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En Gironde, EDF entre Grand Carénage et tensions sur les prix

Écosystème
mardi 24 janvier 2023

Grâce aux centrales nucléaires de Blaye (33) et de Civaux (86), 97% de l'énergie produite en Nouvelle-Aquitaine est bas carbone. Crédit : EDF

Ce matin, EDF présentait son bilan 2022 dans la région ainsi que ses perspectives 2023, qui s’inscrivent notamment dans le cadre d’un objectif global de neutralité carbone d’ici 2050.

Un des grands enjeux de l’année écoulée aura sans conteste été la crise des prix, « qui ont atteint un niveau stratosphérique avec plus de 1.100 euros le mégawatt en août, avant de redescendre à 500-600 euros cet automne et d’atterrir fin 2022 vers 200 euros », expose d’emblée Olivier Roland, directeur Commerce Sud-Ouest. 70% des clients particuliers sont au tarif réglementé : ils ont ainsi vu les prix augmenter de 4% l’an passé, avant une nouvelle hausse de 15% en février prochain, « alors que la Commission de régulation de l’énergie proposait une augmentation de 100%, avant arbitrage de l’Etat ». Et de souligner que « nous sommes au tiers du prix de nos voisins européens, à l’exception de l’Espagne ».

Les prix ont en revanche été très élevés pour les entreprises, qui ne bénéficient pas du tarif réglementé et sont soumises aux règles du marché. Les concernant, pour EDF la logique est double : trouver avec eux le meilleur contrat et leur apprendre à consommer moins et mieux. « Cela suppose énormément de pédagogie, de webinaires, de réunions, notamment avec les fédérations professionnelles ». Certains clients professionnels (une centaine en France) ont accepté de s’engager sur des « contrats d’effacement » supposant qu’ils puissent couper leur production pendant quelques heures à la demande d’EDF pour soulager le réseau en période de pic. Plus globalement, les différents mécanismes (aides de l’Etat, règles de marché…) auront été extrêmement coûteux pour le groupe, qui aura connu « une année 2022 noire à cet égard ». Et de conclure qu’« un des enjeux de 2023 sera de revoir au niveau européen les mécanismes de fixation des prix ».

Grand Carénage, travaux pharaoniques

Un des autres grands sujets de l’année passée aura été la poursuite des opérations liées au Grand Carénage de la centrale nucléaire du Blayais. Sa directrice, Charlotte Maes, pose le cadre : « EDF passe pour 76 millions de marchés avec les entreprises de la Gironde, c’est plus de 300 millions d'euros de contrats supplémentaires sur la durée du Grand Carénage », qui suppose 600 embauches supplémentaires pour EDF et ses partenaires, en plus des 700 prestataires permanents à la centrale. Dans ce cadre, la première des 4 tranches de la centrale (mises en service au début des années 80) est actuellement concernée. 2022 aura notamment permis la mise en place d’un récupérateur de corium (dans une chambre d’étalement dont le plancher constitué d’une épaisse couche de béton et d’acier refroidi pour retenir le corium issu de la fusion accidentelle d’un réacteur nucléaire), mais aussi de creuser un puits de 200 mètres pour assurer encore mieux, en cas de soucis majeur, l’approvisionnement en eau. Plus globalement, la digue ceignant l’ensemble de la centrale a été rehaussée, « un chantier pharaonique », passant de 8 à 8,5 mètres.

2023 : projets à dévoiler et agrivoltaïsme

Concernant les énergies renouvelables, la Nouvelle-Aquitaine est la première de France sur le photovoltaïque, expose Thibault Veyssière, directeur zone Ouest d’EDF Renouvelables. Pour accélérer la dynamique, une agence de développement a été ouverte sur Bordeaux en 2022 et, sur la Nouvelle-Aquitaine, EDF annonce en développement 350 MW en éolien (17 projets), 900 MW en photovoltaïque (50 projets) et 60 MW sur du stockage (1 projet). « 2023 sera l’année de l’accélération de l’agrivoltaïsme », met-il aussi en avant, sur la base des premiers résultats de l’expérimentation Vitisolar qui sera lancée au printemps sur le site Inrae à Villenave d’Ornon et fera coexister vignes et ombrières photovoltaïques. Le mantra global ? « Que ça apporte un service à la production agricole ».

Concernant les perspectives d’EDF, 2023 verra notamment le renouvellement de la convention avec la Région Nouvelle-Aquitaine pour l’accélération de la transition énergétique. Outre la poursuite des opérations de Grand Carénage, deux annonces sont à venir. L’une, en février ou mars, concerne un ancien site industriel girondin, pour lequel EDF est lauréat d’un appel à manifestation d’intérêt qui se traduira par la mise en œuvre de 50 MW photovoltaïques. La demande de permis de construire sera bientôt déposée. L’autre, sous l’égide de la filiale Dalkia, porte sur un marché de niche. « Nous allons réaliser un datacenter en Gironde », annonce Gabriel Petit, directeur de l’agence commerciale Dalkia Aquitaine. Si le lieu, sur la métropole bordelaise, est pour l’heure tenu secret, il indique que la chaleur fatale de cet équipement de 500m² permettra d’alimenter d’autres activités : serres urbaines, process industriels, coworking… « C’est quasi signé », confirme-t-il.

EPR2 : le monde économique mobilisé

Si les travaux exécutés dans le cadre du Grand Carénage vont prolonger au-delà des 40 ans la durée de vie de la centrale nucléaire du Blayais, celle-ci ne sera pas non plus éternelle et la question de l'après se pose. Avec une acuité encore plus intense depuis la publication d'une étude Insee à l'automne dernier, qui soulignait le poids de cet équipement sur l'environnement économique départemental. L'Etat prévoit la mise en place, à moyen terme, de 14 réacteurs de type EPR2 sur le territoire national. Si, pour 6 d'entre eux, les localisations sont d'ores et déjà choisies, le jeu reste ouvert pour les 8 autres. Et les ambitions s'affirment. Si la candidature du site girondin est partie avec une longueur de retard, le monde économique local s'est mobilisé, avec efficacité semble-t-il : « on n'a jamais vu ça », confie Martin Leÿs, directeur de l'Action Régionale EDF Nouvelle-Aquitaine.

Résultat, Blaye est de nouveau dans la course et peut notamment faire valoir ses atouts. A commencer par « le foncier disponible » avance Charlotte Maes, mais aussi la proximité immédiate de l'estuaire de la Gironde et sa précieuse et abondante ressource en eau, ainsi que l'ensemble des réseaux existants pour distribuer l'électricité, argument auquel RTE pourrait être sensible. En novembre dernier, la CCI Bordeaux-Gironde rappelait que l’installation de 2 réacteurs de type EPR 2 sur le site permettrait « de préserver notre attractivité économique et sociale. Les taxes et redevances aux collectivités territoriales représentent plus de 70 millions d'euros de ressources financières annuelles. Et environ 100 millions d’euros d’achats de prestations sont réalisés chaque année, dont 30% en Gironde ».

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