voir s’installer dans ce nouveau quartier ? Il y aura des logements sociaux et des logements plus haut de gamme. Pour moi, cette mixité est très importante. On va pouvoir avoir toutes les strates de la société. Je tiens beaucoup à avoir en particulier des familles et des jeunes. Avez-vous défini, sinon une enveloppe précise, du moins une projection budgétaire pour ce projet ? Un quartier comme cela se définit par la qualité des espaces publics. Et la qualité des espaces publics, c’est nous, la collectivité, qui la garantissons.

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