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Bordeaux inaugure la deuxième Maison des livreurs de France

Écosystème
mercredi 22 février 2023

Harmonie Lecerf-Meunier, adjointe au maire, Morgan Garcia, coordinateur de Médecins du Monde, Khalifa Koeta, vice-président de l'association Amal, et Circé Liénart, de Coopcycle, devant la Maison des livreurs. Crédits : MB

Depuis janvier, la Maison des livreurs a ouvert ses portes à Bordeaux. Un espace spécifiquement dédié à une population de travailleurs majoritairement précaires. Outre des permanences sociales et médicales assurées par Médecins du Monde, une aide à la formation et à la réorientation professionnelle pourrait, à terme, être mise en place.

Derrière la place Meunier à Bordeaux, entre le quartier Saint-Michel et la gare Saint-Jean, une Maison des livreurs à vélo vient d'être inaugurée. Cet espace, qui a ouvert ses portes en janvier, est le deuxième de ce genre en France après Paris. Il a été originellement porté par Arthur Hay, ancien secrétaire général du premier syndicat de France des coursiers à vélo. « Durant la dernière campagne municipale, nous en sommes venus à discuter, avec l’équipe de Pierre Hurmic, des moyens d’actions d’un pouvoir local comme la mairie. Et en l'occurrence, nous avons imaginé la création d’un lieu ressource, pouvant répondre à la plupart des besoins des livreurs à vélo », explique celui qui se définit aujourd’hui, sur le ton de l'humour, comme un retraité de la livraison.

À Bordeaux, la Ville dénombre entre 2.000 et 3.000 auto-entrepreneurs à vélo. Mais selon Médecins du Monde, qui a extrait les données SIREN de ces derniers, un livreur sur trois s’est immatriculé en renseignant l’adresse du Centre communal d’action sociale (CCAS), de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) ou de résidences sociales. « On sait qu’ils sont nombreux à vivre dans des squats. Cela signifie qu’avant même d’entrer dans l’emploi, ces travailleurs sont déjà précaires », note Jonathan L’Utile Chevallier, chargé de projet travailleurs précarisés à Médecins du monde. La structure est aujourd’hui l’un des partenaires de la Maison des coursiers, et y tiendra des permanences sociales (ouverture de droits, aide aux démarches administratives) et médicales. « Nous nous sommes associés au projet car depuis 2011, Médecins du monde a un programme sur Bordeaux et sa périphérie baptisé Squat et bidonville, reprend Jonathan L’Utile Chevallier. Nous avons remarqué que beaucoup de travailleurs précaires étaient dans les vignes du Médoc et du Libournais, mais aussi, donc, à Bordeaux en tant que livreur… D’ailleurs, un sur trois n’a pas accès à une couverture santé. »

Aider à la réorientation professionnelle

Si ce premier local n’est que temporaire, la municipalité affirme vouloir le rendre pérenne, ailleurs dans Bordeaux. L’association Amal (association de mobilisation et d’accompagnement des livreurs), qui a contribué à l’ouverture de l’espace, en a la gestion quotidienne. « Je suis très content, c’est un soulagement de voir des livreur qui ne sont plus assis dans la rue », se réjouit Khalifa Koeta, vice-président de l'association. Celui qui a été livreur à vélo durant deux ans, se consacre aujourd’hui entièrement à ce projet. « Ce qu’on demande le plus, c’est que l’on nous respecte - que ce soit les restaurateurs, la population, les automobilistes. J’espère également que l’on pourra donner des cours aux livreurs adhérents de notre association, pour qu’ils puissent maîtriser le code de la route. »

À plus long terme, livreurs et partenaires espèrent surtout pouvoir dispenser d’autres formations à ces travailleurs précaires. Même si Khalifa Koeta précise qu’il « est encore trop tôt », il imagine des permanences pour aider les travailleurs à se réorienter. « La livraison, c’est temporaire car on n’a souvent pas d’autre solution. Mais il faut aller de l’avant », souligne-t-il. Un avis partagé par Circé Liénart, de la fédération Coopcycle, en charge de la gestion générale de la structure : « Nous sommes une fédération nationale de coopératives à vélos, donc naturellement, nous créons du lien pour l’insertion professionnelle et surtout salariée. C’est ce que nous essayerons de faire ici, à Bordeaux. » Selon une étude réalisée par le cabinet 6T à Paris, auprès de 500 livreurs à vélos, 80% d’entre eux gagnent aujourd’hui moins que le SMIC. Pour les 20% dépassant la barre des 1.353 euros mensuels, il faut souvent travailler près de 200 heures par mois, pour arriver à s’en sortir.

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